Hommage à leur ancêtre
Les Lucs-sur-Boulogne. Trois présidents d’associations historiques se sont trouvés un ancêtre commun
Trois présidents d’associations de patrimoine ont découvert par hasard, qu’ils descendaient d’un même ancêtre, René Pogu, dont une partie de la famille a été massacrée en 1794 par les colonnes infernales. Une trouvaille insolite qui fait d’eux des « cousins éloignés ». Ensemble, ils ont décidé de lui rendre hommage.
Patrick Gervier, président d’Hisla Ad Marchas, à L’Île d’Olonne, Jean-Bernard Piveteau, de l’association Lucus, et Dominique Chabot, président de Beaufou Patrimoine, devant la chapelle du Petit Luc.
« On n’aurait jamais imaginé avoir tous les trois le même ancêtre, et encore moins soupçonné de qui il s’agissait », confie Jean-Bernard Piveteau, de l’association Lucus, depuis 1998
« On connaissait l’histoire des colonnes infernales, depuis notre enfance. Mais on ignorait qu’on était finalement tous les trois directement concernés », ajoutent Patrick Gervier, président d’Hisla ad Marchas, à L’Île d’Olonne, et Dominique Chabot, président de Beaufou Patrimoine.
Tout commence fin 2022, lorsque ces passionnés d’histoire se donnent rendez-vous à la chapelle du Petit Luc, pour une simple visite. Le début, ils ne le savent pas encore, d’un étrange voyage dans le temps.
« En 2020, j’ai entamé des recherches généalogiques sur ma famille. Je suis remonté jusqu’à 1670 », précise Patrick Gervier. « En échangeant, on s’est demandé si on ne descendait pas de la même branche. On a vérifié, et la réponse était oui », résume Jean-Bernard Piveteau.
Le « dénominateur commun » est un certain René Pogu, né en 1771 et décédé en 1848. En 1794, le père de ce Vendéen, un cultivateur de 51 ans également prénommé René, vit avec sa famille, à Mormaison.
Mais le 28 février, le général Cordellier, chef d’une colonne infernale, s’élance avec ses hommes, en direction du Grand et du Petit Luc. « La troupe campait sur un plateau de la paroisse de Mormaison. On peut penser que René Pogu père a pressenti un danger », raconte Jean-Bernard Piveteau.
Le paysan décide d’envoyer sa femme et l’une de ses filles en sécurité à la ferme de La Pellerinière du Grand Luc, dans la famille de son frère. Et de garder près de lui son fils René, 23 ans, et deux autres filles.
Un choix terrible. Car La Pellerinière se trouve sur la route des colonnes. « Tous les habitants ont été tués, soit dix membres de la famille Pogu, ainsi qu’une autre famille, les Delommeau ».
Les noms des défunts figurent parmi ceux des 564 victimes, massacrées les 28 février et 1er mars 1794 sur la commune des Lucs-sur-Boulogne, gravés sur les 22 tables mémoriales de la chapelle du Petit Luc.
Engagé comme soldat dans les armées vendéennes, René père décédera en 1798. Rescapé par miracle, René fils s’éteindra en 1848, à Mormaison. « Aujourd’hui, il doit avoir des centaines de descendants, que nous pourrions croiser sans le savoir, dans la rue ».
Une découverte qui fait des trois présidents des « cousins éloignés », et qu’ils ont choisi de partager, pour rendre hommage à leur façon aux disparus et à toutes les victimes du massacre. « Ils le méritent. C’était des pauvres gens, qui se sont trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment. Il ne faut pas les oublier ».
Elisabeth Petit Ouest France 28 février 2023
La dernière nuit de Charette
La dernière nuit de Charette en tant que "homme libre"
Récit de Monsieur Pierre Parois le 23 mars 1996 à la Pellerinière des Lucs, organisée par l'organisation Lucus avec le concours de Monsieur Marie, le propriétaire de La Pellerinière, Monsieur Gaillard président de l'association Lucus, Monsieur Dominique Rousseau, créateur de la stèle du souvenir avec Monsieur Claude Bossard.
Sont présents: MM de Charette et sa fille, Paul Bazin maire des Lucs, le curé des Lucs Raymond Gilbert, l'abbé Chantreau Président des Amis de Legé, le docteur Suard du Comité nantais de "célébration Charette 96", les "beucquots d'aux Lucs", groupe de danse vendéenne.
