Hommage à leur ancêtre
Les Lucs-sur-Boulogne. Trois présidents d’associations historiques se sont trouvés un ancêtre commun
Trois présidents d’associations de patrimoine ont découvert par hasard, qu’ils descendaient d’un même ancêtre, René Pogu, dont une partie de la famille a été massacrée en 1794 par les colonnes infernales. Une trouvaille insolite qui fait d’eux des « cousins éloignés ». Ensemble, ils ont décidé de lui rendre hommage.
Patrick Gervier, président d’Hisla Ad Marchas, à L’Île d’Olonne, Jean-Bernard Piveteau, de l’association Lucus, et Dominique Chabot, président de Beaufou Patrimoine, devant la chapelle du Petit Luc.
« On n’aurait jamais imaginé avoir tous les trois le même ancêtre, et encore moins soupçonné de qui il s’agissait », confie Jean-Bernard Piveteau, de l’association Lucus, depuis 1998
« On connaissait l’histoire des colonnes infernales, depuis notre enfance. Mais on ignorait qu’on était finalement tous les trois directement concernés », ajoutent Patrick Gervier, président d’Hisla ad Marchas, à L’Île d’Olonne, et Dominique Chabot, président de Beaufou Patrimoine.
Tout commence fin 2022, lorsque ces passionnés d’histoire se donnent rendez-vous à la chapelle du Petit Luc, pour une simple visite. Le début, ils ne le savent pas encore, d’un étrange voyage dans le temps.
« En 2020, j’ai entamé des recherches généalogiques sur ma famille. Je suis remonté jusqu’à 1670 », précise Patrick Gervier. « En échangeant, on s’est demandé si on ne descendait pas de la même branche. On a vérifié, et la réponse était oui », résume Jean-Bernard Piveteau.
Le « dénominateur commun » est un certain René Pogu, né en 1771 et décédé en 1848. En 1794, le père de ce Vendéen, un cultivateur de 51 ans également prénommé René, vit avec sa famille, à Mormaison.
Mais le 28 février, le général Cordellier, chef d’une colonne infernale, s’élance avec ses hommes, en direction du Grand et du Petit Luc. « La troupe campait sur un plateau de la paroisse de Mormaison. On peut penser que René Pogu père a pressenti un danger », raconte Jean-Bernard Piveteau.
Le paysan décide d’envoyer sa femme et l’une de ses filles en sécurité à la ferme de La Pellerinière du Grand Luc, dans la famille de son frère. Et de garder près de lui son fils René, 23 ans, et deux autres filles.
Un choix terrible. Car La Pellerinière se trouve sur la route des colonnes. « Tous les habitants ont été tués, soit dix membres de la famille Pogu, ainsi qu’une autre famille, les Delommeau ».
Les noms des défunts figurent parmi ceux des 564 victimes, massacrées les 28 février et 1er mars 1794 sur la commune des Lucs-sur-Boulogne, gravés sur les 22 tables mémoriales de la chapelle du Petit Luc.
Engagé comme soldat dans les armées vendéennes, René père décédera en 1798. Rescapé par miracle, René fils s’éteindra en 1848, à Mormaison. « Aujourd’hui, il doit avoir des centaines de descendants, que nous pourrions croiser sans le savoir, dans la rue ».
Une découverte qui fait des trois présidents des « cousins éloignés », et qu’ils ont choisi de partager, pour rendre hommage à leur façon aux disparus et à toutes les victimes du massacre. « Ils le méritent. C’était des pauvres gens, qui se sont trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment. Il ne faut pas les oublier ».
Elisabeth Petit Ouest France 28 février 2023