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Histoire et Patrimoine des Lucs sur Boulogne
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Les chroniques paroissiales

 

LES LUCS- chronique paroissiale -

Les Chroniques paroissiales du diocèse de Luçon sont généralement attribuées à Eugène Aillery (1806-1869). Celui-ci était l’un des fils de Louis Aillery qui, venant de Nantes, fonda en 1807 à Montaigu un collège-pensionnat qui succédait à celui qui y existait avant la Révolution. Eugène Aillery, s’étant dirigé vers la prêtrise, exerça son ministère à Noirmoutier (1829) puis à Corpe (1832). En 1851, il devint "prêtre habitué" (c’est-à-dire "prêtre retraité et résidant…") à Fontenay-le-Comte. Il s’y consacra à des recherches sur l’histoire religieuse du diocèse de Luçon, publiant en 1860 le Pouillé de l’évêché de Luçon (200 p.). A sa mort, il a laissé d’importants manuscrits sur l’histoire des différentes paroisses du diocèse.

Vingt ans plus tard, en 1889, l’évéché de Luçon décida d’actualiser ces écrits et de les faire paraître sous forme de cahiers mensuels d’une vingtaine de pages distribués à des abonnés, sous le titre de "Chroniques paroissiales".
Jusqu’en 1895, les premiers cantons (ou "doyennés" dans la terminologie religieuse de l’époque) publiés furent ceux de la Roche-sur-Yon, Chantonnay, les Essarts, Saint-Fulgent, les Herbiers et Mareuil, chacune des paroisses y étant traitée en quelques pages.

A partir de cette date, la prise en main de la publication par Hippolyte Boutin (1851-1901) donna plus d’ampleur à leur contenu, et la part des textes dus à Eugène Aillery y devint marginale. Les "chroniques" des cantons de Montaigu, de Mortagne et le début de celles du Poiré (le Poiré, Aizenay, Beaufou), furent alors publiées. Puis, sous la direction de Julien Huet (1857-1925) et jusqu’en 1918, ce seront la fin de celles du canton du Poiré, celles des cantons de Maillezais, de Rocheservière (celles-ci rédigées essentiellement par Alain de Goué, 1879-1918) et de Fontenay-le- Comte. Après une interruption, la publication sera reprise, dans les années 1930, par Adolphe Poirier (1878-1957) pour le canton de Beauvoir puis, dans les années 1950, par Auguste Billaud (1903-1970) pour celui de Pouzauges qui sera le dernier canton à être traîté.
Pour les autres chroniques paroissiales, il n’existe que les ébauches manuscrites faites par Eugène Aillery, dans les années 1850 et 1860.

Chacune de ces chroniques est composée suivant un plan assez flou, variant de l’une à l’autre et qui s’apparentent souvent à de la compilation. Cependant le travail d’enquêtes, le recours aux documents originaux, le recoupement des sources, sont les gages du sérieux de leur contenu, même si elles sont à resituer dans un contexte et un état d’esprit particuliers.
Pour chaque paroisse, le contenu commence par le texte (quand il existe) qu’avait rédigé Eugène Aillery avant 1869. Suivent des informations plus spécifiques à chacune d’elles. Les demeures et les généalogies seigneuriales y ont souvent une place importante. Dans tous les cas, on y trouve un "État nominatif des curés (et vicaires) de la paroisse" dont la succession constitue, a priori, l’objet principal de chacune d’elles. Pour le reste, les descriptions des constructions néogothiques des années 1850 à 1905 sont parfois un peu longues, mais les sujets originaux abordés dans telle ou telle chronique sont souvent d’un grand intérêt, ainsi : les inventaires de 1905 à Bouaine, les réquisitions de 1795 au Poiré, l’affaire de la Pénissière à la Bernardière, les croix des bords de chemins et la reprise de témoignages sur l’hiver 1794 à Beaufou, les ventes de Biens nationaux de 2e origine et les coutumes locales à Saint-Denis-la Chevasse…
M. M.

  HISTOIRE ANCIENNE

La réunion du Grand et du Petit-Luc forme, depuis le Concordat de 1801, ce qu'on appelle aujourd'hui la paroisse des Lucs. Le territoire du Petit-Luc, entièrement enclavé dans celui du Grand, se bornait aux limites de son chef lieu et n'avait pas cent habitants de population ; mais si cette paroisse était de peu d'importance par son étendue territoriale, elle renfermait dans son enceinte des antiquités qui méritent d'être mentionnées : on en parlera plus loin.
Le Grand-Luc, au contraire, a été de tout temps une paroisse très considérable, malgré la distraction de territoire qui en a été faite, il y a environ deux siècles, pour former la paroisse de Beaufou qui la joint. Son étendue actuelle est encore de près de quatre lieues en longueur sur une largeur d'une lieue et demie. Elle a pour bornes au levant Saligny et Saint-Denis-la-Chevasse ; au nord-est Saint-Sulpice- le-Verdon, Mormaison et Rocheservière ; au nord Legé (Loire-Inférieure) et Grand'Landes ; au couchant Saint-Etienne-du-Bois, et au midi Beaufou.
"L'étymologie du mot Luc, dit M. Aillery, parait venir du mot latin Lucus ; c'est du moins la tradition la plus accréditée et la plus vraisemblable. On peut, sans trop de témérité, hasarder la conjecture qu'elle remonterait jusqu'aux temps des Druides qui, comme l'on sait, choisissaient les bois les plus épais pour offrir leurs sacrifices ; et il est certain que du temps des Gaulois, comme sous la domination romaine et même jusqu'au Moyen-Age, tout ce qu'on appelait avant la Révolution le Bas- Poitou était couvert de bois et n'offrait que l'aspect d'une forêt presque continuelle : n'est-il pas probable que les prêtres idolâtres avaient consacré quelques-uns de ces bois, luci, à l'exercice de leur sanglante religion ? Quoi qu'il en soit, toute opinion sur ce point ne sera jamais fondée que sur des conjectures, puisqu'il n'existe rien pour porter un jugement certain, et que les lieux comme l'histoire sont tout à fait muets sur les Lucs des premiers temps".
Des savants n'ont pas manqué de porter leurs investigations sur ces lieux qui portent encore aujourd'hui le nom de lucs, et ils ont trouvé entre eux plusieurs points de ressemblance. Parmi ces savants, citons M. Benjamin Fillon qui, dans son ouvrage Poitou-Vendée, nous a laissé une curieuse étude sur le sujet en question.
Après avoir énuméré les divers lucs du pays des Pictons avec lieux dits qui les entourent et qui portent souvent la même dénomination1, l'auteur se croit en droit de tirer les conclusions suivantes :
"Il est démontré maintenant que tous les lucs d'une grande partie du territoire des Pictons étaient placés sur des cours d'eau ; qu'à petite distance de chacun d'eux se trouvaient un lieu de refuge fortifié, une garde ou signal, une fontaine aux eaux abondantes et passant pour avoir des vertus médicinales, des monuments de pierre et une folie2 invariablement orientée à l'ouest. Nous avons constaté de plus qu'à tous ces lucs se rattachent des croyances superstitieuses, et que le peuple des campagnes voisines prétend y voir, certaines nuits, se promener des lumières surnaturelles, surtout autour de leurs fontaines".
M. Fillon ajoute que les indications fournies par ses recherches se rattachent à deux périodes distinctes "Les unes, dit il, nous reportent à des temps antérieurs à la conquête romaine ; tandis que les autres ont trait à des monuments qui lui sont postérieurs ! Dans la première catégorie nous rangeons

1 Voici les noms de ces lieux dits pour les Lucs-sur-Boulogne :
Le Luc, l'Anglier, enceinte fortifiée en forme de triangle ayant une motte à chaque coin, les Folies, la Vieille-Fontaine,
la Tonnelle, le Champ-de la-Table, où il existe un dolmen.
2 Les Folies, les Champs-Fous, les Follets dont les noms ont la même origine que ceux des Pierres-Folles, des Pierres- Fades, des Fadetteries, ont été jadis des lieux consacrés aux divinités des Celtes On avait choisi pour cela des points disposés de manière à ce que le terrain, ordinairement élevé, allât en pente du côté de l'ouest ou du nord-ouest, comme si le peuple qui y était assemblé dût avoir les yeux tournés de ce côté. Cette orientation particulière était assurément motivée par des considérations du même ordre que celles qui nous font placer les sanctuaires chrétiens dans la direction de l'Orient. (V. art. Fontenay, p. 10).

tout ce qui a rapport aux fontaines sacrées, aux monuments de pierre brute, aux folies, et surtout à l'emplacement même de chaque luc. Dans la seconde se place ce qui concerne les gardes, les sépultures romano-gauloises, les modifications apportées à quelques-uns des points fortifiés. D'où il faut conclure que l'origine des lucs remonte à une époque très reculée et qu'ils ont conservé leur caractère religieux, même après la conquête. Il est bon de remarquer toutefois qu'aucun de ces points ne nous a présenté jusqu'ici des vestiges de temples, chapelles ou oratoires dédiés aux dieux du paganisme : ce qui ferait supposer que la politique romaine a fait tous ses efforts pour déshabituer les populations d'aller y porter leurs prières. Mais la tyrannie ombrageuse de Rome ne put extirper du cœur des fils de la Gaule les croyances qui y étaient incrustées, et qui se transmirent chez eux de génération en génération, car ceux-ci retournèrent à leurs lucs dans les moments de crise suprême, et transformèrent, au IVe siècle, en chatelliers les anciens refuges fortifiés qu'ils trouvèrent encore debout".
Plus loin, nous parlerons d'un vieux château disparu depuis longtemps et qui, à l'origine, aurait peut-être bien été l'un de ces chatelliers cités par M. Fillon. En attendant, nous continuons la citation.
"Lorsque le christianisme domina à son tour dans nos contrées, il n'eut donc rien de mieux à faire que d'imprimer à ces lieux respectés sa propre empreinte et d'y bâtir des chapelles dédiées à son Dieu, à ses premiers apôtres, à ses martyrs. Celle des lucs de la forêt de Mervent et de la Boulogne étaient sous le patronage de saint Pierre. D'autres étaient sous celui du Christ. Les évêques réunis en conciles et l'autorité civile essayèrent toutefois à plusieurs reprises d'empêcher les populations de porter leurs prières aux lucs". (Antiquitates selectæ septentrionales et celticæ par G.-J. Keysler, 1720, p. 79).
On ne saurait donc douter de l'ancienneté du Luc-sur-Boulogne. Si la charrue n'avait pas transformé, en les défrichant, les landes du pays, on y rencontrerait encore beaucoup de souvenirs du paganisme qui fut jadis si florissant en ces lieux ; mais ces vieux vestiges se font de plus en plus rares.
"Il en reste cependant encore assez, dit l'auteur de la notice sur la chapelle de N.-D. des Lucs, pour attester la vérité de la tradition sur ce point. Si nous ne possédons plus les gigantesques dolmens du Plessis-Buet, des Temples et de la Gourmaudière, du moins nous pouvons montrer les hauteurs du Petit-Luc, le Champ-Dolent, Campus dolens, avec ses vieux souterrains, ses ossements de morts, ses pierres sépulcrales, etc. etc. monuments qui nous indiquent assez qu'en ces lieux, comme dans la vieille Armorique, les druidesses armées de la faucille d'or, ont cherché le gui sacré, immolé leurs victimes, et que à l'ombre de ces arbres plusieurs fois séculaires, ou à l'entrée des cavernes, on les a entendues rendre leurs oracles. Nul doute qu'une race vigoureuse, luttant autrefois pour son indépendance, ne soit là dormant son sommeil.
Les légions romaines, ainsi que le prouvent les larges voies tracées par elles et dont on rencontre les vestiges à chaque pas, ont pénétré dans l'obscurité de nos bois et se sont heurtées, suivant toutes probabilités, sur les rives mêmes de la Boulogne, contre les vieux Gaulois sortant tout armés des souterrains du refuge de la Bugelière, du Petit-Luc, de la Daunière, de la Pêcherie et des forêts environnantes. Puis après une de ces luttes sanglantes, nos pères fidèles, au culte des morts, ensevelirent avec honneur leurs guerriers tombés dans la bataille, sous une de ces collines du Petit- Luc, œuvre de leurs mains, où la science d'aujourd'hui recherche avec empressement les haches et les piques de ces héros d'un autre âge (pages 4 et 5)".
Arrivons maintenant au Moyen-Age. Le Luc formait alors avec la Roche-sur-Yon un fief d'une assez grande importance auquel on attribua, par la suite, le titre de principauté.
A cette époque, il est plusieurs fois question, dans les cartulaires des abbayes de Talmond et d'Orbestier, de personnes ou de terres appartenant au Luc.
De 1080 à 1115, Engelelme du Luc est témoin dans un acte de donation faite par un religieux à Sainte-Croix de Talmond (X. page 28).
De 1087 à 1128, Aimeric, Brient, Guillaume et Ælina, leur mère, viennent demander des prières pour plusieurs de leurs parents dont quelques-uns ont péri (probablement dans une guerre contre les infidèles). En retour ils offrent à l'abbaye de Talmond une propriété qu'ils possèdent devant l'église de Saint-Pierre du Luc, appelée Fulcherii Longi masura (XVI, p. 35 et 36).
La même charte relate la donation suivante faite par d'autres habitants du Luc. Pierre Faicet, Inde, son épouse, ainsi que ses frères, Budicus, Gautier, Engelelme et Hugues, ayant lié amitié avec l'abbé et les moines de Sainte-Croix de Talmond, donnent à ceux-ci ce qu'ils possèdent dans l'église de Saint-Pierre du Luc avec le presbytère. A cette donation ils joignent celle de la moitié du bourg, sous la condition qu'un religieux de Sainte-Croix sera nommé comme vicaire pour administrer tout le bourg du Luc, sit de toto burgo prepositus et vicarius.

Ce Pierre Faicet ou Faitet était vraiment considéré à l'abbaye, car son frère Budicus étant venu à mourir, l'abbé Euvrard avec ses moines s'empressent d'assister aux obsèques. En retour et avec le consentement de ses frères, Pierre Faicet gratifie Sainte-Croix d'une autre pièce de terre appelée la Gillienoire (Gillienoria). Puis continuant toujours ses libéralités il fait don d'une terre dite la Brothonière, d'un moulin et d'un étang situés au même lieu, et de la troisième partie du bourg administrée par le vicaire, laquelle lui appartenait.

Mais les plus chaudes amitiés se refroidissent parfois. Un jour l'abbé de Sainte-Croix se brouille avec Hugues, l'un de ses bienfaiteurs, au sujet de l'église du Luc. Cependant la querelle se termine pacifiquement et Hugues, oubliant tous ses griefs, fait concession de droits à l'abbaye sur la terre de la Gamerie et sur le cimetière.

Cet Hugues n'avait pas un caractère très heureux. Dans une autre circonstance, il soutient le prêtre Jean, révolté contre son supérieur l'abbé Guillaume. Avec l'appui et sur le conseil du châtelain, le prêtre Jean s'empare de la chapellenie de Saint-Pierre-de-Luc. Pour ce fait le rebelle est cité à comparaître à Talmond devant Pierre, évêque de Poitiers, et en présence de l'abbé Guillaume. A ce tribunal, Jean est forcé d'avouer que c'est l'abbé de Sainte-Croix qui lui a donné la chapellenie ainsi qu'à son prédécesseur, mais il cherche des faux-fuyants et diffère de reconnaître l'autorité abbatiale. Alors l'évêque de Poitiers soutient fermement l'abbé Guillaume, eique, quia nondum ab aliquo episcopo donum de ejus capellania factum fuerat, capellaniam illam manu sua in manu ejus, cum cultello quodam ita dedit et confirmavit ut deinceps in omne tempus capellanus in ecclesia illa per abbatem ordinaretur.
Peu après, Pierre de Poitiers, étant venu consacrer l'église de Challans, appela devant lui le prêtre Jean et ce dernier, en présence de l'évêque et d'un grand nombre de moines et de clercs, reçut sa chapellenie des mains de l'abbé Guillaume.

C'est ainsi que les évêques d'alors savaient défendre les droits de la justice.
La même charte nous parle encore d'une autre querelle entre les gens du Luc et les moines de Sainte-Croix. Pendant longtemps un certain Folgerius, aidé de sa mère et de ses enfants, s'était permis d'accaparer beaucoup de choses qui ne lui étaient point dues sur une maison sise au chevet du monastère de Saint-Pierre. Il dut venir à résipiscence et lorsque la concorde fut rétablie, il mit à la disposition de l'abbé une autre terre pour en faire ce que bon semblerait à ce dernier.

Une autre pièce de ce Cartulaire de Talmond relate, vers 1130, la mort édifiante d'un habitant du Luc :

"Nous faisons savoir à tous ceux qui habitent ou qui habiteront la sainte église de Sainte Croix que Païen de Raymond (Paganus Raimondi), soldat du château du Luc, étant venu à Talmond avec le consul de Poitiers (com consule Pictavis), y tomba malade et qu'il dut bientôt payer son inévitable dette à la mort. Connaissant donc sa fin prochaine, il fit venir l'abbé pour que celui-ci lui procurât le bienfait de l'absolution. Aussitôt l'abbé Giraud, prieur de ladite église, accompagné de quelques-uns de ses religieux, se rendit auprès du moribond, et, lui ayant donné les avis que Dieu lui inspirait il lui octroya ensuite la grâce de l'absolution. Après cette cérémonie, une grande joie remplit l'âme du malade ; les assistants le félicitaient de son bonheur et parmi ceux ci on remarquait : Cabrucius, dans la maison duquel on se trouvait, Ponce de la Garnache, Chevrier de la Chaize et plusieurs autres dont nous avons oublié les noms. Alors le soldat prit la parole et s'exprima ainsi : "Seigneur abbé, je rends grâce à Dieu et à vous de l'honneur que vous venez de me faire. En retour, je vous gratifie sur mes revenus d'une offrande de trois sous payables chaque année, à la Noël du Seigneur, sur une terre que m'a donnée Gilbert de Velluire, avec l'autorisation du consul de Poitiers. C'est Audemar qui cultive aujourd'hui cette terre (satis villam et mucosam, plaine et marais) et qui paye les trois sous dont je viens de parler et que je vous concède pour le moine qui relève de votre juridiction dans la demeure du Luc. Je veux que vous en jouissiez en toute assurance. Priez Dieu pour moi". − Ayant entendu ce discours, l'abbé répondit : "Très cher frère, j'accepte le don que vous me faites, je prie pour vous et je vous assure la participation dans toutes nos bonnes œuvres".

L'épouse présente avec les autres assistants confirma par son consentement l'acte de son mari. Ce dernier étant mort et ayant été enterré par les soins de l'abbé et de ses frères, elle vint à notre chapitre, au jour de l'Assomption du Seigneur, elle ratifia de nouveau ce qu'avait donné son mari et elle demanda et obtint la communauté de mérites avec nos frères (N°CCLXXXIX, p. 214).

Vers le même temps (1130), un autre soldat du Luc étant accablé d'une grave maladie, demanda l'habit monastique. Ce soldat avait nom Guillaume Breebos. Il donna à Dieu et à Sainte-Croix un quart de dîme (quartam partem decime) sur son bien de la Sausais, sur la récolte, la laine, le lin, les agneaux, les porcs, les veaux, en un mot, sur toutes les choses classées pour la dîme (N° CCXCI, p. 216)3
 
En mars 1214, Béatrix de la Roche-sur-Yon, pour le soulagement de l'âme de Guillaume de Mauléon, son mari défunt, de la sienne et de ses parents, voulut faire une donation à l'église de Saint- Pierre-du-Luc, consistant dans la concession d'un luminaire. Elle assura ce qui était nécessaire pour deux cierges qu'on devait allumer à toutes les messes célébrées dans ladite église4.
Guillaume de Mauléon n'avait pas été moins généreux que son épouse. Les Archives de la Vendée conservent encore des pièces qui relatent certaines de ses donations.
Le 3 avril 1212, il cédait à l'abbaye de Saint-Jean-d'Orbestier tous ses droits sur sa terre de la Sauvagère, dans la paroisse du Luc. Son épouse Béatrix consentit à cette libéralité. (Cart. n° 218, Arch. du Bas-Poitou, VI, p. 21).
Dans un autre acte de la même, Guillaume renouvelle cette donation : "Insuper dedi et concessi eisdem monachis, in puram et perpetuam eleeniosinam, cum assensu et voluntate et peticione Beatricis uxoris mee, cujus nomine terram de Roca et de Luco habebam et possidebam quidquid juris habebam vel habere de jure debebam in Sauvageria".
Ce même acte nous apprend encore que Guillaume avait des droits sur le tènement de Taillepied, dans la paroisse du Luc. (Arch. du Bas-Poitou, VI, p. 22).
C'était le temps des libéralités aux monastères. En 1214, Girbaud du Luc fait un don à l'église de Saint-Jean-d'Orbestier sur la terre de Boffrière (quartam partem eosdume in Boffreria). Cette terre se trouvait sur le territoire du Luc.
Le fils de Girbaud, Guillaume Horris, renouvela cette donation et la fit mettre par écrit. De plus, il fit un autre don au monastère sur sa propriété de la Sauvagère (dedit helemosinam in Sauvageria super quadam masera terre tailleias et de capcione et desponsacione, biennium et eosdumam famulantium, necnon et quidquid in illa accipiebat).
Pour récompenser cette générosité, les moines d'Orbestier accordèrent à Guillaume la permission d'avoir pour toujours un prêtre qui chanterait quotidiennement la messe pour le repos des âmes de son père et de sa mère ; en même temps ils entretinrent pour lui une lampe toujours allumée devant le Saint-Sacrement. (Cartulaire de Saint-Jean-d'Orbestier, n° 367.) (Arch. hist. du Bas-Poitou, VI, p. 26 et 27).
Le 24 février 1268, Brient Rasclet et Jeanne Lailler, sa femme, firent également un don de dix sous de cens sur Taillepied, avec la charge pour les moines d'Orbestier de chanter et de célébrer six messes chaque année chaque vendredi après Pâques, avec commémoraison à chacune d'elles des parents de Brient et de Jeanne. Ces messes devaient être dites soit au monastère d'Orbestier soit au prieuré du Bois-du-Luc. (Cartulaire n° 296). (Arch. hist. du Bas-Poitou, VI, p. 67).
Une note recueillie par M. Aillery dans le Dictionnaire des Familles (p. 718) nous apprend que Geoffroy II, vicomte de Thouars et seigneur de Tiffauges donnait, en 1123, de concert avec sa femme et son fils aîné, les terres du Grand et du Petit Luc, qui dépendaient de la collégiale de Saint-Nicolas de Poitiers, au monastère de Moutierneuf de cette ville.
Les Archives historiques du Poitou (t. 32) font mention de diverses plaintes portées par des habitants des Lucs contre un Raymond de Navarre, bailli de la Roche-sur-Yon, qui, de concert avec un certain Boche, agent du seigneur Roy, leur extorquait, sans raison, toutes sortes de choses.
Enfin, le 3 novembre 1425, nous trouvons le contrat suivant entre Nicolas Verger, abbé du "mouster de Saint-Jehan d'Orbester", et Michea Peyraudea, "parrochien de Saint-Pere du Luc" :

3 Voir au n° 399 un procès entre Guillaume du Luc, abbé de Sainte-Croix, et Guillaume de Joselin, au sujet de terres dans la paroisse de Nieul.
4 Notum sit præsentibus et futuris quod ego Beatrix, domina de Rupe super Oionem, ob remedium anime domini Guillelmi de Malleone sponsi mei nuper defuncti et anime mee et parentum meorum, dedi et concessi Deo et ecclesie B. Petri de Luco, ad luminare ipsius ecclesie, videlicet ad duos cereos missis omnibus illuminandos, quidquid percipiebam in hominibus prioris de Luco, tam in taletis bestiarum quam in bianno et exactionibus omnibus et consuetudinibus aliis quiete et pacifice perpetuo habendum et possidendurn ; eosdem homines ab omnibus consuetudinibus et exactionibus et taletis ad dominium pertinentibus liberos et immunes volens et statuens in perpetuum permanere. Actum publice in manu et protectione domini R. de Perata, tunc abbatis de Thalemundo, anno ab incarnatione Domini Mo CCo XIIIo ; istis videntibus ; P. Meschinot milite, Reginello senescallo meo de Rupe clerico, priore de Borgenest, Willelmo clerico,
P. clerico dicti abbatis de Thalemendo Diacono et multis aliis. Et ut ista donatio firmitatem obtineat inconcussarn, presentem cartulam feci et volui sigilli mei munimine roborari (N° 439, p, 317).