Le lieu de départ des évènements :
A la limite des Lucs et de Mormaison, proche de la rivière "la Boulogne" et du ruisseau "la rue" , la Pélerinière (ou Pellerinière) était un petit hameau isolé dont l'origine du nom viendrait de l'exploitation du lin : "Prélinière" venant de "pré au lin" puis Pélerinière.
En 1794, la première métairie de la Pellerinière était louée par Jean Pogu avec son épouse Marie Minaud, leurs quatre enfants et sa belle soeur Jeanne Minaud. Son frère René Pogu de Mormaison y avait laissé sa femme, Marie Mandin, pensant qu'elle serait en sécurité. Ils furent tous massacrés le 28 février 1794 : Jean Pogu, Marie Minaud son épouse, leurs enfants Marie, Magdelaine, Jean (5 ans), Pierre (22 mois), Marie Mandin, la femme de René et leur fille Marie (20 ans). Un autre frère de Jean Pogu, Pierre fut tué le même jour ainsi que sa femme Jeanne Minaud et leur fille Jeanne.
René Pogu, resté à Mormaison a survécu; son fils René, resté avec lui, aura une nombreuse descendance dont plusieurs familles des Lucs et de Mormaison à l'origine du travail de généalogie de la famille que nous remercions. Descendants également en ligne directe de René, nous trouvons MM Dominique Chabot, président de Beaufou Patrimoine et Jean-Bernard Piveteau, président de l'association Lucus des Lucs-sur-Boulogne.
L'autre métairie avait été donnée en métayage à Nicolas Delomeau en 1782 puis à sa mort en 1787 à son frère Jean Delomeau, sa femme Marie Guilbaud et leurs deux enfants ainsi qu'à Jeanne Guilbaud, veuve de Pierre Delomeau. Le 28 février 1794, les deux enfants de Jean Delomeau, Jeanne Guilbaud et trois de ses quatre enfants furent massacrés. Jean Delomeau, n'étant plus en état de continuer son travail, fit appel à son beau-frère Jean Fétiveau, époux de Marguerite Delomeau et leurs cinq enfants. Leurs descendances, comme les Pogu, sont nombreuses aux Lucs.
Ces épouvantables tragédies familiales comme tant d'autres aux Lucs et dans les paroisses de Vendée peuvent-elles nous laisser imaginer dans quelle détresse et chagrin insurmontables devaient se trouver les survivants ?
La situation en mars 1796
Charette est poursuivi par quatre colonnes républicaines qui tentent de l'encercler du côté de Rocheservière. Le 22 mars au soir, il leur échappe et arrive à la nuit tombante à la Pellerinière avec 35 hommes. Ils sont trempés car il pleut abondamment. Ils sont tous reçus par Jean Delomeau. Ils se sèchent à la cheminée, mangent un peu et se préparent à se coucher. Charette poste des sentinelles afin de surveiller le nord, côté les Gâts (au-dessus du côteau) vers Rocheservière et le sud, côté la Davière vers les Lucs.
Après une nuit très calme, vers 7h30 du matin, la sentinelle des Gâts signale une troupe venant de Rocheservière. Il faut repartir très rapidement mais pas vers les Lucs, c'est trop risqué et ils sont à découvert. Impossible de passer par le moulin de Gâtebourse sur la Boulogne car la rivière déborde. Charette a alors une idée: il va longer la Boulogne en partant vers les Gâts dans le bas du côteau. Les Bleus, eux arrivent au sommet du côteau et avec la végétation, ne distinguent pas ces 35 hommes qui se faufilent discrètement.
Arrivés assez rapidement à un passage à gué peu profond (une planche), Charette et sa troupe s'engagent non pas dans la Boulogne mais dans un ruisseau appelé "la Rue" qui indique la limite de Mormaison et des Lucs. Ils vont ainsi marcher tant bien que mal dans le lit du ruisseau pendant environ 900 mètres et toujours dissimulés. Ils décident de sortir du ruisseau et remonter vers le hameau de la Gélussière.
De la Gélussière, Charette et sa troupe se dirigent vers l'est sur environ 500 mètres puis redescendent dans le vallée de la Rue.
