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Histoire et Patrimoine des Lucs sur Boulogne
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6 avril 2022

Le pressoir à long fût

 

 

 

 

 

 

Il est constitué de quatre grosses pièces de bois verticales : « les jumelles » (J) qui sont reliées entre elles à leur sommet par des « chapeaux » (C) et par des « tirants » (T) comportant des croisillons. C’est cette structure, appelée le « bâti » ou le « châssis » qui supporte les « longs-fûts » (F) et la « maie » (M) : caisse où est entassé le raisin. Les pieds des « jumelles » sont encastrés dans les « semelles »(S) et renforcés par des jambes de force afin de maintenir l’équilibre du pressoir.

La maie repose sur le long-fût inférieur qui est fixe. Son entourage est fait de quatre grosses pièces de bois : les « banchots » qui enserrent le fond constitué de planches épaisses. L’ensemble est tenu par des chevilles et des coins dans les angles. Une ouverture : l’ « anche », permet au jus de s’écouler.

Le raisin est entassé dans la maie et recouvert par des planches sur lesquelles sont posées des pièces de bois : les « moutons », eux-mêmes surmontés par d’autres « moutons » plus courts.

Les jumelles ont une ouverture : les « lumières » (L) où coulissent des pièces de bois : les « aiguilles » ou les « bougies » (A). Elles servent de point d’appui (lors du serrage) ou de support (pressoir au repos) au long-fût supérieur qui est mobile.

Une vis verticale à double filetage (pour obtenir une vitesse de pressurage plus grande) commande la descente du long-fût supérieur. Les aiguilles sont alors placées au-dessus de la poutre, à l’arrière. La manœuvre suivante consiste à placer d’autres aiguilles au-dessus, à l’avant. Et ainsi de suite pour que la poutre supérieure descende petit à petit en position horizontale. Le serrage est alors à son maximum…

Le fonctionnement du pressoir à long-fût

La vendange mise dans des portoires, où elle avait été légèrement foulée avec un pilon, arrivait au pressoir. Le plus souvent, une fenêtre à hauteur de la charrette permettait de vider les raisins dans la basse maie, où ils étaient foulés au pied ou écrasés avec un moulin à vendange.

Les raisins étaient alors chargés à la fourche sur la haute maie. On constituait ainsi une sorte de pyramide tronquée laissant un espace de 20 à 30 cm autour de la maie, pour permettre l'écoulement du moût.

On protègeait parfois le cep par de la paille, selon les variétés de vin, pour empêcher le raisin de glisser.

Voici le fonctionnement du dernier pressoir à long-fût en activité, en octobre 2013 à La Chapelle Basse Mer chez M. Morille du Bagueneau. Le pressoir est de petite taille mais suffisant pour presser la vendange de six portoires de raisin rouge hybride, dont le vin est destiné à la consommation familiale.

1- Mise en place des couchages

première étape long fut

Lorsque le cep est formé, on procède à son habillage en posant de chaque côté une perche appelée quenouille qui reçoit le couchage, Celui-ci est constitué de madriers de 6 à 7 cm d'épaisseur qui forment une sorte de plancher couvrant le cep. Au-dessus, perpendiculairement sont posés les moutons : madriers de 15 cm de côté et de la longueur des couchages.

Le couchage ainsi disposé, répartit la pression sur l’ensemble du cep.

 

2- Le fût est levé avec la vis pour libérer l'aiguille à l'avant qui supporte le fût supérieur (la poutre supérieure)

    
                                                     

En tournant la vis avec la barre, le point d'appui se fait alors sur la vis et l'aiguille arrière. L'aiguille à l'arrière est enlevée et fait reposer le fût à l'arrière sur le cep. On abaisse ensuite l'avant du fût qui vient se reposer sur le cep. On place de nouveau une aiguille à l'arrière mais cette fois  sur le fût pour le bloquer.

 

3- La vis est tournée pour abaisser le fût à l'avant qui, bloqué à l'arrière par l'aiguille, fait pression sur le cep

                                                                                                                                                                

 

Le fût est bien à l'horizontale et exerce sa pression. On continue ainsi à manoeuvrer en enlevant et ajoutant des aiguilles alternativement à l'avant et à l'arrière. Le serrage est au maximum quand le fût haut est à l'horizontale et parfois arqué ! 

Le moût s'écoulait dans la basse maie; deux ou trois pressurages étaient nécessaires pour assécher le cep. Puis on relevait le fût haut; on le recalait avec les aiguilles pour le mettre en position de repos.

Une fois, les couchages enlevées, on taillait le cep en morceaux avec un "couteau de pressoir"; on brassait le tout et on recommençait le pressurage.

Les pressoirs à long-fût étaient efficaces : certains pouvaient presser jusqu'à 20 barriques avec le même cep ! Le seul problème était leur encombrement; autrefois la vis était en bois. Leur entretien nécessitait souvent l'intervention des charpentiers.

 Cliquer ci-dessous pour voir le reportage :

  41 pressoirs longs-fûts retrouvés

  Source : « Inventaire des pressoirs anciens du vignoble nantais » par l’association Forum (Vignoble Patrimoine) avec le concours du Musée du Vignoble Nantais du Pallet. Photos extraites d’une vidéo réalisée par TV Sèvre et Maine en octobre 2013 « Pressage à l’ancienne. Un pressoir long-fût encore en activité. La Chapelle-Basse-mer, 2013 »

 

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