"Led. reverend père en Dieu, frère Nicolas abbé dud. mouster Saint-Jehan d'Orbestier, a baillé et octroié à perpétuté aud. Michea Peyraudea pour lui et les siens ung lieu et herbregement vulgaument appelé Taillepé, situé et assis en lad. paroiche Saint-Pere du Luc, o toutes et chacunes ses appartenances, circonstances et deppendances quelxconques, tenant, d'une part, au tenement de la Peiraudère ung ruissea d'ayve entre deux, d'autre au tenement de la Goychonnère, d'autre au grant chemin par où l'on vait du Luc à Legé, d'autre au tenement de la Gauterie, et d'autre au tenement de la Savarière ; pour icelluy lieu et herbregement avoir, tenir perpetuellement dud. mouster Saint Jehan d'Orbestier par led. Peiraudea et les siens, pour le priz et somme de six livres en deners monnoie courante de rente ou ferme perpetuelle estre renduees et payées en avent perpetuellement dud. Michea Peiraudea et des siens aud. reverend père, à ses successeurs religieux abbé et convent dud. mouster et qui d'eulx auront cause et dedans icelluy mouster par chacun an en chacun dymenche que on chantet en saincte eglise Quasi modo, premier dymenche emprès Pascques... (Cart. n° 330) (Arch. hist. du B.- Poitou, VI, p. 441).

Pendant les guerres de religion, la paroisse des Lucs eut à souffrir plusieurs fois des excès des Calvinistes. L'église de Saint-Pierre fut deux fois prise et pillée. La première dévastation eut lieu en 1553, et la seconde au 31 mars 1568. A cette dernière date, les deux églises et les deux presbytères furent brûlés et ruinés tout à fait, ainsi que l'église de Beaufou.
Le prieur Louis Buet, qui se trouvait alors à Saint-Pierre du Luc, déclare, dans une plainte adressée à l'évêque de Luçon et au gouverneur du Poitou, que le 1er août 1564, Jean Leroux, seigneur de la Drugière, accompagné de quatre-vingts hommes à cheval et armés, sont entrés dans l'église, y ont mis leurs chevaux pendant deux jours et ensuite en ont brûlé la porte.
Après cette profanation sacrilège, cette bande de pillards se rendit chez les métayers du prieur et, leur mettant la dague sous la gorge, ces forcenés juraient exécrablement le nom de Dieu et vociféraient qu'ils voulaient couper la gorge du prieur et du curé, parce que ceux-ci continuaient le service romain.
A la suite de ces excès, le curé crut devoir se sauver. Un mois après, les Protestants, persuadés que le prieur Buet était toujours demeuré au Luc, revinrent avec l'intention formelle de le tuer. Ils tirèrent en effet contre lui plusieurs coups de feu, mais leur victime réussit à s'échapper et à se cacher pendant six jours dans la tour de l'église. Durant cette expédition, une vieille femme fut violée avec des circonstances atroces. (Voir Louis BROCHET, Guerres de Religion, t. I, p. 115).
Terminons cet aperçu général sur l'ancienne histoire des Lucs par quelques notes extraites d'un manuscrit laissé par Barbedette, ancien curé de la paroisse, avant et pendant la Révolution.
"En 1787, dans le Grand-Luc, il y avait quatre cents feux, deux mille cinquante habitants, mille quatre cent quatre-vingt-dix grandes personnes, cinq cent soixante petites qui n'avaient pas communié. La même année, le boisselage payé est monté à trois cents boisseaux de seigle et froment, soixante-quatre boisseaux de mil, trente-trois ménages n'avaient pas payé.

La métairie de la Guénière, dépendante de la cure, a donné, en 1787, cinquante boisseaux de froment, mesure de Rocheservière, trente-trois de mil, neuf de blé noir, sept d'avoine, quatre de baillarge, vingt-cinq livres pour les bœufs, vingt-quatre pour les brebis, trente-trois pour un bodet, vingt pour une vache.
En 1788, M. le Curé a reçu soixante-neuf écus pour boisselage".
Rentes en blé, cire, argent, dues à la cure de Saint-Pierre des Lucs, toujours payées jusqu'au moment où la Révolution est venue tout bouleverser et tout détruire en France, en 1789 :
"Sur le village des Temples, dix boisseaux et demi, dont huit de seigle et deux et demi de froment, mesure du Luc, vendables à la cure, échus le 15 août.
Sur le village…. par les anciens seigneurs du Plessis-Buet en le Luc, à charge d'être recommandés aux prières du prône, chaque premier dimanche du mois.
Huit boisseaux de seigle, mesure du Luc, sur la Rogerie, audit terme requérable sur le lieu, pour la charge des prières nominales, chaque premier dimanche du mois.
Six boisseaux de seigle, mesure du Luc, sur la métairie de la Bugelière, même échéance et même charge.
Un boisseau de seigle, mesure du Luc, et trois livres quatre sols par an, au terme de mi-août, payables par les fermiers du village du Puy, même charge.
Un boisseau de froment, mesure du Luc, sur la Chasselandière, terme de, mi-août, mêmes charges de prières nominales.

Seize livres, treize sols, quatre deniers de rente, terme de Noël, sur les héritiers de Bedois, Renault et Jousseaume.
Un boisseau de seigle, mesure du Luc, à la Guionnière, par un Jean Renaud, même charge.
Quatre boisseaux de seigle sur les Repos, à la mi-août, dont trois par les héritiers de François Martin, à cause d'un champ cédé pour cela par les anciens seigneurs du Plessis-Buet, un boisseau par Louis Bouteau, mêmes charges, prières nominales.
Un boisseau de seigle, mesure du Luc, de mi-août, sur la Pommeraie.
Un boisseau de seigle, mesure de Palluau, par le seigneur du Retail, même terme, même charge.
Deux boisseaux de seigle, mesure de Rocheservière, avec Garreau de la Cernetière, qui en doit un tiers de boisseau sur la métairie de Taillepied,
Quatre livres en argent, dues par les héritiers de Jacques Martin, propriétaire de Taillepied, résidant au Chef-de-Pont, pour une pièce cédée par le curé du Luc.
L'Etelière, trente sols de rente sur les héritiers de Jean Caillaud, pour terres données.
Deux boisseaux de seigle, mesure du Luc, sur la métairie de la Rousselière, même terme et charge. Trente livres de rente dues par Pierre Graton de la Daonière, pour des terres au lieu de l'Erzandière,
cédées par Me Etienne Rousseau, curé de Saint-Michel-en-l'Herm, pour services.
Un boisseau de seigle, mesure du Luc, par Pierre Bouteau de la Brosse, pour prières nominales, Deux boisseaux de seigle dus par Joseph Rocheteau sur la métairie de la Jaumerie, et par Jacques Fort de la Grand-Guénière
Un boisseau de froment, mesure du Luc, sur le bordage de la Petite-Guénière, affecté sur le pré nommé de la maison.
Deux boisseaux de seigle, mesure du Luc, sur la Moricière, sur les héritiers de Rousseau et de Mareteau.
Deux boisseaux de seigle, mesure de Rocheservière, dus sur la métairie de la Vrignaud à la Graizaudière et à la Fossière, par donation de M. Jean Tessier, avocat.
Deux boisseaux de seigle, mesure de Rocheservière, au terme de mi-août, dus sur la Dupetière en Legé, ont été payés jusqu'en 1788 par le sieur Gouin, du bourg de Legé.
Quatorze livres de cire de rente seigneuriale par abonnement, dus par an à la Toussaint par les possédant-fonds de la Rellière en Beaufou".
Aux rentes mentionnées ci-dessus, il faut encore ajouter les suivantes : La Favrie, un boisseau de seigle.
M. de Goulard, au château du Retail, un boisseau de froment.
Jean Coutaud à Taillepied, deux boisseaux de seigle, mesure de Rocheservière. Nicolas Bouhier, à la Rousselière, deux boisseaux de seigle,
La Cornuire, un boisseau de froment.
Pierre Piard, à Landenoire, un demi boisseau,
Maurice Micheneau, métayer à, la Petite-Roche, un demi-boisseau seigle. Jean-Etienne Bouhier, deux boisseaux.
Pierre Guittet de la Durantière, trois livres.
Jean Simonneau, à la Bugelière, un boisseau de seigle. Nicolas Daviaud, au Chef-du-Pont, quarante livres de taille.

Les Lucs pendant la Révolution

On sait que la Convention, sur la proposition de Turreau, avait organisé, pour la destruction de la Vendée, ces fameuses colonnes incendiaires, dites colonnes infernales. Elles étaient au nombre de douze, formant un effectif de soixante mille hommes. Les instructions données aux généraux étaient rédigées en ces termes :
"On emploiera tous les moyens de découvrir les rebelles ; tous seront passées au fil de la baïonnette ; les villages, métairies, bois, landes, genêts, et tout ce qui peut être brûlé, seront livrés aux flammes". (Vendée Patriote, IV, p. 250).
La consigne infernale ne fut que trop bien remplie par les féroces bourreaux de la Convention, et pendant un mois, à partir du 20 janvier 1794, la Vendée fut continuellement éclairée par la flamme des bûchers, et elle devint comme un cimetière immense.

Aussitôt qu'un coup de fusil annonçait l'arrivée de la colonne dévastatrice, les pauvres paysans s'écriaient, glacés de terreur : "Entendez-vous l'horloge de la mort ?" Et saisissant leurs dernières provisions, entraînant leurs femmes, leurs enfants, leurs malades, poussant devant eux leurs bestiaux, ils couraient, à travers les genêts et les chemins creux, se cacher dans des retraites qui souvent ne les préservaient guère de la fureur de leurs ennemis.

Ce fut une colonne de ces égorgeurs qui, le vendredi 28 février 1794, passa sur le territoire des Lucs et fit une affreuse boucherie, immolant quatre cent quatre-vingt-cinq victimes, dont plus d'un tiers n'étaient que des enfants 5.
Ce massacre fut suivi d'un autre non moins épouvantable, quelques jours après. Les malheureux survivants, fuyant devant la fureur des assassins, s'étaient réfugiés dans les broussailles de la Vivantière, village de la commune de Beaufou. Affolés de terreur, ils avaient négligé les précautions les plus élémentaires de la prudence et n'avaient pas de sentinelles pour signaler l'arrivée de leurs ennemis. Or, le matin du 5 mars, pendant qu'ils prenaient leur déjeuner, ils virent fondre soudain sur eux une colonne républicaine. C'était une troupe de soldats, sous les ordres d'Haxo, à la recherche de Charette qu'elle voulait surprendre dans son quartier général de Legé. Cependant, malgré cette surprise, les Vendéens se ressaisissent et songent à vendre chèrement leur vie. Les plus valides prennent leurs armes au plus vite et font face à l'ennemi. En même temps, ils crient aux femmes, aux enfants et aux blessés de se dérober en toute hâte à leurs bourreaux et de courir au sanctuaire vénéré de Notre Dame du Luc. Pendant que cette foule éplorée fait entendre les plus douloureux gémissements aux pieds de l'image de Marie, les guerriers des Lucs se battent comme des lions contre ceux qui ont égorgé leurs femmes et leurs enfants.
Ils eussent cependant été écrasés par le nombre, ainsi que tous les braves des paroisses environnantes, accourus à leur secours, si Charette, en marche pour joindre Guérin dans les environs de la Vivantière, n'eût entendu la fusillade et ne fût arrivé promptement sur le champ de bataille ; si Guérin, à la tête de ses Paydrets, n'eût opéré sa jonction avec Charette et décidé de la victoire.
L'armée républicaine, heurtée avec toute l'impétuosité de l'héroïsme, fut divisée, et l'une de ses colonnes, trop avancée pour opérer son mouvement de retraite, fut entièrement anéantie. Les quatorze derniers cavaliers ont trouvé leur tombeau dans le jardin du château du Retail, près Legé.
Quant à l'autre, commandée par Haxo lui-même, elle se retira en bon ordre, se dirigea vers la Chevasse, continuant partout son système d'extermination. Elle fit main basse sur tout ce qu'elle rencontra. Les paysans, les bourgeois, les femmes, les enfants, les pauvres, les riches ; ceux même qui étaient munis de certificats de civisme ne furent pas épargnés. Un prêtre attaché à la chapelle du Petit- Luc fut assassiné dans le village de la Malnay, à peu de distance du sanctuaire. Un instant après, ceux qui avaient égorgé le pasteur immolaient le troupeau devant l'image de Marie. Ils renversaient l'autel et mettaient le feu au monument. Leurs derniers coups de canon dirigés contre le temple de Dieu parti- rent, ainsi que l'ont souvent raconté les vieillards, du chêne du Quati-Fort, d'où ils pouvaient encore jeter un dernier coup d'œil sur le théâtre fumant de leurs exploits.
La moitié plus un des habitants périrent dans cette sanglante hécatombe ; et les fils de ces victimes immolées par le glaive révolutionnaire, épuisés de fatigue et criblés de blessures, ne purent rendre les derniers devoirs de la sépulture à leurs morts que plus d'un mois après le massacre. On réunit les restes de tant d'infortunés, de tant de héros, tombés en combattant pour la sainte cause de Dieu, du Roi et de l'ordre social. On les déposa dans une fosse commune, sous les décombres du sanctuaire détruit.
C'est là qu'en 1863, ces ossements précieux ont été découverts, enlacés encore du scapulaire du Sacré-Cœur et du rosaire dont ces pieux chrétiens s'étaient servis pour murmurer leurs dernières prières. Quelques-unes des balles qui les avaient frappés se trouvaient aussi mêlées à leurs cendres". (Chapelle de N.-D. des Lucs, par M. l'abbé Bart).
Qu'on nous permette maintenant de donner quelques notes rédigées par un témoin de ces horribles massacres. Ces notes sont de M. Barbedette, curé des Lucs pendant la Révolution. Les voici dans leur émouvante simplicité.

5 Déjà, le 24 décembre 1793, les Lucs avaient vu passer les soldats républicains. Le général Dufour s'empara des deux Lucs et fit sa jonction, en cet endroit, avec l'adjudant-général Guillaume qui, la veille, avait pris Rocheservière, à la tête de 1200 hommes (Vendée patriote, III, 391)

Martyrologe des habitants des Lucs assassinés le vendredi 28 février 1794


Non compris le nombre des victimes du combat de la Vivantière et des massacres de la chapelle du Petit-Luc, le 5 mars.

Année 1794.

Noms, surnoms, âges et domiciles des personnes massacrées en la paroisse du Grand Luc par les ennemis de l'autel et du trône, le vendredi 28 février 1794 :

1. Pierre Robin, âgé d'environ soixante-dix-sept ans, à Loranderie.
2. Jeanne Perrocheau, âgée de soixante-neuf ans, femme Robin, à Loranderie.
3. Pierre Robin, âgé d'environ quarante ans, fils des susnommés.
4. Marie Paudeau, âgée de cinquante-quatre ans, fille de feu Paudeau, de Loranderie.
5. Louis Tertereau, fils de Louis Tertereau, tué à Legé.
6. René Louis, laboureur, âgé de soixante-dix-sept ans, à la Planche.
7. Jeanne Savariau, fille de Nicolas Savariau, à la Sorinière, âgée de cinq ans.
8. Pierre Cavoleau, de la Sorinière, tué à Legé, à soixante-dix ans.
9. Marie-Anne Fort, âgée de trente-deux ans, femme de Louis Erceau, de la Sorinière.
10. Françoise Robin, veuve de Louis Fort, âgée de cinquante-six ans, à la Sorinière.
11. Jean Erceau, fils de Louis Erceau, âgé de deux ans, à la Sorinière.
12. Jean Forgeau, fils de Jean Forgeau, âgé de quarante-deux ans, à la Sorinière.
13. Jeanne Forgeau, fille de Jean Forgeau, âgée de quarante-quatre ans, sœur de Jean Forgeau.
14. Marie Rotais, fille de Jean Bossis, âgée de soixante-douze ans, au bourg du Luc.
15. Pierre Bossis, son fils, âgé de quarante-cinq ans, au bourg du Luc.
16. Pierre Bossis, fils dudit Pierre Bossis, quatorze ans.
17. Jean Bossis, son frère, âgé de onze ans.
18. Joseph Bossis, son frère, âgé de quatre ans.
19. Louis Bossis, autre frère, âgé de cinq ans.
20. François Bossis, autre frère, âgé de cinq mois, au bourg.
22. Marie Bossis, veuve de Jean Giraud, âgée de cinquante ans.
23. Charles Guibert, fils de Gabriel Guibert, à la Sorinière, sept ans.
24. Joseph Giraud, âgé de cinquante ans, à la Bernerie.
25. Marie Giraud, sa fille, âgée de neuf ans.
26. Louise Bossis, fille de feu Jean, âgée de trente-quatre ans, au bourg.
27. Marie Paudau, âgée de quarante-cinq ans, au Retail.
28. François Paudau, fils d'André, âgé de vingt-deux ans, à la Faverie.
29. Louis Fétivau, âgé de quarante-quatre ans, laboureur, à la Picaudière.
30. Marie Fétivau, fille de feu Philippe Fétivau, âgé de cinquante-deux ans, à la Picaudière.
31. Louise Fétivau, fille de feu Louis, âgée de huit ans, à la Picaudière.
32. Jacques Malidin, laboureur, âgé de soixante-neuf ans, à la Picaudière.
33. Françoise Malidin, sa fille, âgée de vingt-neuf ans.
34. Jean Giraudet, fils de Gabriel Giraudet, âgé de vingt-six ans, à la Cornetière.
35. Louis Fargeau, laboureur, âgé de quarante-deux ans, à Villeneuve.
36. Thomas Ariau, fils de Pierre, âgé de dix mois, à Villeneuve.
37. Pierre Vrignaud, fils de feu François, âgé de dix-huit ans, au bourg.
39. François-Dominique Vrignaud, laboureur, âgé de cinquante-cinq ans, au bourg.
40. François Bardet, régent, âgé de vingt-deux ans, au bourg.
41. Anne Renaudin, femme de Joseph Raison, âgée de trente-sept ans, au bourg.
42. Pierre Prévit, laboureur, âgé de cinquante ans, à Villeneuve.
43. François Prévit, laboureur, âgé de soixante-douze ans, père dudit Pierre, à Villeneuve.
44. Marie Prévit, fille dudit Pierre, à Villeneuve, six ans.
45. Rose Prévit, sa sœur, dix mois.
46. Louise Vrignaud, fille d'Étienne, âgée de vingt-deux mois, à la Ricoulière.
47. Jeanne Mandin, femme de Jean Bernard, de la Jarrie, quarante ans.
48. Marie Mandin, femme de Pierre Bernard, la Jarrie, trente-huit ans.
49. Marie Bernard, fille de Jean-Louis Bernard, âgée de trente-trois ans, à la Jarrie.
50. Marie Bernard, fille de Jean Bernard, âgée de trois ans, à la Jarrie.
51. Marie Vrignaud, veuve de Joseph Vrignaud, âgée de quatre-vingt-quatre ans, à la Cornetière.
52. Jean Maillaud, laboureur, âgé de cinquante ans, à Villeneuve.
53. Marie-Anne Joli, femme de Jacques Fournier, âgée de quarante-cinq ans, au bourg du Luc.
54. Jacques Fournier, son fils, âgé de cinq ans.
55. Marie-Anne Fournier, sa sœur, âgée de deux ans.
56. Louis Borget, de la Guionnière, laboureur, âgé de soixante-seize ans.
57. Jeanne Bernard, femme de Louis Borget, âgé de soixante ans.
59. Marie Borget, leur fille, âgée de trente-trois ans.
60. Anne Martin, veuve de Louis Borget, âgée de quarante-deux ans, à la Guionnière.
61. Marie Michau, femme de Pierre Calau, du Petit-Luc, âgée de cinquante-sept ans.
62. Jean Bériau, laboureur, âgé de cinquante-trois ans, à la Grézaudière.
63. Marie Pogu, femme de Jean Sorin, charpentier, âgée de cinquante-deux ans, au bourg.
64. Renée Sorin, fille dudit Jean, âgée de treize ans, au bourg.
65. Pierre Barré, laboureur, âgé de soixante-douze ans, à la Guionnière.
66. Jeanne Mémaud, femme de Pierre Barré, âgée de soixante-six ans, à la Guionnière.
67. Perrine Barré, veuve de Pierre Charruau, de Mormaison, trente-huit ans.
68. Marie-Anne Charruau, fille dudit Pierre, âgée de quatre ans.
69. Marie Charruau, seconde fille dudit Pierre, âgée de deux ans, à la Guionnière.
70. Jean Rortais, laboureur, âgé de soixante-neuf ans à la Guionnière.
71. Marie Douzanic, femme de Jean Rortais, âgée de soixante ans, à la Guionnière.
72. François Rortais, fils dudit jean Rortais, âgé de trente-quatre ans, à la Guionnière.
73. Marie Rortais, fille dudit Jean Rortais, âgée de vingt ans, à la Guionnière.
74. Marie-Anne Rortais, fille de Jean Rortais, âgée de quatre ans, à la Guionnière.
75. Jean Pogu, âgé de quarante-deux ans, laboureur, à la Prelinière.
76. Marie Minaud, femme dudit Jean Pogu, âgée de trente-huit ans, à la Prelinière.
77. Jeanne Minaud, veuve de Pierre Pogu, âgée de quarante ans, à la Prelinière.
78. Jeanne Pogu, fille de feu Pierre, âgée de dix-huit ans, à la Prelinière.
79. Marie Pogu, fille de Jean Pogu, âgée de dix-sept ans, à la Prelinière.
80. Madeleine Pogu, fille dudit Jean Pogu, âgée de neuf ans, à la Prelinière.
81. Jean Pogu, fils dudit Jean Pogu, âgé de cinq ans, à la Prelinière.
82. Pierre Pogu, fille dudit Jean Pogu âgé de deux ans, à la Prelinière.
83. Marie Mandin, femme de René Pogu, venue de Mormaison, âgée de cinquante-six ans.
84. Marie Pogu, sa fille, âgée de vingt ans.
85. Marie Grézaud, fille de Jean Grézaud, au bourg de Mormaison, vingt ans.
86. Marie Bouhier, femme d'André Minaud, âgée de trente-cinq ans, à la Davière.
87. Renée Baranger, veuve de Charles Minaud, âgée de soixante-douze ans, à la Davière.
88. Renée Minaud, fille de feu Charles Minaud, âgée de trente-deux ans, â la Davière.
89. Véronique Minaud, fille d'André Minaud, âgée de sept ans, à la Davière.
90. André Minaud, fils d'André Minaud, âgé de quatre ans, à la Davière.
91. Jeanne Minaud, fille d'Andrée Minaud, âgée de quinze mois, à la Davière.
92. Pierre Minaud, fils de Pierre Minaud, âgé de quatre ans, à la Davière.
93. François Pechereau, laboureur, âgé de soixante-douze ans, à la Guionnière.
94. Perrine Rortais, femme de François Pechereau, âgée de soixante-huit ans, à la Guionnière.
95. Marguerite Pechereau„ fille de François, âgée de trente ans, à la Guionnière.
96. Jean Malidin, fils de feu Vincent, du Prieuré du Luc, âgé de vingt-six ans.
97. Jacques Creté, journalier, âgé de vingt-sept ans, au bourg du Luc.
98. Marie Malidin, femme de Jean Mandin, âgée de trente-quatre ans, au bourg du Luc.
99. Pierre Mandin, fils de Jean Mandin, âgé de huit ans, au bourg.
100. Louis Mandin, fils de Jean Mandin, âgé de cinq ans, au bourg.
101. Joseph Mandin, fils de Jean Mandin, âgé de dix-neuf mois, au bourg.
102. Catherine Simoneau, veuve de Pierre Malidin, âgée de cinquante-cinq ans, à la Sauzaie.
103. Marie Malidin, fille de Pierre Malidin, âgée de trente-deux ans, à la Sauzaie.
104. Charles Mérieau, femme de Mathurin Malidin, âgée de vingt-neuf ans, à la Primaudière.
105. Marie Malidin, fille de Mathurin, âgée de quatre ans, à la Primaudière.
106. Jean Malidin, fils dudit Mathurin, âgé de dix-huit ans, à la Primaudière.
107. Jeanne Malidin, fille de feu François Malidin, âgée de trente-huit ans, au Petit Luc.
108. Anne Malidin, fille aussi de feu François, âgée de quarante-quatre ans, au Petit-Luc.
109. François Malidin, laboureur, âgé de soixante-douze ans, au bourg du Luc.
110. Jeanne Ordonneau, femme de Pierre Voyneau, âgée de quarante-trois ans, au Champ-Dolent.
111. Jeanne Voyneau, fille de Pierre, âgée de huit ans, au Champ-Dolent.
112. Marie-Anne Volard, veuve de Pierre Bériau, âgée de soixante ans, au Petit-Luc.
113. Louis Bériau, fils de feu Pierre, âgé de vingt-six ans, au Petit-Luc.
114. Jeanne Bériau, fille de Pierre, âgée de trois ans, au Petit-Luc.
115. Marie Gralepois, fille de René, âgée de huit ans, à la Grezaudière.
116. Louis Gralepois, fils de René, âgé de treize mois, à la Grézaudière.
117. Modeste Rabillé, veuve de Pierre Bériau, âgée de soixante-sept ans, au Petit-Luc.
118. Jeanne Bériau, veuve de Louis Daviau, âgée de trente ans, au Petit-Luc.
119. Pierre Daviau, fils de Louis, âgé de cinq ans, au Petit-Luc.
120. Jeanne Daviau, fille de Louis, âgée de deux ans, au Petit-Luc.
122. François Bouteau, fils de feu Nicole, âgé de vingt-sept ans, à la Rogerie.
123. René Minaud, laboureur, âgé de quarante-huit ans, au Bregeon.
124. Jeanne Métaireau, femme de René Minaud, âgée de quarante-quatre ans, au Bregeon.
125. Marie Minaud, âgée de vingt-et-un ans, au Bregeon.
126. Jeanne Minaud, âgée de treize ans, au Bregeon.
127. Marie-Anne Minaud, âgée de dix ans, au Bregeon.
128. Pierre Minaud, âgé de sept ans, au Bregeon.
129. Jean Minaud, âgé de six ans, au Bregeon.
130. Louise Minaud, âgée de quinze jours, au Bregeon.
140. Louise-Marie-Minaud, âgée de quinze mois, au Bregeon, tous enfants de René Minaud.
141. Jeanne Morillaud, femme de Jean Renaud, âgée de trente-sept ans, à la Nouette.
142. Jeanne Renaud, fille de Jean, âgée de quatre ans, à la Nouette.
143. Anne Morillaud, femme de Pierre Renaud, âgée de trente-huit ans, à la Nouette.
144. Catherine Renaud, fille de Pierre, âgée de quatre ans, à la Nouette.
145. Pierre Renaud, fils dudit Pierre, âgé de dix-huit mois, à la Nouette.
146. Jean Morillaud, fils de feu Mathurin, âgé de vingt-huit ans, à la Nouette.
147. Catherine Morillaud, fille de feu Louis Morillaud, âgée de cinquante ans, à la Nouette.
148. Jeanne Boutaud, femme de feu Jean Renaud, âgée de soixante ans, à la Nouette.
149. Louis Morillaud, laboureur, âgé de cinquante-deux ans, à la Primaudière.
150. Marie Trichet, femme de Louis Morillaud, âgée de cinquante ans, à la Primaudière.
151. Marie Morillaud, fille de Louis Morillaud, âgée de dix-neuf-ans, à la Primaudière.
152. Céleste Morillaud, fille de Louis, âgée de sept ans, à la Primaudière.
153. Anne Morillaud, fille de Louis, âgée de deux ans, à la Primaudière.
154. Jeanne Blanchard, femme de Pierre Gris, âgée de trente-deux ans, à la Cernetière.
155. Pierre Gris, fils de Pierre, âgé de cinq ans, à la Primaudière.
156. Jeanne Gris, fille de Pierre, âgée de cinq mois, à la Primaudière.
157. Marie Perrocheau, femme de François Remaud, âgée de vingt-six ans, à la Sorinière.
158. Jacques Bériau, fils de Jacques Bériau, âgé de quarante-huit ans, à Roblin.
159. Jacques Bériau, fils dudit Jacques, âgé de huit ans, à Roblin.
160. Marie Bériau, fille dudit Jacques, âgée de huit ans, à Roblin.
161. Marie Renaud, fille de feu Jacques Renaud, âgée de cinquante-six ans, à la Brosse.
162. Jacquette Fèvre, femme de Jean Renaud, âgée de quarante ans, à la Brosse.
163. Pierre Renaud, âgé de dix-sept ans.
164. Jean Renaud, âgé de quinze ans.
165. Marie Renaud, âgée de douze ans.
166. Pierre Renaud, âgé de sept ans.
167. Marie-Anne Renaud, âgée de quatre ans, tous enfants dudit Jean Renaud, de la Brosse.
168. Jean Gréau, laboureur, âgé de cinquante-six ans, à la Cormuère.
169. Nicolas Guitet, laboureur, âgé de soixante-six ans, à Beauvillage.
170. Pierre Bériau, fils de feu Pierre, âgé de vingt-huit ans, à la Seurie.