La météorite des Lucs
"Faits Divers du Département" -
Le vendredi 5 de ce mois de novembre 1841, un globe de feu d'une clarté éblouissante et accompagné d'une forte détonation, a été vu traversant l'espace à grande vitesse dans les environs de Bourbon-Vendée (La Roche-sur-Yon). Le bruit s'est aussitôt répandu qu'un événement extraordinaire avait eu lieu dans le pays, et on a même dit que l'île d'Yeu avait été engloutie. On a appris depuis que le météore vu dans les environs de Bourbon avait été remarqué sur plusieurs autres points de la contrée, et notamment à Rocheservière, où il a été suivi de la chute d'une pierre qui est tombée près de plusieurs cultivateurs effrayés, dans un champ du village de St-Christophe (St Christophe-La Charteuse), en y faisant une excavation d'environ douze à quinze centimètres de profondeur. Cette aérolithe qui pèsent cinq kilogrammes-et-demi, ressemble à une pierre calcinée ; cette pierre, qui dans l'intérieur parait formée de fer, de soufre et de silice, a été recueillie par M. Mercier (des Lucs) qui se propose de la soumettre à une analyse chimique.
Le Journal de la Vendée indique que l'aérolithe est tombée sur la commune de Rocheservière. Il semble bien que la chute ait eu lieu sur la commune des Lucs, ainsi qu'en fait foi le jugement du tribunal de Bourbon-Vendée et le texte publié dans l'ouvrage de Cavoleau, revu et annoté par A. de La Fontenele de Vaudoré, en 1844. Un doute subsiste sur l'endroit exact où fut trouvé l'aérolithe.
Ce phénomène donna lieu à un procès assez curieux qui alla se dérouler jusque devant le tribunal de Bourbon-Vendée.
Un passant dont le nom n'est pas cité [le procès indique François Douillard] ramassa cette pierre étrange et la vendit à un amateur du nom de Amédée Hippolyte Mercier de Grammont. Aussitôt Jean Vollard, le propriétaire du champ, prétendit qu'on le lésait et que l'aérolithe lui appartenait parce qu'il était tombé dans son champ. Mercier au contraire soutint que la pierre, avant sa chute n'étant la possession de personne, elle devait lui appartenir par la raison de premier occupant. Le cas était embarrassant et, vu sa rareté, n'avait point été prévu par le Code. Les débats furent laborieux et la question des objets trouvés fut examinée sous toutes ses formes. Le cas était embarrassant et, vu sa rareté, n'avait point été prévu par le Code. Les débats furent laborieux et la question des objets trouvés fut examinée sous toutes ses formes.
Enfin le tribunal, après un long examen, rendit un non moins long jugement, où les plaideurs en avaient, comme on dit, pour leur argent. S'appuyant sur seize considérants dont quelques uns étaient ingénieusement trouvés, les juges déboutèrent Vollard de sa demande. »
La roche, décrite scientifiquement par Daubrée (1880) puis surtout par A. Lacroix (1906), est une chondrite à olivine et hypersthène (type L. 6). La masse principale (4,7 kg) est aujourd’hui exposée au Muséum d’Histoire naturelle de Nantes, tandis que quelques fragments sont conservés dans d’autres musées (Paris, Chicago, Vienne, Londres). Elle faisait 5,5 kg à l'origine.
Du 15 septembre au 1er octobre 2009, lors d'une exposition à l'Historial, organisée conjointement par Lucus et L'Historial sur le thème de l'histoire de la pierre aux Lucs-sur-Boulogne, les visiteurs eurent le plaisir de l'admirer.
Cette étrange pierre noire...
LA PIERRE NOIRE ou PHTANITE
La présence de phtanite est notée, dans les ouvrages de géologie, comme datant de moins 850 à moins 600 millions d’années. La commune des Lucs a baptisé un lotissement et une rue, appelés respectivement « Hameau des Pierres Noires » et « Avenue des Pierres Noires ». Un gisement important se trouve sur les pentes du site du Petit Luc .
La Phtanite est une roche sédimentaire siliceuse de couleur bleue, grise, noire ou verte issu de la compression d'argile. C’est une variété de jaspe mais qui diffère du véritable jaspe, surtout par sa structure en plaques et en bancs alternant avec des schistes ; elle est généralement considérée comme issue de dépôts marins.