171. Jacques Bériau, son frère, âgé de vingt-deux ans, à la Seurie.
172. Jean Moinet, laboureur, âgé de soixante-trois ans, au Jarry.
173. Pierre Moinet, fils de Jean, âgé de trente-trois ans, au Jarry.
174. Marie Airiau, fille de Pierre, âgée de cinq ans, à la Ricoulière.
175. Jean Simonau, âgé de soixante-dix ans, à la Bugelière.
176. Jeanne Malidin, femme de Jean Simonau, âgée de soixante-trois ans, à la Bugelière.
177. Marie-Anne Magaud, femme de Michel Simonau, à la Bugelière.
178. Perrine Simonau, fille de Michel, âgée de huit mois, à la Bugelière.
179. Jean Simonau, fils de Jean, âgé de quarante ans, à la Bugelière.
180. Jeanne Fort, femme de Jean Simonau, âgée de quarante-cinq ans, à la Bugelière.
190. Marie Simonau, fille de feu Jean, âgée de dix-neuf ans, à la Bugelière.
191. Joseph Simonau, fils dudit Jean, âgé de dix-huit mois, à la Bugelière.
192. Jacques Simonau, fils dudit Jean, âgé de dix-huit mois, à la Bugelière.
193. Perrine Simonau, fille de Jean, frère du susdit Jean, âgée de vingt-trois ans, à la Brugère.
194. Jeanne Simonau, femme de Jacques Martin, âgée de vingt-sept ans, à la Moricière.
195. Véronique Martin, fille de Jacques, âgée de un an, à la Moricière.
196. Pierre Simonau, fils de Jean, frère du susdit Jean, quarante-et-un ans, à la Moricière.
197. Jeanne Simonau, femme de Pierre Simoneau, âgée de trente-sept ans, à la Moricière.
198. Marie-Anne Simonau, fille de Pierre, âgée de dix-neuf ans.
199. Perrine Simonau, âgée de quatorze ans.
200. Jean Simonau, âgé de cinq ans.
201. Pierre Simonau, âgé de six mois, tous enfants de Pierre Simonau de la Moricière.
202. Marie Malidin veuve de Pierre Mériau, âgée de cinquante-cinq ans, au Puits.
203. Marie Meriau, fille de Pierre, âgée de vingt-cinq ans, au Puits.
204. Jean Renaud, âgé de dix ans, fils de Jean, à Bourgneuf.
205. Rose Remaud, fille de Jean, âgée de cinq ans, à Bourgneuf.
206. Marie Dodin, femme de Jean Remaud, farinier, âgée de soixante-six ans, à Lavaud.
207. François Savariau, laboureur, âgé de cinquante-cinq ans, à la Cornetière.
208. François Savariau, fils de François, âgé de trente-quatre ans, à la Cornetière.
209. Jean Vrignaud, laboureur, âgé de soixante ans, à la Cornetière.
210. Jean Vrignaud, fils de Jean, âgé de trente ans.
211. Jean-Baptiste Vrignaud, fils dudit Jean, âgé de quatre ans, à la Cornetière.
212. Marie-Jeanne-Vrignaud, fille dudit Jean, âgée de trois ans, à la Cornetière.
213. Pierre Bonin, laboureur, âgé de cinquante ans, au Puiberne.
214. Pierre Erceau, fils d'André, âgé de trente-sept ans, à la Devinière.
215. Marie Erceau, femme de Louis Charrier, âgée de trente-trois ans, à la Devinière.
216. Marie Malidin, femme de Jean Daviau, âgée de trente-et-an ans, à la Rezandière.
217. Pierre Daviau, fils de Jean, âgé de six ans, à la Rezandière.
218. Renée Daviau, fille de Jean, âgée de un mois, à la Rezandière.
219. Perrine Guitet, femme de Louis Daviau, âgée de soixante-six ans, à la Guénière.
220. René Mignen, fils de François, âgé de onze ans, à la Picaudière.
221. Jeanne Robin, fille de Jacques Robin, âgée de cinq ans, à la Retardière.
222. Marie Fort, femme de Pierre Girard, âgée de trente-sept ans, à Chef-du-Pont.
223. Pierre Girard, fils dudit Pierre, âgé de six ans, à Chef-du-Pont.
224. Marie-Jeanne Girard, âgée de quatre ans, à Chef-du Pont.
225. Jean Girard, âgé de un an, tous enfants de Pierre Girard, du Chef-du-Pont.
226. Jean Sorin, laboureur, âgé de vingt-huit ans, à la Bromière.
227. Marie Martin, femme de Jean Sorin, âgée de trente ans, à la Bromière.
228. Jean Sorin, fils de Jean, âgé de quatre ans, à la Bromière.
229. Jacques Sorin, fils de Jean, âgé de cinq mois, à la Bromière.
230. Catherine Martin, femme de Pierre Joli, âgée de trente-six ans, à la Bromière.
231. Marie Anne Joli, fille de Pierre, âgé de deux ans, à la Bromière.
232. François Martin, fils de Jean Martin, âgé de vingt-sept ans, à la Bomière.
233. Louis Geai, âgé de vingt-huit ans, au Temple.
234. Louise Bernard, femme de Louis Geai, âgée de trente-sept ans, au Temple.

235. Jean Geai, fils de Louis, âgé de huit ans, au Temple.
236. Pierre Geai, âgé de deux ans, au Temple.
237. Jeanne Geai, femme de Pierre Gouin, âgée de trente ans, au Temple.
238. Pierre Gouin, fils de Pierre Gouin, âgé de un an, au Temple.
239. Pierre Hiou, laboureur, âgé de soixante-seize ans, au Petit-Luc.
240. Marie Hiou, fille de Pierre, âgée de quarante-deux ans.
241. Marie-Anne Hiou, femme de Louis Soret, âgée de trente-huit ans.
242. Henri Soret, fils de Louis, âgé de deux ans, au Petit-Luc.
243. Catherine Voisin, veuve de Nicolas Taillé, âgée de soixante ans, au Bourgneuf.
244. Renée Taillé, femme de Jean Hiou, âgée de trente-huit ans, à Bourgneuf.
245. Louis Hiou, fils de Jean, âgé de deux ans, à Bourgneuf.
246. Pierre-Joseph Caillé, chirurgien, âgé de trente. sept ans, au bourg du Luc.
247. Raimond Gilaizeau, journalier, âgé de soixante ans, au bourg du Luc.
248. Louise Gauvrit, femme de Raimond Gilaizeau, âgée de cinquante-quatre ans, au bourg.
249. Jeanne Gilaizeau, femme de Raimond, âgée de trente ans, au bourg.
250. Charles Chariau, âgé de soixante-six ans, à la Primaudière.
251. Julien Charles Texier, âgé de soixante-six ans, à la Gaconnière, âgé de trente ans.
252. Marie Rortais, femme de Jean-Charles Texier, à la Gaconnière, âgée de trente ans.
253. Louise-Marie Texier, fille de Julien-Charles-Etienne Texier, âgée de trente-trois ans.
254. Louise-Jeanne Rortais, fille de Pierre Rortais, âgée de vingt-sept ans, à la Gaconnière.
255. Pierre Malidin, laboureur, âgé de soixante-six ans, à la Gaconnière.
256. Pierre Malidin, fils de Pierre, âgé de quarante-six ans.
257. Jeanne Rortais, femme de Pierre Malidin, âgée de cinquante ans.
258. Catherine Martin, femme de Pierre Malidin, âgée de soixante ans.
259. Magdeleine-Catherine Malidin, fille de Pierre, le fils, âgée de dix-neuf ans.
260. Jeanne Malidin, âgée de dix-sept ans.
261. Louise Malidin, âgée de treize ans.
262. Marie Malidin âgée, de neuf ans, toutes enfants de Pierre Malidin et de Jeanne Rortais, à la
Gaconnière.
263. Jeanne Malidin, femme de Thomas Rousseau, âgée de quarante-trois ans.
264. Jeanne Rousseau, âgée de trois ans.
265. Victoire-Céleste Rousseau, âgée de onze mois, fille dudit Rousseau, de la Gaconnière.
266. Pierre Boisselau, laboureur, âgé de cinquante-trois ans, à la Guionnière.
267. Jean Boisseleau, fils de Pierre, âgé de sept ans, à la Guionnière.
268. Pierre Vincent, fils de Jean Vincent, âgé de trente-quatre ans, à la Gaconnière.
269. Louise Vincent, fille de Jean, âgée de quarante ans, à la Gaconnière.
270. Louise Martin, femme de Pierre Rousseau, âgée de quarante ans, à la Gaconnière.
271. Louis Rousseau, fils de Pierre, âgé de huit ans, à la Gaconnière.
272. Jean Rousseau, âgé de six ans, à la Gaconnière.
273. Jeanne Rousseau, âgée de quatre ans, tous enfants dudit Pierre, à la Gaconnière.
274. Pierre Fétivau, laboureur, âgé de trente-cinq ans, à la Gaconnière.
275. Louis Fétivau, fils de Pierre, âgé de vingt-deux ans, à la Gaconnière.
276. Marie-Anne Rousseau, femme de Michel Fétivau, âgée de trente-deux ans, à la Gaconnière.
277. Pierre Fétivau, âgé de deux ans et demi.
278. Un autre garçon, anonyme, sans baptême, âgé de trois mois, enfant de Michel Fétivau,
égorgé à la Gaconnière.
279. Jacques Graton, laboureur, âgé de quarante-quatre ans, à la Gaconnière.
280. Anne Corneteau, femme de Jacques Graton, âgée de quarante-six ans, à la Gaconnière.
281. Jean Graton, fils de Jacques, âgé de vingt-deux ans, à la Gaconnière.
282. Jacques Lansier, de Palluau, âgé de soixante-neuf ans, tué à la Gaconnière.
283. Pierre Quérau, fils de feu Louis Quérau, âgé de trente-quatre ans, au bourg du Luc.
284. Jacques Quérau, fils de feu Louis, âgé de vingt-sept ans, au bourg du Luc.
285. Marie Mercier, veuve de Jacques Mercier, sénéchal, âgée de soixante-neuf ans, au bourg du
Luc.
286. Charlotte Mercier, de Bois-Masson, fille, âgée de cinquante-neuf ans.
287. Louise Mercier, sa sœur aînée, âgée de soixante-quatre ans, au bourg du Luc.
288. Agathe Arnaud, fille de Jacques Arnaud, de Belleville, âgée de quatre ans, au bourg du Luc.
289. Dlle Françoise-Bonne Mercier de la Pairaudière, fille, âgée de soixante ans.
290. Lubine Guillet, fille du sieur Guillet, et Georges de Montaigu, six ans.
291. Jacques- Victor Mercier, fils du sénéchal, âgé de trente-six ans, au bourg du Luc.
292. Pierre Dabin, laboureur, dépendant Georges, domestique à la Petite-Brosse.
293. Jeanne Martin, fille de Louis, âgée de dix-neuf ans, à la Brosse.
294. Joseph Archambaud, fils de Pierre, âgé de vingt mois, au Puiberne.
295. Frangoise Yvernogeau, fille de feu Pierre, âgée de trente ans, au Puiberne.
296. Anne Morineau, fille de François, âgée de vingt-huit ans, à la Fuie.
297. Anne Graton, veuve d'Etienne Monnereau, âgée de cinquante ans, au bourg du Luc.
298. Marie Monnereau, fille de feu Etienne, âgée de vingt ans, au bourg du Luc.
299. Louise Grassinau, fille de Pierre, âgée de soixante-huit ans, au Petit-Luc.
300. Jeanne Grassinau, fille de Pierre, âgée de vingt-cinq ans, au Petit-Luc.
301. Louis Renaud, laboureur, âgé de quarante-huit ans, au Petit-Luc.
302. Pierre Bouaud, fils de François, âgé de vingt-sept ans, au Plessis-Buet.
304. Pierre Rousseau, fils d'Etienne Bouhier, âgé de vingt-deux ans, à la Bromière.
305. Marie Rousseau, fille de Jean, âgée de cinquante-six ans, à la Guionnière.
306. Jean Bouhier. laboureur, âgé de soixante-trois ans, à la Guionnière.
307. Jeanne de l'Homeau, fille de Pierre de l'Homeau, servante, âgée de vingt-quatre ans, à la
Guionnière.
308. Pierre Bouhier, père de Jean Bouhier, âgé de soixante-quatre ans, à la Guionnière.
309. Marie Malidin, fille de Jean, âgée de dix-huit ans, à la Guionnière.
310. Antoine Hervouet, laboureur, âgé de cinquante ans, à la Chasselandière.
311. Pierre Chaigneau, domestique, âgé de soixante-douze ans, au bourg du Luc.
312. Mathurin Gralepois, laboureur, âgé de quarante ans, à la Bretonnière.
313. Jacques Gralepois, fils de Mathurin, âgé de huit ans, à la Bretonnière.
314. Jeanne Gralepois, fille de Mathurin, âgé de sept ans, à la Bretonnière.
315. Louise Bachelier, femme de Joseph Fort, âgée de soixante-douze ans, à la Primaudière.
316. Jean Morillaud, fils de René, âgé de vingt-six ans, à la Pommeraie.
317. Marie Malidin, femme d'Antoine Ricouleau, âgée de trente-quatre ans, à la Bromière.
318. Marie Ricouleau, fille de feu Antoine Ricouleau, âgée de vingt-deux mois, à la Bromière.
319. Catherine Malidin, femme de Pierre Ricouleau, âgée de trente-deux ans, à la Bromière.
320. Jean Martin, laboureur, âgé de soixante-douze ans, à la Bromière.
321. Mathurin Malidin, fils de feu Louis, âgé de vingt-huit ans, à la Bromière.
322. Marie-Anne Martin, femme de René Bouhaud, âgée de trente ans, à la Bromière.
323. Gabriel Malidin, laboureur, âgé de soixante-quinze ans, à la Sauzaie.
324. Jeanne Fisson, veuve de Benjamin Bossis, âgée de quarante-quatre ans, à la Sauzaie.
325. Jean Grelet, fils de feu Louis, âgé de trente ans, à la Sauzaie.
326. François Grelet, laboureur, âgé de cinquante-huit ans, à la Sauzaie.
327. Clément Bossis, marchand, âgé de cinquante-huit ans, au bourg du Luc.
328. Madeleine Bériau, femme de Clément Bossis, âgée de quarante-huit ans, au bourg.
329. Joseph Garreau, laboureur, âgé de quarante-sept ans, à la Cornetière.
330. Marie Garreau, fille de Jean, âgée de sept ans, à la Cornetière.
331. Jean Renaud. fils de feu Pierre Renaud, âgé de quarante ans, au Beauvillage.
332. Nicolas Hermouet, laboureur, âgé de trente-six ans, au bourg du Luc.
333. Marie Simonneau, femme de Nicolas Hermouet, âgée de quarante-quatre ans, au bourg.
334. Marie Hermouet, fille dudit Nicolas, âgée de cinq mois, au bourg.
335. Jacques Pisagou, du Fief, âgé de cinquante ans, à Bourgneuf.
336. Marie-Anne Minaud, fille de Jean, âgée de cinq ans, à l'Etelière.
337. Louise Minaud, fille dudit Jean, âgée de trois ans, à l'Etelière.
338. Jean Calleau, fils de feu Jean, âgé de soixante ans, à l'Etelière.
339. Marie Gréau, veuve de Jacques Grelet, âgée de soixante-dix ans, au Temple.
340. Marie Naud, fille d'Etienne Naud, âgée de soixante-huit ans, à la Sorinière.
341. Jean Naud, fils d'Etienne, âgé de soixante-cinq ans, à la Sorinière.
342. Perrine Rousseau, femme de Nicolas Naud, âgée de cinquante ans, à la Sorinière.
343. René Mignen, laboureur, âgé de cinquante-deux ans, à la Sorinière.
344. Marie Charier, femme de René Mignen, âgée de trente-huit ans, à la Sorinière.
345. Jean Mignen, fils de René, âgé de un an, à la Sorinière.
346. Françoise Gréau, veuve de Jean Locteau, âgée de soixante-neuf ans, à la Sorinière.
347. Anne Charrier, femme de Jean Baudouin, âgée de trente-six ans, à la Sorinière.
348. Jean Perrocheau, fils de Louis Perrocheau, au Retail, âgé de cinq ans.
349. Louise Grelet, fille de François Grelet, âgée de vingt-trois ans, au bourg du Luc.
350. Mathurin Grelet, fils de feu Pierre, âgé de vingt-cinq ans, à la Sauzaie.
351. Etienne Mandin, laboureur, âgé de vingt-six ans, à la Grézaudière.
352. Marie Tulleau, femme de Sébastien Epiard, âgée de trente-cinq ans, à Chef-du-Pont.
353. Joseph Epiard, fils de Sébastien, âgé de onze ans, à Chef-du-Pont.
354. Jean Epiard, fils dudit Sébastien, âgé de huit ans, à Chef-du-Pont.
355. Louis Epiard, fils dudit Sébastien, âgé de cinq ans, à Chef-du-Pont.
356. Joseph Fèvre, laboureur, âgé de quarante-huit ans, à Chef-du- Pont.
357. Jacquette Bouron, femme de Joseph Fèvre, âgée de trente six ans, à Chef-du-Pont.
358. Marie-Anne Fèvre, fille dudit Joseph, âgée de onze ans, à Chef-du-Pont.
359. Anne Fèvre, fille dudit Joseph, âgée de neuf ans, à Chef-du-Pont.
360. Jeanne Fèvre, fille dudit joseph, âgée de cinq ans, à Chef-du-Pont.
361. Louis Tenet, laboureur, âgé de soixante-six ans, à Chef-du-Pont.
362. Louise Remaud, femme de Louis Tenet, âgée de quarante-six ans, à Chef-du-Pont.
363. Jeanne Tenet, fille de Louis, âgée de quatorze ans, à Chef-du-Pont.
364. Marie-Anne Tenet, fille dudit Louis, âgée de dix ans, à Chef-du-Pont.
365. Madeleine Tenet, fille dudit Louis, âgée de sept ans, à Chef-du-Pont.
366. Marie Gauthier, femme de Louis Renaudin, âgée de soixante-douze ans, à Chef-du-Pont.
367. Jacques Remaud, laboureur, âgé de trente-quatre ans, fils d'André, à la Grande-Métairie.
368. Marie Remaud, fille d'André, âgée de six ans, à la Grande-Métairie.
369. Jean Rousseau, laboureur, âgé de cinquante ans, à la Rezandière.
370. Marie Fort, femme de Jean Rousseau, âgée de cinquante-quatre ans, à la Rezandière.
371. Mathurin Rousseau, fils de Jean, âgé de dix-neuf ans, à la Rezandière.
372. Mathurin Bériau, laboureur, âgé de soixante-sept ans, à la Rezandière.
373. Anne Bériau, fille dudit Mathurin, âgée de trente-quatre ans, à la Rezandière.
374. Jean Bériau, fils dudit Mathurin, âgé de vingt-huit ans, à la Rezandière.
375. Jeanne Malidin, femme de Louis Bériau, âgée de trente-six ans, à la Rezandière.
377. Etienne Bériau, fils de Louis, âgé de quinze jours, à la Rezandière.
378. Françoise Guitet, fille de François, âgée de seize ans, à la Rezandière.
379. Marie Guitet, fille de François, âgée de cinq ans, à la Rezandière.
380. Pierre Guitet, fils de François, âgé de neuf ans, à la Rezandière.
381. Marie-Catherine Esnard, femme du sieur Néau, âgée de quarante-six ans, à Villegué.
382. Nicolas Néau, laboureur, âgé de cinquante-huit ans, à Villegué.
383. Jean Coutaud, laboureur, âgé de soixante ans, à Taillepied.
384. Marie Monnereau, veuve 1°de Pierre Martineau, 2° de François Fort, âgée de soixante-
quatorze ans, à Bourgneuf.
385. Rose Martineau, fille de Jean, âgée de trois ans, à Bourgneuf.
386. Charles Fort, âgé de cinquante ans, à Bourgneuf.
387. Anne Minguet, femme de Charles Fort, âgée de soixante ans, à Bourgneuf.
388. Pierre Daviau, fils de Nicolas, à la Perraudière, vingt-deux ans.
389. Jeanne Guilbaud, veuve Pierre Delhommeau, âgée de soixante-quatorze ans, à la Perraudière.
390. Perrine Delhommeau, fille de feu Pierre, âgée de vingt-deux ans, à la Prelinière.
391. Pierre Delhommeau, fils de feu Pierre, âgé de treize ans, à la Prelinière.
392. Rose Delhommeau, fille de feu Pierre, âgée de huit ans, à la Prelinière.
393. Jean Delkommeau, fils de Jean, âgé de vingt-deux ans, à la Prelinière.
394. Marie Delhommeau, fille du susdit Jean et sœur de Jean, âgé de dix-sept ans, à la Prelinière.
395. Marie Rousseau, femme de François Malard, âgée de quarante-six ans, au Marchais.
396. Marie Malard, fille de François, âgée de quarante-et-un ans, au Marchais.
397. Louis Bignon, laboureur, âgé de quarante-cinq ans, à la Sauzaie.
398. Pierre Bériau, fils de Louis, âgé de vingt-et-un ans, à la Grande-Guénière.
399. Jeanne Michaud, veuve de Jacques Vircoté, âgée de cinquante-quatre ans, à la Petite- Guénière.
400. Jacques Gautret, laboureur, âgé de soixante ans, à la Petite-Guénière.
401. Louise Fort, veuve de jacques Gautret, âgée de cinquante-six ans, à la Petite-Guénière.
402. Jeanne Martin, veuve de Pierre Gautret, âgée de trente-sept ans, à la Petite-Guénière.
403. Marie-Anne Gautret, fille dudit Pierre, âgée de six ans, à la Petite-Guénière.
405. Françoise Gautret, femme de Pierre Martin, âgée de trente-deux ans, à la Petite-Guénière.
406. Louise Martin, âgée de cinq ans, à la Petite-Guénière.
407. Rose Martin, âgée de deux ans, fille dudit Pierre, à la Petite-Guénière.
408. Vincent Bouron, laboureur, âgé de soixante-huit ans, à Bourgneuf.
409. Anne Biret, femme de Vincent Bouron, âgée de soixante-dix ans, à Bourgneuf.
410. Marie Martin, femme de Mathurin Bouron, âgée de trente-cinq ans, à Bourgneuf.
411. Anne Bouron, fille de Mathurin, âgée de neuf ans, à Bourgneuf.
412. Louis Bouron, fils de Mathurin, âgé de trois ans, à Bourgneuf.
413. Madeleine Bouron, fille de François, âgée de trois ans, à Bourgneuf.
414. Marie Bouron, femme de Charles Menaud, âgée de quarante-quatre ans, à Bourgneuf.
415. Jeanne Blays, femme de Pierre Graton, âgée de trente-six ans, au Puits.
416. Pierre Graton, fils de Pierre, âgé de trois ans, au Puits.
417. Marie-Anne Graton, fille de feu Pierre, âgée de trente-cinq ans, au Puits.
418. Pierre Fisson, domestique, fils de feu Pierre, âgé de dix-neuf ans, au Puits.
419. Pierre Vincent, fils de feu Michel, âgé de trente ans, au Puits.
420. Louis Martin, laboureur, âgé de soixante-huit ans, à la Petite-Guénière.
421. Jean Minaud, laboureur, âgé de quarante ans, à Bourgneuf.
422. Mathurin Marceteau, fermier, âgé de trente-sept ans, à la Moricière.
423. Marie Malidin, fille de Mathurin Marceteau, âgé de trente-six ans, à la Moricière.
424. Marie Chaignau, veuve de Jean Rezeau, âgée de cinquante-neuf ans, à la Guionnière.
425. Marie Rezeau, femme de Jean Chaigneau, âgée de cinquante-six ans, à la Guionnière.
426. Marguerite Chaignau, fille de feu Pierre, âgée de cinquante-quatre ans, à la Guionnière.
427. Jeanne Chaignau, femme de René Rousseau, âgée de cinquante-trois ans, à la Guionnière.
428. Marie-Anne Rousseau, fille de René, âgée de vingt-trois ans, à la Guionnière.
429. Jeanne Rousseau, fille dudit René, âgée de vingt ans, à la Guionnière.
430. Marie-Anne Rousseau, veuve de Louis Giraud, âgée de cinquante ans, au Peuplier en
Mormaison.
431. Marie-Anne Giraud, sa fille, âgée de huit ans.
432. Jeanne Vrignaud, âgée de trente-cinq ans.
433. Marie Vrignaud, âgée de vingt-sept ans.
434. Catherine Vrignaud, âgée de vingt-cinq ans, fille de Jean Vrignaud, à Bourgneuf.
435. Marie-Magdeleine Caillaud, femme de feu Louis Renaudin, âgée de trente ans, au bourg du
Luc.
436. Marie-Anne Charrier, fille de feu Nicolas, couturière, âgée de trente-huit ans, à Bourgneuf.
437. Louise Bossis, femme de François Vrignaud, sacristain, âgée de quarante ans, au bourg du Luc.
438. Louise Vrignaud, fille de François, âgée de douze ans, au bourg du Luc.
439. Mathurin Malidin, laboureur, âgé de soixante ans, à la Mortalière.
440. Pierre Malidin, fils de Mathurin, âgé de vingt-sept ans, à la Mortalière.
441. Jean Malidin, fils de Mathurin, âgé de vingt-deux ans, à la Mortalière.
442. Marie Malidin, fille de Mathurin, âgée de vingt-cinq ans, à la Mortalière.
443. Marie-Anne Malidin, fille de Mathurin, âgée de dix-huit ans, à la Mortalière.
444. Jean Malidin, laboureur, âgé de cinquante ans, à la Bruyère.
445. Renée Rousseau, femme de Jean Malidin, âgée de quarante ans, à la Bruyère.
446. Louis Malidin, fils de Jean, âgé de dix-huit ans, à la Bruyère.
447. Jacques Malidin, fils de Jean, âgé de douze ans, à la Bruyère.
448. Rose Malidin, fille de Jean, âgée de cinq ans, à. la Bruyère.
449. Jeanne Malidin, fille de Jean âgée de trois ans, à la Bruyère.
450. Mathurin Volard, laboureur, âgé de soixante-deux ans, à la Ricoulière.
451. Louis Simoneau, fils de Louis, âgé de vingt ans, à la Ricoulière.
452. Pierre Bouet, fils d'André, âgé de un an, à la Seurie.
453. Louise Bareil, femme de Jacques Bonin, âgée de soixante ans, à la Giraudelière.
454. Marie Chaigneau femme de François Fort, âgée de trente-huit ans, à Champ-Dolent.
455. Pierre Fort, fils de François, âgé de soixante ans, à Champ-Dolent.
456. Rose Fort, fille de François, âgée de trois ans, à Champ-Dolent.
457. Jeanne Fort, femme d'Etienne Mornet, âgée de quarante-six ans, à la Devinière.
458. Perrine Mornet, âgée de quatre ans, à la Devinière.
459. Françoise Raveleau, veuve de Pierre Airiau, âgée de soixante ans, à la Devinière.
460. Thérèse Grasset, veuve de Thomas Charier, âgée de soixante ans, à la Devinière.
461. Jean Charier, fils de Jean, âgé de trois ans, à la Devinière.
462. Pierre Erceau, fils d'André, âgé de trente-huit ans, à la Devinière.
463. Jean Forgeau, laboureur, âgé de soixante-douze ans, à la Sorinière.
464. Marie-Anne Chanson, femme de Jean Forgeau, âgée de trente-et-un ans, à la Sorinière.
465. Jeanne Forgeau, fille de Jean, âgée de vingt mois, à la Sorinière.
466. Marie Gaillard, veuve de Jean Chanson, âgée de soixante ans, à la Sorinière.
467. Françoise Gaillard, veuve de Jean Mornet, âgée de cinquante-trois ans, à la Sorinière.
468. Jean Mornet, fils de Jean, âgé de vingt-quatre ans, à la Sorinière.
469. Marie Biret, veuve de Pierre Pairaudeau, âgée de cinquante ans, au Petit-Luc.
470. Antoine Renaud, fils de Pierre, âgé de soixante ans, à la Durantière.
471. Marie Marionnau, fille de Pierre, âgée de trente ans, à la Durantière.
472. Jeanne Cougnaud, veuve de Jean Boisseleau, âgée de soixante ans, à la Grézaudière.
473. François Rousseau, laboureur, âgé de cinquante-trois ans, à la Moricière.
474. Pierre Decran, fils de feu Pierre, âgé de vingt-cinq ans, au Petit-Luc.
475. Louise Renaud, veuve de Pierre Martin, âgée de cinquante-cinq ans, au Petit-Luc.
476. Louise Malidin, femme de Pierre Martin, âgée de trente-quatre ans, au Petit-Luc.
477. Louise Martin, fille de Pierre, âgée de cinq ans, au Petit-Luc.
478. Marie-Françoise Martin, fille de Pierre, âgée de deux ans, au Petit-Luc.
479. Céleste Boisselaud, fille de Louis, âgée de sept ans, à la Grézaudière.
480. Pierre Boisselaud, fils de Louis, âgé de trois ans, à la Grézaudière.
481. Marie Sellier, servante, à la cure du Petit-Luc, âgée de soixante ans.
482. Maître Michel Voynau, âgé de 70 ans, curé de Notre-Dame-des-Lucs, tué à la Malnaye.
484. Pierre Raveleau, métayer de Legé, âgé de trente ans.
485. Louis Gautret, laboureur, âgé de soixante ans, à la Sorinière.

Lesquels noms ci-dessus des personnes massacrées en divers lieux de la paroisse du Grand-Luc m'ont été référés par les parents échappés au massacre pour être inscrits sur le présent registre, autant qu'il a été possible de les recueillir dans un temps de persécution la plus atroce, les corps morts ayant été plus d'un mois sans être inhumés dans les champs de chaque village du Luc, ce que j'atteste, comme trop véritable, après avoir été témoin oculaire de ces horreurs, et exposé plusieurs fois à en être aussi la victime.
Au Luc, le 30 mars 1794,
Signé BARBEDETTE,
curé du Luc.

En étudiant cette longue et funèbre nomenclature, on est à bon droit saisi d'horreur. Quoi de plus épouvantable que cet égorgement de familles entières, depuis les vieillards jusqu'aux petits enfants encore au berceau ! De pareils faits sont une honte pour l'humanité et on a peine à concevoir qu'il puisse se rencontrer de telles infamies. Le massacre des Lucs fut certainement l'un des plus affreux que relate l'histoire des Guerres de Vendée si tristement féconde cependant en faits de ce genre
La paroisse des Lucs prit une part active à la résistance opposée par les héroïques Vendéens aux armées de la Révolution. Il ne fallait point compter que les fils, les frères, les enfants des victimes égorgées dans les journées du 28 février et du 5 mars 1794, pactiseraient avec ceux qui avaient porté le fer et le feu jusqu'au sein de leurs foyers. Aussi la paroisse des Lucs fut-elle l'une des dernières à se soumettre.

Quelques jours après les massacres que nous venons de raconter, lorsque le commandant Joly entreprit une expédition contre la ville des Sables, la paroisse des Lucs y envoya son contingent sous les ordres du capitaine Renaudin 6.
Le curé du Grand-Luc, M. Barbedette, accompagnait ses paroissiens et nous le trouvons au quartier général de la Mothe-Achard, où le commandant Joly réunissait son corps de troupes. C'est ce que nous apprend André Collinet 7 dans ses notes manuscrites.

"Ce jour, jeudi-saint, écrit celui-ci, sous les halles du bourg, les prêtres réfractaires dirent la messe, firent communier beaucoup de leurs gens, distribuèrent des chapelets et de petits cordons rouges bénits. Après un sermon doux et pathétique − du curé du Luc − ils donnèrent la bénédiction et l'absolution générale à toute l'armée".

La colonne vendéenne se mit aussitôt en marche vers les Sables et elle y arriva le soir. Le lendemain, 29 mars, elle commença l'attaque, mais, au bout de quelques heures, elle dut se retirer, après une explosion qui s'était produite dans ses poudres et qui mit le désordre dans ses rangs,
Le territoire des Lucs fut souvent sillonné par les troupes de Charette et de ses lieutenants. Les épais buissons qui le couvraient, ainsi que la forêt de Grala et les bois de Legé, offrirent au général vendéen un merveilleux théâtre pour pratiquer cette guerre de détails qui convenait si bien à son caractère aventureux et qui déconcertait tous les plans de ses ennemis, au point que l'un de ces derniers, Haxo, écrivait un jour, désespéré : "Charette ne nous donne pas le temps d'agglomérer nos forces ; il est toujours en avant ou en arrière de nos bataillons ; il nous fait un mal horrible. Le Brigand a, en réalité, trouvé le secret de ces manœuvres que toute la sagacité des plus habiles généraux ne pourrait déjouer. Il se moque de nos efforts, les paralyse par un coup de main, les fait échouer par une retraite, ou nous décourage par un succès inattendu 8."

Parmi les fidèles soldats de Charette se trouvait un garçon meunier des Lucs, du nom de Jaunâtre. Il assista à l'affaire des Clouzeaux où périt le général Haxo et il en a laissé un récit. Il suivit Charette jusqu'au bout et il se trouvait à ses côtés lorsque l'héroïque général tomba aux mains de ses ennemis. Voici comment il racontait ce dernier combat :
"Charette, la nuit, se présente, mouillé jusqu'aux os, dans une maison des Lucs. Il se sèche auprès du feu, sur un banc de bois et fait son dernier repas d'un œuf. La petite troupe, grossie du fils de la maison, se glisse jusqu'au petit bois de la Chaboterie. Elle y est depuis peu, quand on signale les Bleus.
Les quarante hommes se précipitent avec l'énergie du désespoir, huit traversent les rangs républicains et s'échappent. Mais Charette atteint d'une balle qui lui a labouré le front et couvert le visage de sang, se jette dans un fossé, s'y blottit avec l'un de ses fidèles. Quelques grenadiers, restés en arrière, se présentent pour passer le fossé juste à l'endroit où il est caché. Se voyant découvert, le général se lève et se nomme. Son compagnon, debout en même temps, ne veut pas être pris vivant. D'un coup de fusil, il abat le soldat, qui met la main sur Charette et tombe aussitôt percé de coups".

Le combat raconté par Jaunâtre se passa à la Guyonnière des Lucs. C'est là que, le 23 mars 1796, Charette soutint, avec les trente-deux hommes qui lui restaient, le choc des deux cents grenadiers de Travot. Pendant trois heures, les trente-deux braves tinrent tête à leurs ennemis. Charette fut blessé d'un coup de feu à la tète et d'un coup de sabre à la main. Cependant ceux qui le traquaient ne purent encore s'emparer de lui. Ce fut seulement après quatre heures d'une course sans relâche qu'il tomba enfin épuisé de fatigue et baigné dans son sang, près du bois de la Chaboterie (paroisse de Saint- Sulpice-le-Verdon), où Travot le fit prisonnier.

M. de Béjarry dans ses Souvenirs Vendéens (p. 211-213) nous apprend que Jaunâtre vécut ensuite à Chantonnay. Il y exerçait le métier de maçon et il était souvent employé par la famille de Béjarry. L'ancien soldat de Charette resta jusqu'à la fin dans cette paroisse et il y mourut dans un âge assez avancé, vers 1847.
La mort de Charette n'arrêta pas la résistance que la paroisse des Lucs avait opposée aux révolutionnaires. En 1798, on y rencontrait encore des gens qui ne voulaient pas se soumettre aunouveau régime de gouvernement ainsi que le prouve la pièce suivante "De par la Loi,Joseph-Philippe Tireau, juge de paix, officier de police du canton du Poiré, département de la Vendée, en vertu de l'article 70 du Code des délits et des peines, mandons et ordonnons à tous les exécuteurs de mandements de justice de conduire à la maison d'arrêt du tribunal de police correctionnelle, à Montaigu, les citoyens Pierre Rorthais, propriétaire, demeurant à la Gaconnière, commune du Luc, et François Bouron, marchand, demeurant audit lieu de la Gaconnière, prévenus d'être chefs d'attroupements, qui ont eu lieu le 18 de ce mois, sur les onze heures et demie du matin et au village de la Gaconnière, le même jour, sur les huit heures du soir.Mandons aux gardiens de laditte maison d'arrêt de les recevoir ; le tout en se conformant à la loi.Requérons tous les dépositaires de la force publique à qui le présent mandat sera notifié, de prêter main-forte pour son exécution en cas de nécessité.

Au Poiré, le vingt-et-un thermidor, an VI de la République française (8 août 1798), une et indivisible. Signé, Tireau, juge de paix, officier de police"."Notifié un autant du présent auxdits dénommés ci-dessus et laissé copie, parlant à sa personne, par moi, maréchal des logis de gendarmerie nationale à Montaigu, le 2 thermidor, an VI de la République française, une et indivisible. Signé, Bidault, maréchal des logis".

6 Arch. hist. de la Guerre : armée de la réserve ; pièces saisies à la Mothe-Achard, n° 32.
7 Il s’agit ici du 28 mars 1793, la veille de l’attaque des Sables, l’année précédente (COLLINET : Les Sables et la guerre de Vendée. Centre Vendéen de Recherches Historiques Ed., 1 vol. 2003 ; p. 110) date confirmée par l’auteur dans cette chronique à la page 50 du présent fichier (Note d'Y. Brossard).
8 DENIAU, t. IV,p. 66.

MONUMENTS ANCIENS DES LUCS


I.La vieille église de Saint-Pierre

Cette église, dont il ne restera bientôt plus que le souvenir était dédiée à l'apôtre St Pierre. Voici la description qu'en faisait jadis M. Aillery :
"C'est un grand et beau vaisseau, qui passe pour avoir été bâti du temps de la domination anglaise sur les provinces de l'Ouest de la France 9 ; cette église se divise en nef, chœur et sanctuaire. Les points de division sont marqués par des colonnes groupées en pierre de granit qui se terminent par des chapiteaux très bien sculptés, d'où partent des arceaux ou nervures qui soutiennent les voûtes du chœur et du sanctuaire. Au milieu de la voûte et au point d'intersection des nervures, la clé forme une espèce de cul-de-lampe sur lequel on voit l'écusson de France peint de différentes couleurs 10.
La nef seule n'est couverte que par une charpente en bois. Au fond du sanctuaire, sur une estrade élevée d'environ deux pieds au-dessus du niveau du sol du chœur, est placé le maître-autel : cet autel est surmonté d'un entablement très bien sculpté, soutenu par deux colonnes couronnées de riches chapiteaux 11. Outre cet autel, il y en a deux autres placés dans la nef et qui sont consacrés l'un à la Sainte Vierge et l'autre à Notre-Dame de la Charité.
Les deux murs latéraux de l'église sont soutenus de distance en distance et à des espaces égaux, sur toute leur longueur par de semblables piliers, tous en pierres de taille.
Outre l'entrée principale, il y a une porte latérale ouvrant sur la grand'route et qui donne entrée dans la chapelle dite du Plessis-Buet, adhérente au sanctuaire de l'église, auquel elle communique par une arcade en ogive, massive en pierre de granit. Cette chapelle fut bâtie en 1518 par noble homme Gilles Buet, seigneur du Plessis qui, pour le prix de la concession du terrain, s'obligea au paiement d'une rente annuelle de douze boisseaux de seigle, mesure du Luc ; le titre de cette concession existe encore.
L'église du Luc a un clocher placé dans une tour surmontée d'une flèche couverte en ardoises et très apparente, le tout est d'une hauteur totale de quarante mètres,
Ce monument, dans les guerres de religion du XVIe siècle, fut deux fois pris et pillé par les Calvinistes : la première dévastation date de 1553, la seconde du 31 mars 1568 12. Cette église éprouva

9 En réalité, l'ancienne église des Lucs fut bâtie à plusieurs reprises différentes. Le chœur semblait appartenir à l'époque de transition, tandis que la chapelle et le clocher étaient du XIVe (Note de M. Clair, architecte).
10 Pour expliquer la présence de ces armes, il faut se rappeler que les terres des Lucs formaient une principauté dont les officiers étaient nommés par un titulaire qui était toujours de sang royal. Le dernier de ces titulaires fut le comte d'Artois, plus tard Charles X. (Note du chroniqueur)
11 Dans cette partie, on remarquait diverses statues : celles de saint Pierre et de saint Paul, et au milieu, celle du Père Eternel (Id.).
12 Voir également plus haut ce qui se passa dans l'église au temps du prieur Louis Buet.

aussi, pendant la guerre civile de 1793 à 1795, le sort de presque toutes celles de la Vendée militaire. Toutes ses charpentes furent alors incendiées, sans que ses murs en fussent endommagés. Tout a été restauré sur le même plan et dans les mêmes proportions, aux frais des habitants tous catholiques."
Nous compléterons ces notes de M. Aillery par les renseignements suivants :
Une lettre de M. Barbedette au général Travot et conservée dans les archives de M. B. Fillon, nous donne un détail sur le pillage de l'église pendant la Révolution. Le curé du Grand Luc, en écrivant au général républicain, porte plainte "contre le sieur Péroteau, réfugié, qui se serait fait donner la présidence de la municipalité du Poiré, et aurait enlevé aux habitants de la commune du Luc le peu de vases sacrés et d'ornements échappés au pillage pendant la guerre. Les vases sacrés consistaient en un calice, un ciboire, un soleil (ostensoir) et une patène."
Quels furent les premiers desservants de cette vieille église qui vit passer tant de générations ? Évidemment ce durent être des religieux. C'est d'ailleurs une tradition constante et même un fait â peu près avéré que le Grand-Luc était autrefois une abbaye de Bénédictins, qui aurait eu la desservance de la paroisse ; c'est probablement sous le régime et par les soins de cet ordre religieux que l'église a été bâtie. Lorsqu'un monastère s'établissait quelque part, il se formait souvent à côté une agglomération qui se constituait bientôt en paroisse recevant le service religieux des moines de l'endroit.
Telle fut l'origine de beaucoup de nos paroisses.
On conserve encore au Grand-Luc le souvenir d'un prieuré situé tout près de l'église. A ce prieuré était annexé un assez bon domaine territorial. C'était, avant la Révolution, un bénéfice ecclésiastique dont le dernier titulaire demeurait en Bourgogne. On peut croire que ce domaine était comme un débris des possessions de l'ancienne abbaye. Enfin on remarquait aussi dans les landes du Bois du Luc, les ruines d'un ancien couvent dont presque tous les matériaux ont été enlevés jadis par le propriétaire. "La maison du métayer, disait il y a cinquante ans M. Aillery, porte encore le nom d'abbaye ; plus loin on rencontre d'autres ruines appelées la "chapelle du Bois du Luc", on y disait la messe une fois par mois pour les infirmes qui ne pouvaient se rendre à l'église."
Il y eut donc des religieux sur le territoire du Grand-Luc. A quelle époque l'administration de la paroisse passa-t-elle de leurs mains dans celles du clergé séculier ? Ce fut sans doute en 1609. A cette date, Jacques Peraudeau se fait connaître, dans un document, comme le premier curé de l'église paroissiale de Saint-Pierre-du Luc. Ce même document nous apprend que la cure a dû être érigée, à cette époque, sous Armand-Jean du Plessis de Richelieu, évêque de Luçon, qui fut depuis cardinal et ministre de Louis XIII, L'abbé de Talmont, qui nommait au prieuré, devait aussi nommer à la cure, dans les six mois, ou son droit passait ensuite à l'évêque.
Il y avait autrefois un pèlerinage à l'autel de saint Pierre, le jour de la fête de ce saint qui est le patron de la paroisse. Ce pèlerinage est tombé en désuétude depuis la Révolution et, comme presque partout ailleurs, a été remplacé par un préveil, de dimanche suivant. Le curé de l'église paroissiale de Saint-Pierre-du-Luc possédait jadis avec une belle habitation jouissant d'un bon pourpris, une assez riche métairie située à quelque distance de là. Il était de plus seigneur de plusieurs petits fiefs tant dans la paroisse qu'au dehors. Enfin il jouissait du boisselage qu'il pouvait exiger comme dû et qui était alors très abondant. Ce dernier usage s'est conservé jusqu'à nos jours, mais ce n'est plus qu'un don volontaire assez mesquinement payé.