Aux Lucs, elle est bleu foncé, prenant une couleur presque noire quand elle est mouillée. Elle forme des fragments, des rognons, des amas, des couches ou des filons souvent intercalés en d'autres bancs. L'analyse, faite par le Professeur Mathieu de Lille, sur la pierre du Petit Luc indique :
Silice 94.460 % Alumine 2.455 % Oxyde de Fer 1.485 % Chaux 0.440 %
Cette sorte de roche fait partie de la catégorie des roches du globe, qui vient en seconde position pour sa teneur en radium, selon une analyse de radioactivité, réalisée par Mme Muchemble, chef de travaux à l'Institut Pasteur de Lille, sur les phtanites des Lucs-sur-Boulogne.
Les habitants du Petit Luc au cours des siècles, ont creusé de nombreuses fontaines, notamment sur le versant Est du site. Avaient-elles des qualités radioactives et donc, peut-être curatives, de certaines maladies ? . . .
Contes et légendes
Autrefois lors des veillées, il était coutume de temps à autre d’évoquer quelques vieilles histoires à faire « dresser les cheveux sur la tête » et à donner la « chair de poule ». Il faut dire que les soirs d’hiver près de la cheminée, lorsque les flammes du foyer crépitent et dessinent des ombres étranges sur les murs de la pièce, tout est propice au mystère et à la magie…L’été, ce sont les nuits de pleine lune qui offrent leur lot de formes bizarres dans la nature et parfois des bruits inquiétants et inconnus qui résonnent dans la nuit. Quand le vent s’en mêle et s’engouffre sous la porte, faisant claquer les volets, sifflant par les moindres interstices, l’imagination peut alors s’envoler… A ce moment précis, il suffit d’un habile conteur pour créer alors un climat de terreur plus ou moins fort selon l’âge ou la sensibilité des auditeurs.
Nous allons essayer de vous faire découvrir un univers étrange, remontant aux époques les plus reculées de l’histoire où la légende et la réalité se confondent. Des êtres fantastiques, mi-hommes mi-bêtes, des fées ou des sorcières vont vous faire rêver ou hanter vos cauchemars…
Commençons par le bois de Malvergne situé à proximité de la Jarrie et de Lavaud : « On y voyait vers la moitié du 19e siècle un menhir muni d’un siège naturel sur lequel s’accroupissaient les loups-garous pour hurler plus à leur aise ; le filet d’eau qui prenait sa source au pied du mégalithe s’appelle la « Rouère1 de Pisse-loup ». Mais qui est donc ce loup-garou2 ? Et qu’est devenu ce menhir qui aurait disparu vers 1870 ?
D’après la plupart des légendes poitevines, le « garou » serait une personne qui a commis un crime, un vol ou encore le témoin d’une mauvaise action qu’il n’a pas voulu dénoncer. Il est condamné par le curé qui a lancé sur lui « le monitoire » : un avertissement donné deux ou trois fois lors de la grand’messe pendant le sermon. Si le coupable n’avoue pas, il est définitivement maudit et passera le reste de sa vie à errer la nuit sous la forme d’un loup. Parfois le loup-garou s’appelle « la garache » ou encore « la galipote », équivalent féminin de la bête qui prend alors l ‘apparence d’une chèvre, d’un mouton ou d’un chien noir…
Cette légende remonte fort loin et s’appuie sur un rituel qui consistait au XIIIe siècle, dans le diocèse de Luçon, à excommunier tous ceux qui étaient au courant d’un crime mais ne dénonçaient pas ce qu’ils savaient. Par extension au cours des siècles suivants, le curé « sermonnait » ceux qui cachaient des péchés en confession.
On disait aussi qu’au Petit-Luc, « Les trois tumulus étaient hantés la nuit par une « dame blanche » et que les filles récalcitrantes courraient le « garou » au terrier3 du Pé ( qui signifie hauteur) ». La dame blanche du Petit Luc a sans doute laissé sa place à la Vierge qui était vénérée en ces lieux depuis fort longtemps sous le nom de Notre Dame du Petit Luc quand la chapelle était une église…
On raconte qu'aux Lucs, une vilaine petite fée s'introduisant dans une maison, trouva une fillette au berceau et, l'emportant, la remplaça par une fée horriblement laide. Quand la pauvre mère s'aperçut de l'échange, fort triste, elle alla trouver le curé et lui conta son malheur : "ce soir avant de vous coucher, lui dit le pasteur, vous mettrez 13 oeufs sous la cendre et demain votre petite fille reprendra sa place". Le lendemain, en effet, à son réveil, la mère entendit son enfant l'appeler et elle en fut toute heureuse.