II. La chapelle de Notre-Dame du Luc

C'est à la place de cette chapelle que s'élevait jadis l'église paroissiale de Notre-Darne du Luc. Dès le milieu du siècle dernier, cette église ne présentait qu'un amas de ruines ; il n'en restait que quelques pans de murailles et une partie de la voûte du chœur, toute bâtie en pierres. Cette église, dédiée à la Sainte Vierge, avait pour patronne secondaire sainte Catherine. Elle était certainement très ancienne ; peut-être même remontait-elle à une plus haute antiquité que celle du Grand-Luc.
Une charte, conservée aux archives de Maine-et-Loire, indique que l'église de Notre-Dame du Luc dépendait de Saint-Lienne de la Roche-sur-Yon, et faisait partie des riches possessions de l'abbaye de Marmoutiers. Ce lieu est désigné comme place forte, Luci. castrum. Voici au reste l'abrégé de cette charte qui date de 1092 "Bernardus de Rochâ dedit sancto Martino Turonensi... ecclesiam intus castrum Luci, monachis ecclesiam sancti Leonii deservientibus... (Cartulaire du Prieuré de la Roche- sur-Yon).

Le 8 avril 1105, Pierre II, évêque de Poitiers, confirmait la donation de l'église de Luco quæ est in castre au monastère de Marmoutiers, Son successeur, Willelm, la renouvelait également vers 1128. (Voir dom Fonteneau, t. 17, p. 399)13.
D'après une tradition très accréditée dans le pays, une statue de la Sainte Vierge fut en grande vénération en ce lieu de la part des habitants de la contrée, et ce fut en souvenir de cette dévotion populaire qu'on a élevé dans ces derniers temps la chapelle de Notre-Dame des Lucs, Reine des Martyrs.
Les fouilles opérées en ce lieu ont permis de constater que ce monument fut plusieurs fois détruit et restauré. Il était encore debout lorsque vint la Révolution. C'est alors que le vieux sanctuaire fut saccagé par les bandes sanguinaires dont nous avons raconté les horribles massacres sur le territoire de la paroisse et autour de la colline du Petit Luc. Pendant que le vénérable curé de la paroisse, M. Michel Voyneau, âgé de soixante-dix ans, tombait sous les coups des assassins, son église devenait la proie des flammes, et les voûtes s'écroulaient au milieu de l'incendie. Puis bientôt les ronces et les lierres recouvraient pendant de longues années l'amas de ruines et les pans de mur encore debout.
Bien des personnes gémissaient de cet état lamentable. Mgr Delamare lui-même avait exprimé un ardent désir de voir le culte de Marie refleurir sur ce coteau. La piété des fidèles reçut bientôt un commencement de satisfaction. Avec l'assentiment de la famille de M. Mercier de Grammont et de M. Morin d'Yvonnière, une colonne portant la statue de Marie fut élevée sur un monticule voisin.
Mais ce n'était pas assez : on voulait la restauration du sanctuaire. Mgr Colet engagea le curé des Lucs à solliciter l'acquisition des terrains qui touchaient la chapelle. La tentative fut faite avec plein succès par une personne généreuse qui, en attachant une fondation de prières, pour elle et pour les siens, au terrain acquis, le transmit ensuite à la paroisse des Lucs par acte de donation.
Sur ces entrefaites, quatre missionnaires de Chavagnes vinrent donner, en 1863, les exercices d'une mission. L'œuvre projetée reçut alors un commencement d'exécution, et on entreprit de déblayer le terrain couvert de décombres qui furent transportés sur un lieu consacré par une famille généreuse14 à recevoir une magnifique croix de mission offerte par une autre bienfaitrice de la paroisse15.
Peu après, une souscription s'organisa pour relever le vieux sanctuaire. Monseigneur l'évêque de Luçon voulut se faire inscrire le premier sur la liste des bienfaiteurs, et, à sa suite, des personnes de tout rang, nobles, bourgeois, ouvriers, paysans, apportèrent leurs pièces d'or ou d'argent. Le plan du nouveau sanctuaire fut dressé par M. l'abbé Barillaud, secrétaire de l'évêché, qui eut l'heureuse idée de faire entrer dans son édifice ce qui restait de la vieille église. En réalité, la chapelle actuelle n'est que l'ancien chœur embelli par une belle façade en granit.
Ce fut le 16 octobre 1867 que Mgr Colet, entouré d'un nombreux clergé venu de la Bretagne et de la Vendée, fit la bénédiction solennelle du sanctuaire si heureusement relevé.
Un jeune écrivain de talent faisait alors cette description du monument
"Dans un des plus beaux sites de notre Vendée, et à peu de distance du bourg des Lucs, on aperçoit de loin une statue de Marie. Cette statue, en pierre, haute de neuf pieds, surmonte le campanile d’une chapelle dernièrement reconstruite des vieux débris d'une église renversée par l'impiété révolutionnaire. A ce sanctuaire se rattachent, dans le pays, les plus précieux souvenirs. La statue qui le domine, à une élévation de soixante-cinq pieds du sol et à plus de cent cinquante de la Boulogne, qui baigne la colline, est la reproduction fidèle de celle que Pie IX fit élever à Rome, en mémoire de la promulgation du dogme de l'Immaculée Conception.
Marie y est représentée écrasant de son pied vainqueur la tête du serpent, et portée par les quatre évangélistes, figurés par les divers symboles sous lesquels les désigne la sainte Écriture. Ce magnifique travail est dû à M. Renaud, de Luçon.
Deux autres statues, aussi en pierre, et du même artiste, doivent orner prochainement les angles de la façade de la chapelle ; l'une représentera le prophète Isaïe, et l'autre le saint roi David annonçant Marie au monde. Ces deux statues seront de six pieds, ainsi que celle du Sacré-Cœur de Notre- Seigneur, qui doit être au-dessus de la porte d'entrée. Dans le tympan de la même porte, on voit saint Joseph rendant le dernier soupir, sous les yeux de Jésus et de Marie. Ce travail est aussi de M. Renaud.

13 Il est encore question dans Dom Fonteneau d'un don fait (vers 1123) au prieuré de Saint-Nicolas de Poitiers par Geoffroi, vicomte de Thouars, de la terre des Deux-Lucs, avec quelques autres héritages. (T. 20, p. 119.)
14 La famille de M. Renaudin, des Lucs.
15 Mme veuve Charier, du bourg des Lucs.

Les connaisseurs qui visiteront l'intérieur du sanctuaire ne manqueront pas d'y admirer les superbes vitraux dus à M. Ely, de Nantes, dont le mérite a été si justement reconnu à l'Exposition universelle. Le principal vitrail représente la Sainte Vierge inspirant à saint Dominique la pieuse dévotion du Rosaire, et celle du Scapulaire à saint Simon Stock. Dans les deux autres vitraux du fond de la chapelle, deux médaillons représentant, l'un une étoile avec une nacelle, et l'autre une porte tout enrichie d'or, désignent Marie sous ses glorieux titres d'Étoile de la Mer et de Porte du Ciel. Dans le vitrail latéral de gauche, on voit saint Pierre, patron de la paroisse et premier pontife romain, recevant de Notre-Seigneur les clefs du ciel, et dans celui de droite, Pie IX, successeur de Pierre, proclamant le dogme de l'Immaculée-Conception.
Une fois achevé, ce sanctuaire sera un des beaux monuments élevés dans notre Vendée à la gloire de la Reine du Ciel. En même temps qu'elle excitera l'admiration de tous ceux qui la visiteront, la chapelle de Notre-Dame des Lucs redeviendra, nous n'en doutons pas, un pieux rendez-vous que Marie bénira et où elle aimera à répandre ses plus riches faveurs".
Depuis que ces lignes ont été écrites, les embellissements annoncés se sont réalisés. Deux magnifiques statues accompagnent, sur la façade, celle de Marie-Immaculée : c'est d'abord celle du roi David dans l'attitude inspirée qui convient à l'auteur des Psaumes, puis celle du prophète Isaïe qui semble contempler dans le lointain des âges la Vierge libératrice. Un autel en pierre blanche, dû au ciseau de M. Renaud, achève l'ameublement intérieur ; un peu en arrière de cet autel, une grande statue de Notre-Dame de Lourdes émerge au milieu de la lumière du vitrail.
Sur l'esplanade qui s'étend devant la chapelle, de grands arbres verts dressent leur haute cime et donnent à ce lieu comme un aspect funèbre ; le pèlerin qui s'arrête sous leur ombrage ne peut s'empêcher de songer qu'il foule un sol arrosé par le sang des victimes de 1793.
Le souverain Pontie Pie IX, sur demande rédigée par M. le curé des Lucs et présentée par Mgr Baillès, daigna accorder plusieurs indulgences au sanctuaire de Notre-Dame-des-Martyrs. Voici le texte de la supplique avec l'approbation pontificale :
Très Saint-Père,
"Le curé de la paroisse des Lucs, diocèse de Luçon, humblement prosterné à vos pieds, est heureux de porter à la connaissance de Votre Sainteté que, grâce aux dons pieux des fidèles, on vient de rebâtir, sur le territoire de ladite paroisse, un antique sanctuaire de la Bienheureuse Vierge Marie, incendié pendant la Révolution de 1793, et qui cachait sous ses ruines la dépouille mortelle d'un grand nombre de braves tombés, à cette époque, en combattant pour la foi de leurs aïeux.
Désirant ardemment voir les chrétiens fidèles, qui s'empressent de venir là faire leurs pieux pèlerinages, retirer de la visite de ce sanctuaire vénéré, avec l'accroissement de leur piété, une moisson toujours nouvelle de grâces, le susdit curé supplie très humblement Votre Sainteté de vouloir bien octroyer : 1° Une indulgence de trois cents jours pour ceux qui visiteront ledit sanctuaire, sans distinction de jour, pourvu qu'ils aient la contrition de leurs fautes ; et 2° une indulgence plénière pour ceux qui, après s'être dûment confessés et avoir reçu la sainte communion, feront le même pèlerinage aux fêtes de l'Immaculée-Conception, de la Nativité, de l'Annonciation, de la Purification et de l'Annonciation de la Bienheureuse Marie, à la condition que, dans l'un et l'autre cas, ils prieront pendant quelque temps aux intentions de Votre Sainteté.
Et que Dieu, etc..."
"Octroyé, dans la forme accoutumée de l'Église, le 28 novembre 1866.
Pie IX, Pape."
Nous terminerons cet article sur Notre-Dame du Luc par quelques notes de M. Aillery sur le presbytère des curés de cette paroisse :
"A côté de l'église du Petit-Luc, dit-il, existe encore l'ancien presbytère qui était fort modeste ; mais il y a cent et quelques années qu'il avait cessé d'être habité par le curé de cette paroisse, à laquelle un ancien curé du nom de Vrignaud, appartenant à une famille riche, en avait donné un autre fort commode et assez spacieux, bâti à une extrémité du bourg, entre cour et jardin avec un bel enclos planté en vignes et arbres fruitiers, le tout entouré de murs ; il avait ajouté à cette libéralité celle d'une bonne métairie dans le bourg même. Ces divers objets vaudraient aujourd'hui huit cents francs au moins. Les curés du Petit-Luc jouissaient en outre de plus de deux cents francs de revenus en biens fonds, placés à peu de distance de chez eux". (Notes manuscrites)
La cure de Notre-Dame du Luc était à la nomination de l'évêque et la paroisse comptait cinquante

communiants.

III
Vieux châteaux forts, dolmens, voies romaines

"Il existait autrefois, dit encore M. Aillery, sur le territoire du Petit-Luc, un ancien château nommé Languillier, placé environ à cent pas des rives de la Boulogne ; il n'y a plus, à la place qu'il occupait, qu'un énorme tas de décombres nommé la Motte. Il n'y a pas longtemps que le propriétaire actuel de ce terrain, en y faisant des fouilles, y a trouvé de fort belles marches d'escalier qu'il a employées à d'autres constructions. Sous les débris de cet ancien château, il existe un vaste souterrain ou chemin couvert qu'on prétend passer au-dessous de la rivière. L'entrée de ce souterrain est restée béante pendant longtemps. Beaucoup de personnes y ont pénétré et sont parvenues jusqu'à de fortes portes qui ne leur ont pas permis d'aller plus avant ; pour éviter les accidents qui pouvaient résulter de ces visites, on à fait boucher l'entrée de ce souterrain avec force terreaux détachés de la butte même.
Deux autres buttes semblables, mais un peu moins élevées, existent sur le territoire du Petit-Luc ; la première à l'ouest, environ à deux cent cinquante ou trois cents pas de la première ; le seconde au levant, à trois ou quatre cents pas ; cette dernière qui porte encore aujourd'hui le nom de Châtelet, semblerait indiquer par cette dénomination qu'il y avait en ce lieu un petit fort pour la défense du château principal : il en était sûrement de même de la seconde. Que tous ces ouvrages aient été pratiqués pour se défendre de l'approche et des surprises de l'ennemi, c'est sur quoi on ne peut guère avoir de doute ; car pour plus de précaution, ils étaient en outre entourés d'une vaste ceinture de douves, dont l'existence est attestée par l'aspect même du terrain, et confirmée du reste par la rencontre que l'on a faite, il y a encore peu de temps, de quelques parties de ces douves, en faisant creuser les fondations de quelques bâtiments qu'il a fallu asseoir sur pilotis. Toutes ces douves formaient à peu près un demi-cercle, et toutes allaient aboutir à la rivière.
Sur le versant oriental de la butte du Châtelet, il existe une énorme pierre de couleur ardoise, à surface plane et unie, ayant cinq à six pieds de diamètre. Sa base, enfoncée dans la terre on ne sait à quelle profondeur, dérobe à l'œil le volume de ce rocher, sur la destination duquel on n'a pu recueillir aucune tradition." (Notes manuscrites)16.
Ces pierres ne sont pas rares dans cette localité. "Les Lucs, dit l'auteur de la France illustrée, doivent leur illustration à de merveilleux débris épars çà et là dans les champs qui les environnent. Ce sont d'énormes pierres en forme de dolmen et de menhir, répandues en si grand nombre et affectant des formes si bizarres qu'on les prendrait pour quelque temple immense d'une architecture ignorée, ou pour les ruines de quelques cités antérieures à tous les souvenirs historiques." (Marché Boin.) Beaucoup de ces vestiges du passé ont disparu, mais on se rappelle encore les gigantesques dolmens du Plessis-Buet, des Temples et de la Gourmaudière.
La question des voies romaines sur le territoire des Lucs serait aussi curieuse à étudier. Tout porte à croire, si on consulte les lieux dits de l'endroit, que des postes militaires durent être établis dans cette contrée. Or, ces postes, pour être en communication les uns avec les autres, ne pouvaient guère se trouver ailleurs que sur le bord des routes. Dans une carte présentée dernièrement au Congrès archéologique de France, M. Brochet signale comme probable une voie romaine de Saint-Gilles à Saint-Georges-de-Montaigu et passant par les Lucs. De son côté, M. Fillon affirme qu'une voie romaine ou gauloise améliorée allait des Lucs à Saint-Gilles, par Palluau, Commequiers et le Pas Opton ( cité par M. Brochet, La Vendée à travers les âges, t. 1, p. 87).

CHATEAUX ET TERRES NOBLES DES LUCS I.
Le Plessis-Buet
Cette belle terre est aujourd'hui complètement démembrée. Du château bâti sur les bords de la

16 M.Aillery ajoute encore : "Un peu plus loin, sur le chemin du Petit-Luc au Plessis-Buet, dans un bois de châtaigniers, il y a un canton, de la dimension d'un peu moins d'un arpent, qui est entouré de vieux rejets de terre, un peu affaissé par le temps. Ce terrain, malgré les essais de culture qu'on y a tentés, est constamment resté improductif il est dans le même état depuis des siècles. On peut supposer que c'était l'emplacement d'un camp établi dans cet endroit par les assaillants du château de Languillier" (Loc. cit.).

Boulogne il ne reste plus que quelques pans de murs et un portail en belles pierres de granit. Voici, d'après M. de Tinguy de la Viollière, la généalogie des propriétaires du Plessis-Buet :
En 1319, à la date du mercredi après la quasimodo, Guillaume Buët17 éc., sgr du Plessis, d'une part, et Aimery Michaut, habitant du Luc, d'autre part, faisaient échange de différentes pièces de terre, un cortil, un pré, etc. dont acte par devant Mercier, notaire, en présence de Perrot Sauvé et autres... (Archives du vicomte P. de Chabot n° 1322).Nobles personnes Jehan Buet, fils d'autre Jehan Buët et dame Thomine Yongues, sa femme, se firent donation mutuelle entre vifs et irrévocable, au dernier survivant, de tous leurs biens, suivant acte devant Jehan Vitet, prêtre, et Jehan Vincent, notaires jurés de la cour de Belleville, témoins Jehan Chausel et Guillaume Riouleau et Jehan Amouroux, en date du 14 juin 1440. (Archives du vicomte P. de Chabot, n° 838).
En 1452, Jehan Buët, éc. sgr du Plessis-Buët, épousa dlle Marie (aliàs Marguerite) Foucher18, fille de Georges Foucher, chev. sgr des Herbiers et de dame Marie Buor (Dictionnaire des familles du Poitou, par MM. Beauchet-Filleau, art. Foucher, ancienne édition). Le même Jehan Buët, éc. sgr du Plessis-Buët, d'une part, et Pierre Barbastre, sous l'autorité de Jacques du Vergier, son curateur, d'autre part, passèrent accord, dont acte du 20 mai 1452, par devant Nicolas Riou et Guillaume Hillayret, notaires. (Archives du vicomte P. de Chabot n° 1258). Dame Marie Foucher, devenue veuve, se remaria à Jehan Cossonneau, éc. sgr de la Martinière : ce second mari la contraignit à lui faire donation de ses biens, meubles et héritages, et notamment sa terre de Romaigne ; mais, elle révoqua cette donation, en dessaisit son mari et leurs enfants pour la transporter en faveur de son fils, Louis Buët, éc. sgr du Plessis-Buët ; elle y comprend les héritages de ses défunts père et mère, et ceux qui lui obviendront par ses frères et sœurs, dont acte passé en la cour et châtellenie du Luc et en celle du doyen de Mareuil, devant leurs notaires Brenou, clerc, et Lucas Barreteau, prêtre, en date du 9 novembre 1479. (Archives du vicomte P. de Chabot, n° 1262).
Le 9 février 1487, Louis Buët, éc. sgr du Plessis-Buet, d'une part, et Etienne Paviot et Jehanne Burgeyse, veuve de Vincent Seigneuret, d'autre part, passèrent accord au sujet d'une rente par devant Jehan Nœau et Perrot Bonnet, notaires en la cour du Luc (Archives du vicomte P. de Chabot, n° 1259). Le même Louis Buët obtint concession du droit de construire une chapelle dans le cimetière attenant à l'église paroissiale de Saint-Pierre-du-Luc, suivant acte passé entre lui, d'une part, et d'autre part, Colas Clotour, Mathurin Moutier et autres fabriciens, sous le scel de la cour du Luc, et sous ceux de l'official de Luçon et du doyen de Mareuil, le 27 mars 1491, signé Martin et Brenou, notaires.
(Archives du vicomte P. de Chabot, n° 575).
Louis Buët, avait épousé Dlle Gillete Maynard19, ainsi qu'il appert par l'acte de transaction qui fut passé entre leurs enfants, Gilles Buët, éc, sgr du Plessis-Buët, et François Buët, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, au sujet de leurs successions, lequel acte en date du Plessis-Buët, 7 mai 1524, devant Mareschal et Bezieau, notaires. (Archives du vicomte P. de Chabot, no 616).
Gilles Buët, éc. sgr du Plessis-Buët, à cause de sa seigneurie du Plessis-Buët, reçut aveu d'un nommé Maurice Nassau, pour raison de diverses pièces de terre sujettes à une poule de cens et devoir noble, 2 sols de devoir noble, et 9 deniers de cens par chacun an, le 22 juin 1524. (Archives du vicomte
P. de Chabot, n° 121).
Il assistait au mariage de Gilles Durcot, éc. sgr de la Roche-sous-Mouzeuil et du Clouzeau, avec delle Marguerite de la Muce, et signa au contrat de ce mariage le 14 juillet 1539, devant Gobard et Modurier, notaires des cours d'Aubigné et de Rocheservière. (Archives du château de Puitesson).
Il donna "ayde et service de la somme de douce cents livres d'une part et vingt escutz d'or d'aultre à son fils aisné Marc Buët pour racheter de Jehan Girard, éc. sgr de Bazoges, l'houstel et seigneurie de la Guessière, ainsi qu'il est dit dans un acte de 21 septembre 1542, reçu par Joly et Chevrer, notaires de la chastellenie de la Mothe-Achard. (Archives de la Viollière).
Il avait un autre fils Louis Buët, qui devint abbé de la Meilleraye, conseiller du Roy en ses États de Bretaigne, prieur de Saint-Pierre du-Luc, etc. ainsi qu'il est qualifié dans une obligation en sa faveur dont acte passé au village de la Faverie, près le bourg de Beaufou, pardevant Beziau et Rousseau, notaires de la principauté du Luc, le 13 mars 1583. (Archives de la Viollière).

17 Buet porte : de gueules à trois coquilles d'argent.
18 Foucher porte de sable au lion d'argent.
19 Maynard porte : d'argent fretté d'azur.

Il avait épousé dlle Jacquette de Rochefort20.
Leur fille, Marie Buët était, le 19 mai 1540, veuve de Jehan Yougues, éc. sgr de la Blandinière, et remariée à François de Daillon21, éc. sgr de la Saullaye, ainsi qu il conste de l'acte de constitution de curatelle de ses enfants de son premier mariage, signé Gauvain. (Archives du vicomte P. de Chabot n° 1347).
Marc Buët, chev. de l'Ordre du Roi, sgr du Plessis-Buët, succédant à son père, fit hommage du Plessis-Buët, par son procureur Mathurin Brisson, devant le procureur de la cour de la principauté du Luc, comparant en la personne de son substitut, Me Jehan Violleau, et par devant Robert Le Barbier, écuyer substitut du séneschal de ladite cour, le 23 juin 1553. (Archives du vicomte P. de Chabot, n° 1430).
Marc Buët épousa dlle Anne Girard22, fille de Guillaume Girard, éc. sgr de la Guessière, et de dame Jehanne de Caradeuc, ainsi que le fait connaître une transaction passée entre Jehan Girard, chev. sgr de Bazoges d'une part, et Marc Buët, chev. sgr du Plessis-Buët, Arme Girard sa femme, et Jehan du Chaffault, éc. sgr de la Sénardière, Suzanne Girard sa femme, les dites dames Anne et Suzanne Girard, filles de Guillaume Girard, éc. sgr de la Guessière, et de dame Jehanne de Caradeuc, d'autre part ; dont acte du 8 janvier 1555 devant Modurière, notaire de la principauté de Talmond, et Jacques Pavageau, notaire de la baronnie de Montaigu. (Archives de la Viollière).
D'après une pièce de procédure, Marc Buët, remarié à delle Jehanne de la Ville, était, devant la cour de Nantes, demandeur en instance de maintenue de possession des juridictions basse et moyenne du lieu et enclave de Maysdon, etc. contre Pierre de la Pouèze, éc. sgr de la Naulière et de la Bretesche, et dame Jehanne de la Touche, veuve de René de la Pouèze, éc. (Archives du vicomte P. de Chabot, n° 186).
Marc Buët eut plusieurs enfants de son premier mariage :
1° Louis Buët, chev. sgr de la Guessière (paroisse de Beaulieu-sous-la Roche), qui épousa delle Prigente de Bellozac23, fille unique de François de Bellozac, chev. sgr de la Sénardière (paroisse de Gorges), qui était sa veuve le 6 février 1577, ainsi que le prouve une transaction passée à Nantes entre Marc Buët, père de Louis Buët, et François de Bellozac, père de ladite Prigente de Bellozac, relativement au douaire de celle ci sur la terre de la Guessière, dont acte par devant F. Raffegeau et P. Marc, notaires royaux, (Archives de la Viollière).
2° Jehanne Buët, qui épousa d'abord Mathurin Chasteigner24, éc. sgr de la Grollière, fils aîné de feu Jehan Chasteigner, éc. sgr de la Grollière, et de défunte dame Marie... suivant contrat du 11 août 1548, en date du Plessis-Buët, devant Royraud et Symonneau, notaires de la châtellenie du Luc (Archives de la Viollière) ; puis elle se remaria avec Pierre Chasteigner, éc. sgr de la Vivantière (paroisse du Poiré sur Vie). Elle est, en effet, qualifiée veuve de ce dernier dans le contrat de son troisième mariage avec Claude Marchand25, éc. sgr de Bouillac et de la Rabillère, fils de Jacques Marchand, éc. sgr de la Dommangère, et de dame Marie de la Bauduère, lequel contrat, du 13 août 1571, reçu par Malydaine et Beziau, notaires de la principauté du Luc. (Archives de la Viollière).
3° Jehan Buët, éc.
4° René Buët, éc., les deux décédés avant le 9 février 1572, qui est la date d'un acte de vente par Claude Marchand, éc. sgr de Bouillac et de la Rabillère, à Marc Buët, chev. sgr du Plessis-Buët, des droits, parts et portions qui pouvaient et devaient appartenir à dame Jehanne Buët, femme dudit Claude Marchand, dans les successions de ses deux frères, Jehan Buët et René Buët, lequel acte de vente par devant René Fort et Michel Malydaine, notaires de la principauté du Luc, (Archives de la Viollière).
5° Marguerite Buët, dame de la Guesnière, après son frère Louis Buët, décédé sans postérité. Elle épousa, en premières noces, François Louer, éc. sgr de la Grelière (paroisse de Saint-André-Treize- Voies), fils de Martin Louer, éc. sgr de la Grelière, et de dame Catherine de Lyre, suivant contrat du 20 novembre 1552, passé sous la cour de Nantes et sous la cour de Montaigu, signé G. Gourdin,

20 De Rochefort porte : d'or au chef endauché d'azur, et chargé de trois besans rangés du champ.
21 De Daillon porte : d'azur à la croix engrêlée d'argent.
22 Girard porte : d'azur à trois chevrons d'or.
23 De Bellozac porte : de vair à la fasce de gueules.
24 Chasteigner porte : d'or au lion léopardé et posé de sinople, armé et lampassé de gueules.
25 Marchand porte : d'argent à trois mouches de sable.

passeur, et M. Villaine, passeur, lequel contrat mentionné dans une sentence rendue par Julien Charette, éc, séneschal de la chastellenie de la Bretesche, le 15 juin 1581, en faveur de Marguerite Buët, veuve de François Louer, et alors remariée à Jacques Poictevin26, chev. sgr du Plessis-Landry (Archives de la Viollière). En troisièmes noces elle s'allia à Etienne Lefranc, conseiller du Roi et maître de ses comptes au duché de Bretagne, lequel lui donnait procuration pour transiger avec les seigneurs du Plessis-Landry et de la Tousche, le 1er décembre 1589, reçue par Lebreton et Couezel. notaires royaux de la cour de Rennes. (Archives de la Viollière).
6° Jacquette Buët qui épousa Jacques Boscher27, éc., sgr de la Boscherie (paroisse de Saint-André- d'Ornay), et de la Guyonnière (paroisse de la Chaize-le-Vicomte), fils d'Antoine Boscher, éc. sgr de la Boscherie, et de dame Anne Chaon, ainsi qu'il appert par le troisième mariage de sa sœur, Jehanne Buët, au contrat duquel elle assistait et où elle était qualifiée veuve dudit Jacques Boscher. (Archives de la Viollière).
Par suite du décès, sans postérité, de sa sœur aînée, dlle Jehanne Buet, Jacquette Buët devint darne du Plessis-Buët, qualification qui lui est donnée, le 5 octobre 1581, dans l'acte de partage entre ses enfants, Antoine, Gilles et Guy Boscher, reçu par Daineteau et Chauvet, notaires de la principauté de la Roche-sur-Yon. (Archives du vicomte P. de Chabot, n° 688).
Gilles Boscher, éc., devint, par le décès de son frère Antoine, sgr de la Boscherie, de la Guyonnière et du Plessis-Buët, etc. Il épousa dlle Antoinette Masson28, fille de René Masson, éc. sgr de la Vayronnière, et de dame Louise Chasteigner, dame de Réaumur, laquelle Antoinette Masson était sa veuve, le 16 juin 1595, et tutrice de leurs enfants mineurs, et partagea en cette qualité.
Ces enfants étaient Julien Boscher et Gilbert Boscher.
Julien Boscher, chev. de l'Ordre du Roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, sgr de la Boscherie- Saint-André, du Plessis-Buët, épousa, vers 1620, dlle Jacqueline Sauvestre, fille de Barthélemy Sauvestre, éc. sgr de Clisson, et de dame Jacquette Hervé, et veuve de André Bouhier, éc. sgr de la Vérie, et de Jean Pierres, éc. (Dictionnaire des familles du Poitou, par MM. Beauchet-Filleau).
Julien Boscher ne laissa pas de postérité, et le 10 juillet 1645, André Masson, éc. sgr de la Perraye, était son héritier bénéficiaire, ainsi qu'il paraît par un acte de procédure (Archives du vicomte P. de Chabot, n° 914).
André Masson de la Perraye, chev. sgr de la Guyonnière, de la Boscherie, du Plessis-Buët, etc., épousa dlle Charlotte Maynard, fille de François Maynard29, chev. sg, de la Vergne-Péault, et de dame Andrée Chabot. (Dictionnaire des familles du Poitou ; par MM. Beauchet-Filleau).
Il vivait encore en 1628 et reçut, le 1er avril, une assignation à comparaître devant le sénéchal de la principauté de la Roche-sur-Yon, à la requête de Charles Surineau, chev. sgr de la Touche. (Archives de la Viollière).
Il eut pour enfants :
1° Alexis Masson, chev. sgr de la Guyonnière, du Plessis-Buët, etc., qui s'allia à dlle Renée Baudouin30, fille de Jean Beaudouin, éc. sgr du Payré, et de dame Louise Jousseline de Marigny, d'après contrat du 6 juin 1643, reçu par Guischard et Joussau, notaires de la baronnie d'Apremont. (Archives du vicomte P. de Chabot, n° 699). Lequel mariage sans enfant.
2° Marie Masson, mariée à Paul-Philippe de Morais, chev. sgr marquis de la Flocellière, fils de Urbain de Morais31, chev. sgr de Brezolles, et de dame Françoise d'Angennes, suivant contrat du 8 mai 1664. (Bibliothèque nationale, Cab. des Titres Carrés et Nozier). Marie Masson recueillit la succession de son frère et porta le Plessis-Buët et les autres possessions de la famille dans la maison de Morais.
Après eux, pendant trois générations, de père en fils, le Plessis-Buët et les autres terres de la Guyonnière, de la Boscherie, etc. furent successivement possédés par :
Henri de Morais, chev., marquis de la Flocellière, sgr de la Guyonnière, de la Boscherie, du Plessis

26 Poictevin porte : de gueules à trois haches d'armes d'argent, emmanchées de sable, emboutées du second.
27 Boscher porte : d'or à un lmambel de sable de trois pendants.
28 Masson porte : d'argent à cinq losanges de gueules posées 3 et 2.
29 Maynard porte : d'argent fretté d'azur.
30 Baudouin porte : d'argent à un chevron de gueules accompagné de trois hures de sanglier de sable, allumées du champ, posées 2 et 1.
31 De Morais porte : d'or à six annelets de sable posés 3, 2 et 1.

Buët, etc., époux de dite Marguerite Baudouin32, dame des Arpens, fille de René Baudouin, chev. sgr du Payré, et de dame Louise de Rorthays, suivant contrat du 18 août 1693. (Bibliothèque nationale, Cab. des Titres Carrés d'Hozier). Il est décédé à la Guyonnière, le 22 février 1713. (Archives communales de la Chaize-Vicomte).
Henri-René de Morais, chev. sgr de Cerizay, la Guyonnière, le Plessis Buët, etc., marié à dlle Marie- Anne de Jaudouin33, fille d'Alexandre de Jaudouin, chev. sgr de Marmande, etc., et de dame Bénigne de la Varenne, suivant contrat du 20 février 1721. (Bibliothèque nationale, Cab. des Titres Carrés d'Hozier).
Alexandre-Henri-René de Morais, chev, sgr de Cerizay, le Plessis-Buët, la Guyonnière, etc., marié à dlle Marguerite Sochet34 des Touches, suivant contrat du 17 juillet 1752 (Archives du vicomte P. de Chabot), laquelle est décédée à la suite des armées vendéennes, à Beaugé, le 20 décembre 1793 (acte de décès aux Archives du vicomte P. de Chabot).
Ils eurent plusieurs enfants :
1° Henri-René-Alexandre de Morais, mort à neuf mois, le 3 octobre 1761. (Archives communales de la Chaize-le-Vicomte).
2° Marie-Anne-Joséphine-Marguerite de Morais, mariée, le 27 novembre 1775, à Nicolas- Dominique Duchesne35, fils de Jacques-Charles-Florent Duchesne, chev. sgr baron de Denant, etc., et de dame Marie-Angélique-Geneviève de Jouvencourt, suivant contrat. (Archives du vicomte P. de Chabot). Elle suivit les armées vendéennes, fut faite prisonnière et mourut en prison au Mans, le 1er nivôse an II (acte de décès aux Archives du vicomte P. de Chabot).
3° Bénigne-Antoinette-Marguerite de Morais, mariée à Henri-Armand-Célestin de la Fontenelle36, chev, sgr de Vaudoré, Saint-Jouin de Milly, Puymary, Puy-papin, etc., fils de feu Armand Charles de la Fontenelle, chev. sgr de Vaudoré, etc., et de dame Marie-Anne-Renée-Bénigne de Morais, suivant contrat du 4 février 1776. (Archives du vicomte P. de Chabot).
4° Bénigne-Charlotte-Marguerite de Morais, mariée à Denis-Marie Duchesne, chev., fils puîné de Jacques-Charles-Florent Duchesne, chev. sgr baron de Denant, etc., et de dame Marie-Angélique- Geneviève de Jouvencourt.
II
Le fief Gourdeau
Le fief Gourdeau, terre noble de la paroisse de Saint-Pierre-du-Luc, devait son nom à la famille Gourdeau. Ce n'est plus aujourd'hui qu'une simple ferme appartenant à M. Pierre Ricouleau, de Saint- Etienne-du-Bois. On y voit encore un pavillon avec deux belles chambres ornées de grandes cheminées en granit, ainsi qu'une tour en ruines entourée de douves et percée de meurtrières. Probablement les douves qu'on voit au pied de la tour se prolongeaient jadis plus loin et environnaient tous les bâtiments. On remarque, dans la partie où se trouve le pavillon, une belle porte en granit de l'époque de la Renaissance. Un pont jeté sur les douves conduit dans la cour de la métairie.
Il y avait jadis en ce manoir une chapelle qui a complètement disparu. Nous en parlerons plus loin.
On vient de retrouver à quelques pas des bâtiments les traces d'un souterrain tout obstrué de décombres.
Voici quelques notes sur les propriétaires de cette vieille maison seigneuriale.
Les Gourdeau portaient : d'argent à l'aigle éployée de sable, onglée et becquée d'or". On trouve quelquefois : l'aigle onglée et becquée de gueules".
Cette famille, originaire de Commequiers, établit sa filiation depuis le XIIIe siècle. Elle remonte à Mre Guillaume Gourdeau, chevalier, seigneur d'Avaux, époux, en 1287, de demoiselle Anne de Chausseraie. Ses membres figurent sur les "rolles des nobles des païs et comtés de Poitou" dès les années 1467, 1491, 1505, et dans l'ordre de bataille de la noblesse du Bas-Poitou convoquée à

32 Baudouin porte : d'argent à un chevron de gueules accompagné de trois hures de sanglier de sable, allumées du champ, posées 2 en chef, 1 en pointe.
33 De Jaudouin porte : d'argent à un lion de sable armé de sinople.
34 Sochet porte : d'argent à trois merlettes de sable.
35 Duchesne porte : d'azur à trois glands d'or.
36 De la Fontenelle porte : d'azur à quatre étoiles d'or cantonnées et à un croissant d'argent montant en abimes, surmonté d'une étoile du second.

Fontenay le 14 juin 1758. Ils ont été maintenus dans leur noblesse aux réformations de 1665, 1700 et 1715, et ont pris leurs alliances dans les meilleures maisons de la province.
On compte dans cette famille plusieurs chevaliers de l'ordre du roi, un commandeur de Malte un gentilhomme de la chambre de Henri III, chambellan de Henri IV, grand maître des arts et métiers de France, député de la noblesse du Bas-Poitou aux États de Blois, un page de la grande Écurie sous Louis XV, plusieurs officiers de marine et chevaliers de Saint-Louis. Cette famille n'est plus représentée de nos jours que par Madame Armande-Ursule-Lydie de Gourdeau de Saint Cyr, veuve du commandant de la Gournerie.
A quelle époque le fief Gourdeau est-il devenu la propriété de la famille qui nous occupe ? Nous ne saurions le dire. Voici, avec la filiation, les notes qu'on nous a procurées et que nous devons à l'obligeance de M. le chanoine Boutin, curé de Saint-Étienne-du-Bois.
1° René Gourdeau, IIe du nom, chevalier, seigneur d'Avaux, de la Grolle, de Bonnefous, fils aîné de Jacques Gourdeau, IVe du nom, et de Catherine Louër, sa première femme, épousa : 1° Françoise Chasteigner, veuve du seigneur de la Groizardière, et fille de Jean Chasteigner, chevalier, seigneur de la Grollière et du Gué (contrat du 23 juin1484), et 2°, en 1505, Marie Barillon, fille de haut et puissant seigneur Jean Barillon, écuyer, seigneur de Somploire, et de dlle Marie de la Muce, qui lui apporta la seigneurie de Bonnefous. Ce René Gourdeau paraît être seigneur du Fief Gourdeau. Son fils Jacques, qui suit, l'était certainement.
2° Jacques Gourdeau V, écuyer, seigneur de la Vergne. Guémard, du Fief Gourdeau et de Bonnefous, fils aîné du précédent et de sa première femme, épousa (contrats des 30 mars 1502 et 26 décembre 1503) dlle Renée Buët, fille de Louis Buët, écuyer, seigneur du Plessis-Buët, et de Jacquette Bernard.
3° René Gourdeau IV, chevalier, seigneur châtelain d'Aizenay, de Bonnefous, du Fief Gourdeau, de la Sausais, d'Anaux, de la Grolle, qualifié haut et puissant seigneur, épousa à Nantes (contrat du 27 juin 1537) Marie Gabard, fille de feu Jean Gabard, écuyer, seigneur de la Nouë et de la Roullière.
4° Gilles II Gourdeau, fils du précédent, mourut avant son père, laissant de Odette Bastard, sa femme, fille de haut et puissant seigneur René Bastard, chevalier, seigneur du Fougeroux et de la Cressonnière (contrat du 25 décembre 1559) deux filles : 1° Gabrielle, demoiselle de Bonnefous, qui épousa Jean Maistre, écuyer, seigneur de la Papinière, etc. 2° Renée, mariée à noble et puissant Paul Poussard, écuyer, seigneur de la Guignardière, châtelain de Moricq.
Les Maistre, qui deviennent par alliance seigneurs du Fief Gourdeau, portaient : "d'or au sautoir de gueules dentelé de sable, cantonné de quatre croissants (alias de quatre crousilles) de même".
5° Jean Maistre, écuyer, seigneur de la Papinière, etc., époux de Gabrielle Gourdeau, demoiselle de Bonnefous.
6° Au commencement du XVIIe siècle, le seigneur du Fief Gourdeau était Louis Maistre. Dans un acte du 29 mai 1638, il est dit seigneur de la Papinière, etc. et de la terre et seigneurie du Fief Gourdeau. Il tenait ce titre de son père (ou de son grand'père), Jean Maistre, à qui sa femme, Gabrielle Gourdeau, l'avait apporté par contrat de mariage. Ce Louis Maistre épousa, le 25 janvier 1637, Louise Bastard de la Cressonnière. De ce mariage naquirent un fils et cinq filles. Le fils, nommé Henri, mourut probablement sans postérité. Une note, trouvée dans les papiers des Bastard, nous apprend, en effet, que Louise, leur seconde fille, mentionnée comme héritière, épousa, le 1er avril 1661, Olivier La Tour, mais elle ne porta pas à son mari la terre du Fief Gourdeau ; car dans un acte du 15 juillet 1666 (déclaration roturière), une de ses sœurs, haute et puissante dlle Henriette Maistre, est qualifiée dame de la Papinière et de la maison noble et terre du Fief Gourdeau. − A l'acte de mariage de Louise Maistre avec Olivier La Tour, le 1er avril 1661, Henriette et Renée Maistre, ses sœurs, sont dites aussi hautes et puissantes dames du Fief Gourdeau.
Quelques années après, la terre du Fief Gourdeau passe aux Chitton. Nous ne saurions dire si c'est par alliance ou par acte de vente.
Voici sur cette dernière famille les notes de MM, Beauchet-Filleau :
Les Chitton de Varnes en Bas-Poitou portaient "d'azur à la colombe d'argent, le vol étendu, la tête en haut (aliàs un Saint-Esprit), au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d'or". (Armorial du Poitou).
7° Le 17 juillet 1690, André Chitton, écuyer, seigneur de Varnes et du Fief Gourdeau, rend hommage à Belleville pour la Prévisière, qui s'appelait jadis la Languisière. Il fut anobli par lettres patentes du mois de novembre 1655, révoquées en vertu de l'édit de 1664, et reçut de nouvelles lettres

d'anoblissement au mois d'avril 1678. Il n'est fait aucune mention de lui dans la confirmation de noblesse accordée par M. de Maupeau, le 23 mars 1700, à la veuve de son frère, Jean-Marie Jouard mais, d'après l'Armorial Goujet, p. 149, il habitait la Garnache et fut maintenu comme les autres de l'élection de Poitiers. André Chitton se maria à Suzanne Raclet ou Rasclet dont il eut : 1° Josias qui suit, 2° Suzanne, mariée à François Prévost, chevalier, seigneur de Touchimbert, Saveilles, etc., lieutenant de vaisseau. Très probablement, elle décéda en donnant le jour à leur fille Marie-Suzanne ; car elle était morte lors du baptême de cette dernière.
8° Josias Chitton, écuyer, seigneur du Fief Gourdeau, de Varnes, etc. épousa à Asnois, le 31 mars 1699, Marie Chitton, fille de Benjamin, écuyer, seigneur de Montiaurier, et d’Esther Raclet (3e degré). Il décéda avant sa femme, car il existe aux Archives de la Vendée un acte de 1737 relatant une déclaration pour la métairie de l'île Bertin par Marie Chitton, veuve de Josias Chitton, sieur de Varnes et du Fief Gourdeau37. Josias Chitton était même mort avant le 5 mai 1715, car, à cette date, Marie Chitton est dite veuve et tutrice de Marie Chitton leur fille, et fait hommage, pour le Fief Gourdeau, à la baronnie de Belleville. Marie Chitton, qui paraît être leur unique fille, fut baptisée à Asnois, le 4 mars 1700, elle eut pour parrain Pierre Chitton, écuyer, seigneur de Montlaurier, son aïeul maternel. Elle épousa, le 12 décembre 1718, Louis-Marie de La Roche-Saint-André, chevalier, seigneur de Boin, et lui porta en dot le Fief Gourdeau.
9° Louis-Marie de La Roche-Saint-André. Dans un acte du 21 avril 1722, Louis-Marie de la Roche- Saint André, marquis du même nom, chevalier, est qualifié seigneur de Fresnay et de la maison noble du Fief Gourdeau et de ses dépendances... demeurant au château de la Salle, paroisse dudit Fresnay, province de Bretaigne, de présent dans son château du Fief Gourdeau, paroisse de Saint-Pierre-du-Luc. Par son testament du 9 février 1730, Pierre Arnaud, maréchal taillandier au bourg du Poiré, lègue à l'église et à la fabrique du Poiré deux prés dits de la Planche et de la Tranchée, situées dans le fief et tènement de la Prévisière de ladite paroisse, avec certaines charges contenues dans ledit testament sur lequel il est deub le droit de mainmorte au seigneur du Fief Gourdeau, M. Louis de La Roche-Saint- André, seigneur de Fresnay et du Fief Gourdeau38.
Le 19 mai 1783, un contrat de vente des fiefs Bouët et de la Prévisière est consenti au prix de onze mille cent cinquante livres à M le chevalier Eugène de la Ferronnays par Mr Louis-Marie de La Roche- Saint-André, marquis du même nom, seigneur du Fief-Gourdeau, la Salle, etc..., demeurant en son château de la Salle, paroisse de Fresnay (province de Bretagne), de présent en son château du Fief- Gourdeau, paroisse de Saint-Pierre-du-Luc.
N. B. Ces derniers actes prouvent que le château du Fief-Gourdeau n'était plus habité ; que son propriétaire y faisait de courtes apparitions et que son séjour ordinaire était le château de la Salle, paroisse de Fresnay.
M. Alexandre de La Roche-Saint-André, résidant au château de la Garde, près de Rocheservière, a vendu le Fief-Gourdeau, vers 1880, à M. Pierre Ricouleau de Saint-Étienne-du-Bois.
III
Le Retail
Depuis le 29 septembre 1863, la terre du Retail ne fait plus partie de la commune des Lucs, elle en a été distraite pour être annexée à la commune plus voisine de Legé. Cependant, faisant l'histoire des Lucs dans le passé, nous ne pouvons laisser de côté cette vieille gentilhommière.
Lorsqu'on quitte le bourg de Legé, en suivant la route de la Roche-sur-Yon, on rencontre sur la droite, après une demi-lieue de chemin, les ruines d'un ancien château qui ne devait pas manquer d'une certaine importance au temps de sa splendeur : c'est le Retail.
Construit, ou plutôt reconstruit en 1583, ainsi que l'atteste cette date inscrite sur la porte de la cour d'honneur, le manoir du Retail, par sa situation sur les Marches communes de Poitou et de Bretagne, avait dû servir anciennement de poste avancé contre les incursions des seigneurs de Rais sur les terres du Poitou.
La terre du Retail relevait féodalement de la châtellenie de la Benaste, ainsi qu'il conste d'un aveu rendu par Provost, seigneur du Retail, en 1436, à la dame de Montjean, châtelaine de la Benaste.