1-« Le ruisseau » en poitevin.
2-Le mot « garou » vient peut-être du latin Geralphus, employé au Moyen Age avec la même signification, et du francique garwalf puis garoul.
3-Le terrier serait probablement l’entrée du souterrain-refuge du Petit Luc.
D’autres lieux sont cités : « Au repas qui suivait le sabbat4, tenu tour à tour aux croisées Soreau et de la Durantière (carrefour disparu), il se faisait une grande consommation de chiens ; l’homme qui se laissait surprendre au milieu de la cohue des bêtes pharamines, ne se tirait de leurs mains qu’en laissant tomber de son gousset un deux liards marqué de la croix ».
« La bête pharamine » incarne toujours la terreur la plus absolue. Elle est d’autant plus effrayante qu’elle est très difficile à observer, et emprunte souvent des apparences changeantes et trompeuses. Elle surgit de nuit, noyée dans les ténèbres des forêts ou les brouillards des marais, et se signale avant tout par des bruits et des effleurements : avant même de la voir, on perçoit le souffle bestial qui s’échappe de sa gueule et le bruit mou et spongieux de ses pattes, et on ressent le contact ignoble de son corps velu.
Pour certains, elle possède plusieurs têtes aux yeux brillants comme des lampes, des crocs acérés comme des poignards, et son pelage blanc comme neige la fait passer pour un fantôme. D’ailleurs, celui qui cherche à lui donner un coup de bâton ne rencontrera que du vide.Elle peut changer de forme à volonté, prendre l’apparence de n’importe quel animal : loup, chien, mouton, cheval…
4-Réunion nocturne des sorciers et des sorcières.
Les êtres fantastiques ne sont pas tous maléfiques et nous rencontrons aussi aux Lucs les fadets et farfadets qui sont les petits équivalents des fées ; ce sont des sortes de petits génies qui nous rendent discrètement service tout en gardant de précieux trésors.
« Le fadet se montre sur les falaises de Villegué ( Vilgay) et à l’entrée du souterrain-refuge du Pé de la Bugelière. Les feux-follets font des zig-zags dans le Champ-Doulent (Champdolent). »
Les feux follets : ils apparaissent le plus souvent dans les marais, ou dans les cimetières. Serait-ce là un esprit revenu d’entre les Morts ? Un fantôme ? Non, loin de là. Et c’est pourtant le regard que portait les gens autrefois envers ce phénomène physique.
Le feu follet est une lueur pâle et diffuse qui peut être jaune, bleu ou rouge. Il vole dans l’air à peu de distance du sol. Un feu follet à généralement l’aspect d’une flamme vacillante terminée par une aigrette irrégulière qui rappelle vaguement la couronne d’une grenade. Il se montre de préférence en automne par un temps calme. Il disparaît lorsque l’on s’en approche et était traditionnellement prit pour un esprit malin ou une autre créature surnaturelle.
Scientifiquement, on pense que les feux follets sont un phénomène issu de l'oxydation du PH3 (phosphine) et du méthane venant de la décomposition de matières organiques et qui s'enflamme facilement près de torches. Ces matières organiques produisent des gaz qui peuvent s'enflammer au contact de l'air. Quand une bulle crève, elle donne une petite flamme dansante qu'on appelle un feu follet. Il y a libération de composés du phosphore,
qui s’enflamme instantanément.
C'est ce qui explique la naissance brusque de ces petites flammes dansantes et brèves, les feux-follets, qui frappèrent de tout temps l'imagination des gens, semblant le fait de forces surnaturelles.
Ce qui intrigue, c’est la présence de feu-follets dans les cimetières ; or le nom de Champdolent signifie champ de la douleur et serait lié à la présence de sépultures antiques ou de cadavres, résultats d’une bataille. Il existait aussi dans ces lieux un souterrain-refuge…
A propos des souterrains, signalons la légende d’une fée qui habitait le souterrain de la Giraudelière et qui venait aux veillées dans les métairies ; elle était la gardienne de la « Source Minérale » de la Giraudelière ( aujourd’hui disparue).