37 Il vivait le 1er avril 1710, car il rendait alors hommage au seigneur de Belleville pour son hostel du lieu de la Prévisière.
38 Dans un aveu de la Prévisière fait le 8 juillet 1739 à M. Louis de la Roche-Saint-André, celui-ci est qualifié chevalier, seigneur de la Prévisière, la Salle, la Nœ Briord (?), le Fief Gourdeau, l'Hostel Bascher, la Mortayère et autres lieux.

Le Retail passa ensuite dans la famille Saint-Hilaire, sieurs du Vissart-Bogon et la Bogonnière. Nous ignorons le mode et la date de cette transmission. Ce fut en l'année 1646 que la seigneurie du Retail entra dans la famille Goulard ou mieux Goullard par le mariage de Jeanne-Marie de Saint- Hilaire avec René Goullard, sieur de la Voulte et de Beauvais,
La descendance de Marie de Saint-Hilaire et de René Goullard a possédé jusqu'à nos jours le manoir du Retail et les terres y afférant.
Ce n'est qu'en 1902 que cette propriété est passée des mains de M. Calixte de Jousselin, arrière- neveu par alliance de la dernière demoiselle Goullard, entre celles de M. Augustin Baudry, ancien notaire à Legé. Le nouveau propriétaire poursuit le très louable but de restaurer une partie du vieux château et surtout de rendre son ancien lustre à la gracieuse chapelle ogivale de Notre-Dame-de-Bon- Secours. La statue de Notre-Darne porte le millésime de 1761 comme date d'érection, mais la chapelle elle-même est bien plus ancienne et pourrait fort bien remonter à 1583, comme le nouveau château lui- même.
Le dernier seigneur du Retail, ayant émigré en 1791, les autorités municipales de Legé, assistées de quelques gendarmes des brigades de Palluau et Pont-James, voulurent procéder à la vente des meubles du seigneur Goullard. Ce fut le 11 mars 1793 que se fit cette tentative de vente qui donna lieu à une échaffourée meurtrière pour les patriotes de l'endroit. Mais le château lui-même et les terres en dépendant ne furent point confisquées, Voici comment s'explique cette heureuse préservation, La loi déclarait que les biens par indivis ne pouvaient être vendus, à condition que le principal propriétaire n'eût point quitté le territoire français. Or, Mme de Goullard, mère des deux émigrés, n'avait point quitté le manoir de la Touche, près Rocheservière, pendant toute la Révolution. Elle se porta comme seule et unique propriétaire des biens laissés par son mari, feu Charles-César Goullard. En l'an VII, au mois de germinal, il lui fallut néanmoins soutenir un long procès afin de rester en tranquille possession des biens acquis par son alliance avec M. Charles Goullard
Au mois de mai 1792, peu après le décès du susdit sieur Goullard, ses enfants avaient fait le partage de la succession paternelle, au manoir même de la Touche, en présence de leur mère. Mais le tout fut passé sous seing privé et cela facilita ainsi plus tard la tâche difficile de Mme veuve Goullard de la Touche.
Ce fut de la sorte que le chevalier Louis-Augustin Goullard put, au retour de l'émigration, rentrer sous le toit de ses pères. Le château n'avait cependant pas échappé entièrement à la dévastation ; la partie principale du corps de logis était devenue la proie des flammes, et le chevalier de Goullard dut se contenter du pavillon gauche restauré à la hâte.
Comme nous le verrons plus loin, le chevalier Louis-Augustin de Goullard du Retail n'eut point d'enfants mâles. Il mourut en 1820 et fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours.
Voici quelques notes sur les anciens propriétaires du Retail.
Dans la première édition du Dictionnaire des Familles du Poitou, on lit au mot Goullard "Maison noble d'origine chevaleresque que nous croyons originaire, soit du Poitou (où elle a longtemps possédé de nombreuses terres), soit de la Saintonge. Elle écrivait indistinctement son nom Goulard, Goullard ou Goulart. Si l'on en croyait la tradition, elle remonterait à un Simon Goulard, barde qui se trouva, dit-on, à la bataille de Tolbiac, qu'il célébra dans ses poésies, et qui se fit chrétien avec le roi Clovis. Nous n'avons pas l'ambition de remonter si haut". (Papiers d'Hozier).
D'après d'autres, les Goulard qui se nommaient Muzerot de Goullard, tiraient leur origine des anciens rois de Gascogne.
Cette famille était divisée en un grand nombre de branches. La onzième s'appelait les Goullard de
Beauvais et du Retail. En voici la filiation d'après d'Hozier et Barentin :
1° Jacques Goullard, fils puîné de Jacques et de Jeanne de Montalembert, seigneur de Marsay. Il épousa Marguerite Rousseau dont il eut pour enfants : 1° Jean qui suit, et 2° Marie, mariée plus tard à Jean de Vidoult, seigneur de Romefort.
2° Jean Goullard, seigneur de Beauvais, Marsais, baron de Sainte-Rame, épousa, le 20 février 1513, Hélène l'Hermite, fille de Pierre, chevalier, et de Jeannette du Fau. De ce mariage naquirent : 1° Aimond, seigneur de Sainte-Rame, Beauvais et Mondion, capitaine, gouverneur de Niort ; 2° Jean, prêtre, chanoine et mestre ès école de Bourdeaux, prévôt de Parthenay, chanoine de Luçon 3° Louis qui suit :
3° Louis Goullard, écuyer, seigneur de Beauvais et de Marsais, fut gouverneur du prince Henri de Navarre, depuis Henri IV. Ce prince n'avait que neuf ans lorsque Louis Goullard fut placé près de lui

et sans doute il dut à son gouverneur quelques-unes de ces qualités qui le rendirent plus tard si populaire sur le trône de France,
Louis Goullard, qui avait suivi son élève à la cour de Charles IX pour assister aux fêtes de son mariage, fut une des victimes de la Saint-Barthélemy (24 août 1572). Henri IV le cite nommément dans sa déposition avec une expression de regret qui fait honneur à l'élève et au précepteur.
Louis Goullard avait épousé Marguerite de Talleyrand de Grignoles et il en eut pour enfants : 1° Anne qui suit ; 2° Claude, et 3° Jean.
4° Anne Goullard, chevalier, seigneur de Beauvais, le Bois-Pouvreau, les Basses-Vergnes, etc., épousa en premières noces, le 9 septembre 1599, Marie Jourdain, dont il eut : 1° René qui suit, 2° Henriette, 3° Marie, 4° Françoise. Puis, plus tard, il épousa successivement Jeanne Lévesque de Marconnay et Marie Masson.
5° René Goullard, chevalier, seigneur de la Voulte et de Beauvais, lieutenant-colonel au régiment de la Meilleraye, gouverneur de Lisle et château d'Indret, en Bretagne, fut maintenu noble, le 26 septembre 1667, par Barentin, intendant du Poitou. Il épousa d'abord, le 27 juin 1621, Jeanne de Tusseau, puis, le 8 mai 1646, Marie de Saint-Hilaire, fille de Hélie, chevalier, seigneur du Retail, Grand'Landes et Beaufou, et de Suzanne du Retail. C'est ainsi que le Retail entra dans les propriétés de la famille Goullard. De ce mariage naquit Charles-Marie qui suit :
6° Charles-Marie Goullard, chevalier, seigneur de la Voulte, de Beauvais et du Retail, épousa, le 20 mai 1676, Anne Roy de la Presle, fille de Jean, chevalier, seigneur de la Presle, et d’Anne Stample, Nous leur connaissons un fils :
7° Gabriel-Louis Goullard, chevalier, seigneur de la Voulte, de Beauvais et du Retail, naquit le 21 octobre 1682. Il épousa, le 27 juillet 1710, Marie-Henriette de l'Escorce, fille de Marc-Antoine, chevalier, seigneur de l'Escorce, et de Marie Mareschal. Il était mort avant le 3 février 1735 et laissait : 8° Louis-Charles-César Goullard, écuyer, seigneur du Retail, les Forges, la Tour-Massé. Fut gratifié, en 1776, d'une pension de 108 livres sur les fonds de la guerre, comme ancien capitaine au régiment Royal-Pologne-Cavalerie. Marié, le 15 décembre 1738, à demoiselle Anne de Gassion, fille de Charles, chevalier, seigneur du Coing, en Saint-Étienne-de-Corcoué, et de la Préauté, en Sainte-
Pazanne.
Leurs enfants furent : Louis-Augustin qui suit ; 2° Charles René, chevalier, baptisé le 18 août 1744, enseigne sur les vaisseaux du roi ; il émigra et servit avec son frère dans une des compagnies de la marine, à l'armée des princes ; il épousa, le 17 avril 1785, Charlotte-Aimée-Léonore de Citoys ; 3° Marc-Esprit, lieutenant au régiment de la Fère-Infanterie ; 4° Henriette-Marquette Goulard du Retail, qui épousa, en 1763, Charles de La Roche-Saint-André des Ganuchères. Ils eurent deux fils : Henri- Charles et Victor-Alexandre39 ; 5° Marie-Gabrielle, mariée, le 18 août 1783 à M. Charles de Suyrot, chevalier, seigneur du Mazeau ; 6° Anne Goullard, religieuse au couvent de la Visitation, à Nantes.
9° Louis-Augustin Goullard, chevalier, seigneur du Retail, les Forges, Saint-Etienne-de-Corcoué, baptisé le 2 juin 1741, page de Mme la Dauphine, servit ensuite dans les Carabiniers royaux et fut promu chef d'escadron dans le régiment Commissaire-Général-Cavalerie. Emigré, il servit dans une des compagnies formées du corps de la marine, à l'armée des Princes.
Le 17 septembre 1770, il avait épousé dlle Aimée-Amélie Audayer, fille de Charles, chevalier, seigneur de la Maison-Neuve. Il eut pour enfant Charlotte Aimée-Marie Goullard du Retail qui épousa, le 1er juin 1808, Charles-Lubin de Baudry-d'Asson. De ce dernier mariage vint Charles-Léon de Baudry-d'Asson qui épousa : en premières noces, Alodie-Pauline -Marie-Louise de Mauclerc, mère de M. Léon-Charles-Armand de Baudry-d'Asson, né à la Touche, près Rocheservière, le 15 juin 1836, député de la Vendée et commandeur de Saint-Grégoire-le-Grand ; en deuxièmes noces, Charles-Léon de Baudry-d'Asson se maria avec N... et en eut une fille qui épousa à son tour M. Calixte de Jousselin, propriétaire du château de Baugisière, en Saint Michel-le-Cloucq. C'est à ces derniers qu'appartenait la terre du Retail, lorsqu'ils la vendirent au propriétaire actuel, M. Augustin Baudry, de Legé.
Les Goullard, qui possédèrent si longtemps le Retail, avaient un goût prononcé pour l'élevage des chevaux, et ils avaient fait de leur terre seigneuriale une des plus belles propriétés du pays. Leurs

39 Charles-Henri de La Roche-Saint-André, né à Montaigu le 2 juin 1771, mourut, le 28 juin 1849, au château du Margat, paroisse de Contigné (Maine-et-Loire), après avoir été blessé à Quiberon, et s'être mêlé à l'insurrection de 1815, sous Suzannet.
Victor-Alexandre émigra, fit partie du régiment des officiers de Marine d'Hector et mourut à Quiberon le 16 juillet 1795 (DENIAU, 2° ed,, tome 1er, p. 539).

armes étaient : d'azur au lion couronné d'or.
Nous terminerons cette notice sur le Retail par le récit d'une insurrection dont le vieux manoir fut le témoin, le 11 mars 1793.
Ce jour-là, à neuf heures du matin, les paysans de Legé et des environs s'armèrent pour la première fois, afin de défendre les droits de la justice et de la liberté. Ce soulèvement eut lieu à l'occasion d'une vente forcée faite au château du Retail, en exécution de la loi votée par la Convention au sujet des biens des émigrés. M. de Goulard (Louis-Augustin), propriétaire du Retail, très connu et très estimé dans la contrée, avait pris le chemin de l'émigration comme la plupart des seigneurs du pays ; et il s'agissait, au nom de la nation, de mettre ses biens en vente.
Le jour et l'heure avaient été désignés d'avance, et déjà un certain nombre d'officiers et de commissaires nationaux, accompagnés de quelques patriotes de Legé, s'étaient transportés sur les lieux et avaient commencé la vente, lorsqu'une petite armée, composée d'hommes des paroisses des Lucs, de Beaufou, de Saint-Etienne-du-Bois, etc., se présenta au bourg de Legé. Quelques-uns avaient des fusils, les autres portaient des faux et des fourches. Ils pensaient que cette démonstration suffirait pour effrayer les patriotes et faire avorter leur projet de vente ; mais un nommé Henri Collinet, officier municipal de Legé, âgé d'environ vingt huit ans, s'étant porté au-devant d'eux et ayant tiré sur la troupe un coup de pistolet, ceux-ci lui répondirent par un coup de fusil qui l'étendit raide mort. Cette première affaire eut lieu sur la route même de Saint-Étienne-du-Bois, près du ruisseau du Papin qui coule au sud de Legé. Le patriote Collinet qui, sans doute, avait eu vent du soulèvement, mais qui pensait le disperser par sa seule attitude, avait mandé près de lui, pour lui venir en aide, en cas de besoin, quatre gendarmes de la brigade de Palluau, Mais ceux-ci prirent prudemment la fuite, dès qu'ils virent la tournure tragique que prenait l'affaire. Les autres patriotes de Legé prirent, sans doute, fait et cause pour Henri Collinet, car onze d'entre eux payèrent de leur vie leur résistance aux paysans. De ce nombre fut le curé intrus de Legé, le sieur Bossis, âgé de vingt-huit ans, Il mourut, dit la tradition, en maudissant son père et sa mère qui l'avaient, en quelque sorte, forcé de prêter serment.
Les Vendéens durent vraisemblablement se porter ensuite au Retail, où ils prirent et fusillèrent deux gendarmes de la brigade de Pont-James, le commissaire national chargé de la vente, et une dizaine d'hommes qui se trouvaient là probablement à titre d'acquéreurs. Le lendemain, 12 mars, une vingtaine de cadavres étaient portés dans le cimetière de Legé.
Ce récit reproduit dans la nouvelle édition de la guerre de Vendée, par M. Deniau (tome 1er pp. 425 et 426), est extrait d'un manuscrit conservé à la cure de Legé. L'auteur, M. Gillier, était vicaire de la paroisse au moment où se passaient les événements. Il mourut plus tard, curé des Essarts.
De son côté Chassin, (préparation de la guerre de Vendée, tome 3, p. 389) publie une lettre d'un citoyen Hamon, négociant à Tours, qui se trouvait le 11 mars près de Legé, et qui raconte à sa façon l'insurrection vendéenne. D'après ce dernier, 29 patriotes seraient tombés ce jour là, sous les coups des paysans révoltés.
IV
La Davière
Cette vieille demeure seigneuriale s'élève à quelques kilomètres du bourg et non loin de la route qui se dirige vers Mormaison. Une longue et belle allée bordée d'arbres verts mène le voyageur depuis le chemin vicinal jusqu'au vallon où se cache l'antique manoir. A l'entrée de cette allée, le propriétaire a fait mettre en bordure deux canons achetés depuis quelques années et qui sont là, non pour la défense, mais pour l'ornement et la parade. Au bout de dix minutes de marche, on arrive subitement devant la vieille habitation. Après avoir passé sous un porche de granit, on pénètre dans une grande cour carrée. A droite et à gauche s'élèvent de vastes servitudes, sur l'une desquelles on remarque encore des restes de mâchicoulis, d'où l'on pouvait défendre l'une des portes du manoir.
Au fond de la cour se dresse la vieille et curieuse maison des maîtres où l'on tient encore à conserver le cachet du passé. On y retrouve les immenses cheminées d'autrefois et sur l'une d'elles apparaissent des armes en peinture, qui furent peut-être celles des familles de Chitton ou de Goulaine. Dans l'une des salles, les murs portent certaines traces de peinture imitant des dessins de tapisserie. Les plafonds sont restés tels qu'il y a plusieurs siècles et les portes ont conservé leur ancien système de fermeture une barre de bois qu'on enfonce jusqu'à extinction dans un trou du mur et que l'on retire pour la faire joindre à un autre trou dans le mur opposé.

Des tourelles sont flanquées aux coins de la maison d'habitation, et dans le mur du côté nord on voit encore des meurtrières qui permettaient de faire des feux croisés sur l'ennemi. Derrière le logis, le coteau descend à pic jusqu'à un petit ruisseau qui est souvent à sec en été.
Il y avait jadis une chapelle à la Davière, Cette chapelle, aujourd'hui complètement disparue, se trouvait, d'après la tradition, à gauche de l'allée en arrivant, à cent mètres du corps de bâtiment.
Enfin, on voit encore, à une dizaine de mètres de la porte d'entrée, une sorte de tour affectant une forme presque ronde. C'était une fuie.
Et maintenant, quels furent les premiers maîtres de la Davière ? Nous l'ignorons Nos renseignements sur les habitants de cette maison noble sont fort incomplets. Voici le peu que nous avons pu recueillir :
En 1652, Jean Chitton, écuyer, était seigneur de la Davière. A cette date, Jean Chitton fut anobli par des lettres signées au mois de janvier. Ces lettres ayant été révoquées par l'édit de 1664, il en obtint de nouvelles au mois d'avril 1678, registrées en la cour des aides le 20 juin 1678 et en l'élection des Sables le 5 septembre 1685. Jean Chitton décéda en 1697, car le 11… de cette année il fut payé au trésor royal par Marie Jouard, sa veuve, et Robert-Pierre, leur fils, une somme de 1000 livres pour jouir des lettres d'anoblissement précitées. Mais Robert-Pierre paraît être décédé peu après, car il n'est pas mentionné dans la confirmation accordée le 23 mars 1700 par M. de Maupeou à Marie Jouard, veuve de Jean Chitton, sieur de la Davière. Cette dernière habitait alors au Luc (Dict. Beuuchet- Filleau, art. Chitton).
Les Chitton de Varnes dont le précédent était issu, portaient leurs armes : d'azur à la colombe d'argent, le vol étendu, la tête en haut (alias un Saint-Esprit), au chef cousu de gueules, chargé de trois étoiles d'or (Id. loc. cit).
Outre son fils Robert-Pierre, Jean Chitton avait encore de son mariage avec Marie Jouard, une fille nommée Anne, qui devint maîtresse de la Davière, et qui porta la propriété à la famille de Goulaine.
Voici à ce sujet les renseignements que nous devons à l'obligeance de M. Paul Beauchet-Filleau, de Chef-Boutonne :
La Davière, dans la paroisse des Lucs, est venue à la famille de Goulaine par le mariage de François de Goulaine, écuyer, seigneur de l'Audonnière, avec Anne Chitton, fille de Jean, écuyer, seigneur de la Davière, et de Marie Jouard, le 19 juin 1680. De ce mariage vint Louis Samuel de Goulaine, né le 21 mars 1681, élevé dans le catholicisme40, marié 1° à Geneviève de Rosmadec, fille de Sébastien, marquis de Rosmadec et de Goulaine et d’Anne de Goulaine, dernière représentante de la branche aînée des marquis de Goulaine. Ceux-ci eurent pour enfants : un garçon mort jeune et une fille, Marie-Yolande-Armande-Marguerite, née à Paris, le 20 avril 1711, mariée en premières noces à Julien-François-Sébastien de Bruc, chevalier, seigneur de Vieillecour, le 19 juillet 1719, puis en deuxièmes noces, le 28 février 1740, à Henry-Auguste de Boutehoche, chevalier, seigneur de Changoubert. Elle eut des deux lits un fils qui tous les deux prirent le titre de marquis de Goulaine.
Louis-Samuel épousa : 2° Françoise-Jacques de Chiré, fille de Nicolas, chevalier, seigneur de Chiré, et de Françoise Thérèse Guillon et mourut à l'Audonnière.. Il fut inhumé dans l'église de Vieillevigne, le 23 février 1736.
De son second mariage il eut : 1° Charles Jacques qui suit ; 2° Jeanne ; 3° née le 27 novembre 1726 ; 4° Anne Françoise-Hyacinthe, mariée, le 17 février 1744, à René-Esprit Baudry d'Asson ; 5° Yolande, qui épousa, le 27 avril 1750, Bonaventure Jouslard d'Ayran.
Charles-Jacques de Goulaine, chevalier seigneur de l'Audonnière et de la Davière, se maria à Renée Marie-Françoise du Bois de la Féronnière, fille de Jacques-Henri et de Marie-Madeleine Gaultier de Chanzé. Il mourut à l'Audonnière à l'âge de quarante-cinq ans, le 7 mars 1769, ayant eu : 1° Yolande- Rosalie-Claudine, baptisée le 18 septembre 1747, mariée à Pierre Espinasseau de Péault, enfermée comme suspecte, ainsi que son mari, dans les prisons de Brouage pendant la Révolution ; 2° Renée- Françoise Henriette, baptisée à Nantes le 23 février 1745, novice au couvent des Religieuses de Sainte-Elisabeth de Nantes, le 5 février 1771, professe le 27 mars 1772 ; 3° Anne-Marie Charles- Samuel qui suit ; 4° François ; Pierre-Marie-Henri, né en 1758, émigra avec son frère aîné, Anne Marie, en Angleterre, et périt avec lui à Quiberon. Son nom est inscrit sur les murs de la Chartreuse d'Auray.
Anne-Marie-Charles-Samuel de Goulaine, chevalier, seigneur de l'Audonnière, la Davière et du

40 Plusieurs membres de la famille Chitton étaient protestants. Anne Chitton, mère de Louis, l'était peut-être aussi.

Châtenay, marquis de Goulaine, page de Louis XVI, épousa, le 1er juillet 1781, Marie-Anne Taudière de Maleysie, qui lui apporta en dot 80 000 louis. Il fut parrain de la troisième cloche de Vieillevigne, le 30 août 1788. Il émigra vers 1790 en Angleterre, mais ne fut pas suivi par sa femme qui resta au pays, où elle prit une part active au soulèvement de la Vendée. Son mari fit partie de l'expédition de Quiberon et fut fusillé avec son frère Pierre-Marie-Henri.
Les biens du marquis de Goulaine furent confisqués pendant son émigration, mais sa femme put se faire restituer la terre de l'Audonnière qui fut estimée au montant de sa dot et vendue par elle, après la pacification de la Vendée, à la famille de Couëtus.
A l'époque de la Révolution, la Davière n'appartenait déjà plus à la-famille de Goulaine. Voici les renseignements que nous a donnés à ce sujet l'honorable M. Renaudin propriétaire actuel de cette vieille gentilhommière.
Le 24 août 1792, le maitre de la Davière était Georges-Marc Payraudeau, procureur de la justice royale du Luc (titre équivalant à celui de maire ou de juge de paix), demeurant à la maison noble de la Chasselandière, et, dans un acte de partage, il donnait sa propriété à son fils ainé, Henri-Alexandre Payraudeau. Celui-ci eut huit enfants et il légua à son tour la Davière à sa fille Monique, la dernière de ses enfants, née en 1812 et décédée en 1895. C'était la grand'mère de M. Renaudin à qui elle a apporté le domaine en question.
Avant 1792, la famille Payraudeau possédait-elle depuis longtemps la Davière ? Oui, au moins depuis le 27 février 1773. A cette date, Georges Payraudeau achète tous les tènements, terrages, rentes et-droits féodaux de la Chasselandière à M. Barton, comte de Montbas, et à son épouse Marie- Geneviève de Marçonnay de Mornay. Or des tènements de la Chasselandière dépendaient une métairie et des champs à la Davière et Georges Payraudeau y est continuellement cité ; il en était donc bien le propriétaire.
Georges Payraudeau dut acheter la Davière après 1753, date de la mort de Messire Jacques Charles-Laurent des Cars, décédé le 10 septembre de la même année dans cette maison-noble. Sa veuve, Marguerite-Françoise de Goulaine, dut vendre la Davière, car lorsqu'elle mourut, le 1er juin 1769, elle résidait dans le bourg des Lucs. Elle était là plus près des restes mortels de son mari qui avait été inhumé dans l'église paroissiale.
Pendant la Révolution, les Payraudeau se cachèrent à Nantes et à Montaigu, où ils furent protégés par le citoyen Fayau. La Davière fut en partie brûlée, puis habitée par des métayers jusqu'en 1830. Alors M. Aimé Payraudeau, conseiller général, la fit restaurer tant bien que mal et il y habita jusqu'à la fin de sa vie.
Il paraît que pendant les guerres de religion, la Davière fut la résidence d'un seigneur protestant, mais ce dernier, signalé à Richelieu par Mgr de Sourdis, s'attira l'animadversion du terrible cardinal, qui fit raser l'étage supérieur de son château.
Les constructions de la Davière étaient jadis assez importantes. On y remarquait, il y a environ vingt-cinq ans, de très vieux bâtiments qui ont été démolis depuis. On trouve encore dans le jardin d'anciennes fondations qui prouvent que le château devait avoir une aile vers le sud.
V
La Chasselandière
Cette terre assez considérable était située à peu de distance du Plessis-Buët, mais de l'autre côté de la rivière. Elle est aujourd'hui complètement démembrée. D'après M. Aillery, cette terre venait de la famille de La Roche-Thévenin (paroisse de la Guyonnière, près Montaigu), qui l'avait vendue avant la Révolution. Les seigneurs de ce lieu possédaient un banc avec droit d'armoiries dans l'église.
Malgré nos recherches, nous n'avons trouvé aucun personnage de la famille de La Roche-Thévenin portant le titre de seigneur de la Chasselandière. Il est à croire que l'étude des vieux registres paroissiaux que nous n'avons pas vus donnerait satisfaction sur ce point.
M. Paul Beauchet-Filleau nous communique une note de dom Fonteneau dans laquelle on parle d'un Jean Marin, chevalier, seigneur de la Chasselandière, qui était décédé avant le 29 juillet 1647 et qui laissait pour veuve Anne Gaultereau. Cette dernière fut établie tutrice de son fils et fut maintenue en sa noblesse par Barentin, le 12 septembre 1668.
D'un autre côté, nous trouvons un Parmenas Marin, sieur de la Chasselandière, paroisse du Luc, élection des Sables, dont le nom figure dans le catalogue alphabétique des nobles de la Généralité de

Poitiers, maintenus par Colbert, Barentin et Rouillé du Coudray. (Voir Etat du Poitou, par DUGAST MATIFEUX, p. 333).
Enfin on a vu plus haut que la Chasselandière était possédée en 1773 par M. Barton, comte de Montbas, qui la vendit alors à Georges Payraudeau.