Enfin, rappelons l’histoire fantastique du Marchais-Bouin :
« A une époque très reculée, dont la date se perd dans la nuit des temps, vers le VIIe siècle, dit-on, des moines bénédictins de l’Abbaye de Talmont, essaimèrent de leur communauté et se dirigèrent vers le levant, s’arrêtèrent dans un endroit appelé « Les Lucs », une petite agglomération de quelques feux, très ancienne et située sur le bord fangeux d’un marécage, à l’intersection de plusieurs chemins, et où ils édifièrent leur monastère et l’église y attenant, laquelle devint par la suite, l’église paroissiale de Saint Pierre du Luc.
Ce marais formait une sorte de cuvette de plusieurs hectares que les moines asséchèrent en partie ainsi que toutes les terres labourables s’étendant entre le chemin dit du « Marché-Bouin5 » et le ruisseau d’assèchement du marécage, lequel traverse le bourg et va se jeter dans la Boulogne, au Chef du Pont, après avoir arrosé et fertilisé les prairies qui s’étalent dans le vallon boisé du Petit Luc.
La partie la plus profonde du marécage fut abandonnée à elle-même, et se comble aujourd’hui par les végétations nombreuses et variées qui croissent sur ses bords.
Ainsi, d’après la légende, le marais du Marché-Bouin représentait l’emplacement du monastère construit par les premiers moines, lesquels furent engloutis avec tous les bâtiments claustraux dans cette immense tourbière, à la suite d’évènements dont on n’explique aucune origine. Et le soir, à la veillée, quand tout le monde est groupé près du grand feu de la vaste cheminée, on raconte, en l’affirmant à qui veut l’entendre, que par les soirs d’hiver, dans les nuits glacées des mois noirs de fin d’année, le promeneur solitaire qui s’égare sur les bords de ce marais désolé et fangeux, entend le soir de la Toussaint, le tintement lugubre des pauvres cloches du monastère, au fond de la vasière, martelant les lamentations des moines disparus, chantant leur misère, de même qu’à Noël, elles ajoutent leurs sonneries joyeuses au gai carillon du clocher voisin.
Ce pauvre effet d’acoustique, si réellement il existe, est la cause de ces contes à faire dresser les cheveux de terreur. L’explication de ces choses effrayantes, n’est, ni plus ni moins, que la vibration de la belle sonnerie des cloches de l’église paroissiale voisine, venant s’éteindre dans les eaux glauques du vieux marais…
5- Le marchais-Bouin est une petite dépresssion marécageuse contenant de la tourbe.
La vigne aux Lucs
La vigne représentait une superficie de 160 ha en 1882 avant l'invasion du phylloxera. Ce petit puceron ailé a été introduit accidentellement par des plants américains pour lutter contre l'oïdium. A partir de 1882 jusqu'à octobre 1899, 25 ha furent arrachés à cause de cette maladie. A partir de 1900 apparut la méthode du greffage de cépages français sur des plants américains qui enraya la destruction.
Tant bien que mal la surface des vignes va progresser jusqu'à atteindre 190 ha en 1939. Des nouvelles variétés résistantes furent importées d'Amérique comme le Noah qui, parait-il, secrète un « aldhéhyde toxique ». Un décret du 18 janvier 1935 en interdit sa plantation... Aujourd'hui de très nombreuses parcelles familiales ont disparu et le déclin parait irréversible.
Plantation d'une vigne aux Pierres Noires en 1930 chez Alcime Perrocheau
Derrière le chien, Pierre Caillaud; à sa droite Laurent Nicoleau. Au 2eme rang, Aimé Nicoleau, fils de Laurent, qui tient une masse sur l'épaule et à sa droite Paul Danieau.
Le pressoir lors de son démontage en 1990 à La Vivantière de Beaufou : Pierre Erieau, Dominique Rousseau, Lucien Touzeau, Henri Grelet
De nombreux pressoirs parsemaient la commune dont quelques-uns appelés "longs-fûts" (2 poutres principales). Celui-ci date de 1912 et son poids est d'environ 5 000 kg. Il a fallu débiter 5 ou 6 beaux chênes pour le construire solidement. Il vient du château de la Grange à Corcoué-sur-Logne puis a été installé dans une grange à la Vivantière de Beaufou.
Il fut offert à l'association Lucus par les familles Fournier E. et Chanson M.R. Démonté avec précaution par des bénévoles qui prirent soin de numéroter chaque pièce; il fut remonté par l'association sur une aire, propriété de la commune, devant le local du Chef-du-Pont.