BÉNÉFICES ECCLÉSIASTIQUES DES LUCS I.
Le Prieuré de Saint-Pierre-du-Luc
Il était situé tout près de l'église de ce nom, au midi. On n'en retrouve que de vieux restes de murailles qui marquent sans doute l'enceinte de la demeure monacale. Comme les autres prieurés, celui de Saint Pierre-du-Luc ne dut être, à l'origine, qu'une simple ferme administrée par un ou plusieurs religieux. Il dépendait de l'abbaye de Talmond qui y percevait un revenu de 300 livres On y célébrait la première messe les dimanches et fêtes, ainsi que l'office aux fêtes annuelles. (Pouillé d'Alliot 1648 et Pouillé extrait de dom Fonteneau, XVIIIe siècle).
Le plus ancien document qui nous parle de ce Prieuré est le manuscrit de l'archidiacre Marchant (1333-1334). Ce dernier nous apprend que le prieur devait la procuration, c'est-à-dire une certaine somme d'argent, pour les droits de l'évêque, au moment de sa visite. Ces droits s'élevaient à 78 sous.
Le premier prieur dont nous avons retrouvé le nom est Louys Buet dont nous avons déjà parlé, à l'occasion des désordres commis par les Protestants sur le territoire des deux Lucs, en 1564. A la suite de ces brigandages, Louys Buet écrivait à l'évêque de Luçon la lettre suivante :
"C'est la déclaration et plaincte que donne par devant vous, très haut et puissant seigneur, révérend père en Dieu, Mgr Baptiste Tiercelin, par la grâce de Dieu rie evesque de Luçon, Louys Buet, prieur du prieuré de Saint-Pierre-du-Luc, sur les empêchements faits au service divin de l'église dudict lieu du Luc, et autres furies voularies et viollences faicts tant au temple ancien que à la cure dudict lieu.
Plaise vous savoyr, mondict seigneur, que dempuys le premier jour du mois d'aoust dernier est venu au bourg dudict lieu ung nommé Jehan Le Rou, seigneur de la Drugère, manant et habitant en lad. paroisse, jusques au nombre de quatre-vingts hommes à cheval, tous lesquels estoient armés de courps de cuyrasses, Jacques le Mercier harcebouse à ronde et à mesche avec pistolles et pistollets, lesquelx tous ensemble faisaient leur principale desfense et retirement en la maison d'un nommé Guyon Mercier audit bourc, et incontinant que led. Rou et sa compaignée furent arrivés aud. bourc, commanda et de faict fit mener au temple et église ancienne dud. lieu tous les chevaux qui purent loger en icelluy et en firent leur estable l'espace de deux jours et non contents de ce, mirent le feu et firent brusler la pourte dud, temple et incontinant se transportèrent jusques à la cure dud. lieu où ils trouvèrent les portes fermées, lesquelles ils brisèrent et mirent en pièces, et non contants se transportèrent chez les métayers dudit Buet, prieur susdit et leur firent ouvrir la pourte soysdisent estre parens et amys dud. Buet, leur mirent la dague sous la gourge, jurant misérablement le nom de Dieu qu'ils estoient venus pour couper la gorge aud. Buet prieur susd. et au curé dud. lieu parce qu'ils continuent le service ancien et romain et que ordinairement ils preschent l'Evangile ; entre lesquels furent congneu le dit Rou, seigneur de la Drugère, ung Bois-Gattard, de la paroisse de Chavaigne, le Moyen de Ryc Rousseau, paroisse de la Garnache, le seigneur de la Grie puisné de la Rinère et de Monsoil, ung nome Motterie, de la paroisse de Saint-Deni-la-Chevasse, ung nommé Guyon Mercier, Jacques et Antoine Merciers frères, René Peraudeau, Louys Thévhenet, Pierre et Collas Violleau frères, Thomas Oberin, Mestre Jehan Mercier, prestre appellant (?), l'ayant reconnu, un nommé mestre Pierre Niorbeau et son fils baptard, ung nommé Rouhier, du village de la Fauchère, lesdicts cydessus entre et seurplent de lad. compagnie estoient tous gens incongneus ; et non content de ce, s'adressèrent lesd. des sus només à une pauvre femme dud. bourc et la prindrent par fource, et après en avoir faict à leur plaisir luy mirent du vinaigre et du sel… et la menoient par le bras par led. bourc, et au moyen desquels excès led. curé qui ordinairement preschoit l'Evangile, comme dict est, fut contrainct s'absenter et feuyr, de sorte que led. suppliant n'est pas en seureté par raison desd. menasses ; et bien ung moy après retournèrent lesd. Rou et grant partie desd. incongneu aud. bourc du Luc, pensant trouver led. prieur susd. pour le tuer, et mesmement tirèrent plusieurs coups de harcquebuse et pistolles après led. prieur, de sorte qu'il fut contrainct de s'enfuyr en la tour de lad. église du Luc l'espace de cinq ou six jours ; et non contant de ce led. Louys Mirebeau, Motterie et plusieurs autres

allèrent par la paroisse dud. lieu du Luc par les maisons, prenant en chascune desd. maisons du blé, et jurant et blasphémant le nom de Dieu que led. blé seroit pour nourrir ung ministre, et là où ils ne vouloient ouvrir lesd. pourtes, ils les mettoyent par terre. Et ces choses certifiye estre vray et avoir esté faict, ouffrant prouver en temps et lieu par la présente ma déclaration signée de ma main et deux notaires à ma requeste, le seiziesme jour d'octobre, l'an 1564.
Loys Buet. J. Giroyseau, J. Garlemeteau."
Cette pièce est extraite du recueil de dom Fonteneau (tome 14, p. 579 et 583). Un autre document (Id. p. 610), en date du 13 avril 1568, nomme Louis Buet comme recteur de Challans et prieur du Luc. Ce dernier, ainsi que Pierre Le Sueur, curé de Saint-Pierre-du-Luc, apportent encore leurs témoignages au sujet des ravages des huguenots. "Pierre Le Sueur dit son église paroissiale et maison presbitéralle avoir été emportez et pigiez. Dict aussi avoir entendu le prieur de l'église paroissiale de Notre-Dame du Luc dire son église avec partie de la maison presbytéralle estre brûlez".
"Louis Buet ajoute que les deux églises paroissiales de Saint-Pierre et de N.-D du Luc ont esté brûlées, et le presbytère du curé de Saint-Pierre dudit lieu et tout ce qui y avait led. curé avoir esté piglé et emporté et que son prieuré dudit Saint-Pierre du Luc a esté presque tout bruslé et incendié et les meubles qui y estoient tous raviz et emportez".
Jusqu'au XVIIIe siècle nous ne trouvons aucun nom de prieur. Un seul document évoque le souvenir du prieuré de Saint-Pierre en 1641. Dans la taxe de cette année, le prieur est imposé pour une somme de cent livres, ce qui fait supposer que ses revenus devaient être considérables, en comparaison de ceux du curé qui n'était imposé que pour treize livres.
Le troisième registre des Insinuations ecclésiastiques (1704 à 1709) indique au n° 411 la collation du prieuré de Saint-Pierre-du-Luc à un titulaire dont le nom n'est pas cité, puis au n° 461 la prise de possession du même prieuré par M. Demanfaucon de Villard.
Le cinquième registre (1714 à 1719) donne ensuite le nom de M. Melchior Tabary (n° 165 et 194). Ce susdit prieur reçoit en même temps la collation du prieuré claustral de Talmond. C'était un religieux de l'ordre de Saint-Benoît.
En 1718, Melchior Tabary résigne son titre de prieur de Saint-Pierre du-Luc et, le 20 octobre, est remplacé par un autre bénédictin, François Margat, prêtre du diocèse d'Orléans, chantre et chanoine d'une église séculière et collégiale qui est appelée, dans l'acte de collation, "Rijcheverii Sulliacensis". Sa nomination est faite par le vicaire général de Luçon, Louis-Joseph de Chapt de Rastignac. L'acte qui confère ce bénéfice fait remarquer que le prieuré de Saint-Pierre du Luc ne requiert pas une présence personnelle de la part du titulaire ; de plus François Margat est nommé malgré son absence, parce qu'on l'a reconnu capable licet absenti, sufficienti tamen et idoneo conferimus.
François Margat jouit pendant six ans de son prieuré du Luc. Le 13 mai 1724, il le résigna en faveur de son frère, Benjamin Margat, et reçut en échange celui que ce dernier possédait à Saint- Pierre-de-Brienne (registre des collations de Mgr de Lescure). Le septième registre des Insinuations ecclésiastiques (1724 à 1728) donne ensuite le nom de Mre Bujau Maryet (n° 53), lequel à son tour cède la place à dom Charles-Claude Thierical, religieux sacristain de l'abbaye royale de Moutierneuf de Poitiers (n° 540).
Le dixième registre contient les deux indications suivantes : "Signature de cour de Rome du prieuré de Saint-Pierre-du-Luc pour Mre Pierre le Piquard de Flavigny (n° 16). − Signature, visa et prise de possession du prieuré de Saint-Pierre-du-Luc pour François-Théofrède de Saint-Vincent, religieux" (n°151). − "Présentation au prieuré de Saint- Pierre-du-Luc pour Mre Dom René Fèvre, prieur de Talmont" (n° 194).
Dans le treizième registre (1753 à 1761), le titulaire est M. Alexandre Jugoult (n° 534).
Dans le quatorzième registre (1761 à 1768), on donne le nom de M. Cornillon de Sainte-Verge (n°180). D'après le dictionnaire de M. Beauchet-Filleau, dom Charles de Cornillon de Sainte-Verge était le cinquième enfant (sur vingt-deux) de Paul de Cornillon, écuyer, seigneur de la Forêt-Sainte- Verge, et de Louise de l'Estoile, Baptisé à Sainte-Verge (Deux-Sèvres, le 18 octobre 1711), il se fit moine bénédictin à l'abbaye de la Sie-en-Brignon (D.-S.), le 7 juillet 1732, âgé de vingt et-un ans, puis passa à celle de Chambon (Mauzé-Thouarsais D.-S.), et mourut après le 29 novembre 1770. Parmi ses nombreux frères et sœurs, on remarque .Jean-Charles, prieur, baron de Bellenoue (Vendée) ; Marie- Jeanne, religieuse à l'abbaye de la Ferté-sous-Jouarre ; Joseph, élève du séminaire de Luçon, puis chanoine du chapitre de Montreuil-Bellay ; René-Alexis, également élève du séminaire de Luçon, puis curé de Lenay (?) (M.-et-L.) ; Louise-Françoise-Catherine, religieuse de N.-D. de Jouarre.

II
Prieuré de Saint-Jean du Bois-du-Luc
Ce prieuré se trouvait sur le territoire de Notre-Dame du-Luc. M. Aillery émet l'opinion qu'il pouvait être situé près du Bois-du-Luc et du Champ-du-Luc, sur l'emplacement où sans doute autrefois se trouvait un collège de druides. Dans la notice de M. l'abbé de Goué, on le place près de la Gourmaudière.
Ce prieuré relevait de l'abbé d'Orbestiers (abbaye royale de Bénédictins, au Château d'Olonne). Sa fondation remontait peut-être au treizième siècle et fut sans doute la suite d'une largesse de Jocelin de Belleville à l'abbé et aux moines de Saint-Jean d'Orbestiers. Voici en quels termes fut faite cette donation : "Insuper, pro redempcione anime mee et parentum meorum, dedi in puram et perpetuam helemosinam et liberaliter concessi eisdem monachis quicquid juris sive dominii habemam vel habere poteram in terra eorum de Malo Pertuiso et in hominibus suis de Gormanderia (la Gourmandière) et de Boscheria et de Bosco (le bois du Luc) et de Tallepe (Taillepied) et in terris et tenementis eorum hominum, habendum et possidendum in perpetuum, pacifice, libere et pacifice". Cet acte fut fait en 1230 et se trouve inséré dans le cartulaire de l'abbaye d'Orbestiers (n° 43).
Une autre pièce de 1268 du même Cartulaire nous révèle déjà l'existence du prieuré du Bois-du- Luc. Un certain Brient-Rasclet et Jeanne Lailler, sa femme, font remise à l'abbé et aux moines d'Orbestiers de dix sous que ceux-ci leur devaient annuellement sur la propriété de Taillepied, à condition que chaque année on chantera six messes pour eux et leurs parents défunts. De plus il est spécifié que ces messes se diront soit au monastère d'Orbestiers, soit au prieuré du Bois-du-Luc, pro contando et celebrando quolibet anno et quolibet die Veneris post festum Pasche sex missas, et pro faciendo commemoracionem parentum predictorum Briencii et Johanne in qualibet dictarum missarum, scilicet in dicto monasterio , vel in prioratu suo de Bosco Luci (pièce n° 63).
La taxe du prieuré, en 1641, était fixée à 40 livres.
Dans le Pouillé extrait de dom Fonteneau (XVIIIe siècle), les revenus atteignaient 80 ou 100 livres et il y avait la charge d'une messe. Le prieuré dépendait toujours de l'abbé de d'Orbestiers.
Parmi les prieurs de Saint-Jean du-Bois-du-Luc nous n'avons retrouvé que les noms ci après. Ces noms sont fournis par les insinuations ecclésiastiques.
Deuxième registre (1699 à 1704) "Signature de cour de Rome, visa et prise de possession du prieuré du Bois-du-Luc pour M. Pillet." (n° 221). Ce prieur était-il le même que Jean Pilet, curé de Notre-Dame-du-Luc, de 1671 à 1701. Nous l'ignorons. Ce qui est certain, c'est que ce prieur fut aussitôt remplacé par un autre.
Le n° 223 du même registre nous apprend la présentation et la prise de possession de M. Laurent Regain, lequel était nommé aussi peu après au prieuré claustral d'Orbestiers (p. 38 et 31).
Cinquième registre (1719 à 1724) : "Prise de possession du prieuré du Bois-du-Luc pour M Dhostager". (n° 301.) − "Collation du prieuré du Bois-du-Luc avec procuration pour prendre possession pour le sieur Dostagère (ou Dostayère" (n° 316). − Prise de possession du même" (n° 320). D'autre part on trouve dans le registre des Collations de titres faites par Mgr de Lescure, un procès- verbal portant la nomination de messire Mathurin Gibotteau au prieuré de Saint-Jean. Ce M. Gibotteau était en même temps curé de Belleville et il remplaçait au Bois-du-Luc Etienne Pillet, curé de Saint- Pierre du-Luc, et décédé quelques mois auparavant. La nomination de M. Gibotteau porte la date du
18 octobre 1721.
III
Prieuré de Landenoire
Les registres de la paroisse parlent d'un prieuré et d'une abbaye à Landenoire, mais n'indiquent pas à quel ordre de Religieux ils appartenaient. Il y avait en ce lieu une chapelle. appelée Sainte-Madeleine de Landenoire. Ces indications sont fournies par la notice de M. de Goué sur la paroisse des Lucs. Nous n'avons rien trouvé, ni sur l'abbaye, ni sur le prieuré, ni sur la chapelle.
IV
Chapelle de la Lande ou Villegay
Son revenu était, au XVIIIe siècle, de vingt-quatre boisseaux de blé (Pouillé extrait de dom

Fonteneau). Cette chapelle était dans l'église paroissiale de Saint-Pierre, à l'autel de la Sainte Vierge. Un procès-verbal de Mgr de Colbert, en date du 11 novembre 1667, nous apprend que le droit de présentation à ce bénéfice appartenait alors à noble homme Julien Arnaud, principal héritier du fondateur.
Le bénéficiaire de cette chapellenie, Jean Texier (le même sans doute qui était curé de Notre-Dame- du-Luc), venait de mourir, Mgr de Colbert conféra aussitôt le bénéfice à M. Etienne Vrignaud, curé de Saint-Pierre-du-Luc,
Autre collation faite, le 2 mars 1723, par François de Lescure, vicaire général de Luçon, en faveur de Vincent Fradet, clerc du diocèse, en remplacement de Jacques Savin, décédé. La présentation est faite par Louis Arnaud, seigneur de Villegay, habitant la paroisse de Legé. Ce Vincent Fradet fut également présenté, vers 1730, à la cure de Sainte-Radegonde de Jard, près Talmond, par Mme de Parabère, abbesse de Sainte-Croix. (Arch. Vien. H. 2).
V
La Chapelle du Plessis-Buet
Cette chapelle était adhérente à la vieille église de Saint-Pierre-du Luc ; on y pénétrait en venant du sanctuaire, du côté de l'Évangile, par une arcade en ogive. Elle était recouverte par une voûte en pierre et éclairée par une fenêtre à meneaux. Elle fut bâtie, en 1518, par noble homme Gilles Buet, seigneur du Plessis, qui, pour le prix de la concession du terrain, s'obligea au paiement d'une rente annuelle de douze boisseaux de seigle, mesure du Luc. Le titre de cette concession existe encore (Aillery).
VI
La Chapelle du Retail
Cette chapelle existe encore aujourd'hui. On fait remonter sa construction à l'an 1490. Elle est dédiée à la Sainte-Vierge et a été consacrée.
Avant que le Retail fût enlevé à la paroisse des Lucs, le curé allait dire la messe à la chapelle et faire le catéchisme, tous les quinze jours, et des instructions pendant le carême.
Il existe encore aux Archives de la Vendée (Cures, n° 27) un document concernant cette chapelle. C'est un acte sur parchemin, mais sans date, ni signature, où il est fait mention d’une permission accordée à Jacques Prévost, chapelain de la chapelle du Retail, d'y exposer à la vénération des fidèles certaines reliques de saint Vincent, de saint Juste, de saint Laurent, de saint Pasteur, abbé, de saint Yves, de sainte Barbe et de l'un des 10 000 martyrs, qui lui avaient été donnés par Alexandre, ami et commensal du pape Sixte, et qui furent tirées de la chapelle de Saint-Anastase de Rome.
Il est fait mention de la chapellenie du Retail, dans le manuscrit de l'archidiacre Marchant (1533- 1534), et dans la taxe de 1641, la part incombant au chapelain est fixée à 15 livres.
Outre Jacques Prévost, dont il est parlé plus loin, voici quelques noms des titulaires de cette chapellenie :
M., Caillaux (Insinuations eccl. deuxième registre. (1699 à 1704) n° 14).
M.Goulard (Id. nos 117 et 119).
M. Etienne Pillet. Il était décédé le 21 mars 1721 et il était en même temps curé de Saint-Pierre-du Luc. Le 20 juillet suivant, M. François de Lescure, vicaire général de Luçon lui donna pour successeur :
M. François-Paul-Louis Reignon, clerc du diocèse. La présentation fut faite par Me Charles Marie Goulard, écuyer, seigneur de la Vouste-Beauvais et de la maison noble du Retail. (Reg. de collations
p. 149, verso).
M. Claude Charrier, prêtre du diocèse. (Ins. eccl., onzième registre, 1741 à 1746) n° 188.) Un peu plus loin, on trouve Charles Charrier. C'est sans doute le même personnage.
VII
La Chapelle des Vrigneaux
Le Pouillé de Luçon ne fait que citer le nom de cette chapelle et la place dans la paroisse de Saint- Pierre.
Les Insinuations ecclésiastiques donnent les indications suivantes :
"Présentation, visa et prise de possession de la chapelle ou légat des Vrignaud, à Saint-Pierre-du-

Luc pour M. Joseph Vrignaud (neuvième registre 1732 à 1736, n° 38 et 60)".
"Présentation de la stipendie des Vrignaud, à Saint-Pierre du Luc pour Mre Jean-François Vrignaud. − Brevet du Roy et prise de possession du légat ou stipendie des Vrignaud, à Saint-Pierre- du-Luc (Treizième registre. 1753 à 1761, nos 430 et 453)".
VIII
La Chapelle des Renaud de Sainte-Flaive
Cette chapelle était établie dans l'église paroissiale de Notre-Dame-du-Luc, à l'autel de Sainte- Catherine. Un procès- verbal de nomination de Mgr de Colbert, en date du 9 janvier 1667, nous donne les noms des deux chapelains :
Mathurin Gilozeau, décédé, remplacé par Jacques Bonnin, clerc du diocèse. Ce dernier est présenté par Mr Henri Chauvinière, écuyer, seigneur de la Vau-Languillier.
Les Insinuations ecclésiastiques indiquent : "le visa et la prise de possession de la chapelle Sainte- Catherine des Renauds pour Me Vrignaud (premier registre (692-99, n°63)".
Le quatrième registre (1709 à 1714) parle d'une prise de possession sans donner le nom du chapelain. Ce ne peut être que celle de :
Mr Louis de Goulaine, clerc du diocèse de Nantes, présenté par Mre Samuel de Goulaine, écuyer, seigneur de la Landouinière et de la Davière, et nommé par Mgr Jean-François de Lescure, évêque de Luçon. Cette nomination est faite, le 26 mars 1713, à la suite de la mort d’Etienne Vrignaud, chanoine de l'église cathédrale de Luçon.
Dans le procès-verbal de Mgr de Lescure, cette chapellenie est appelée de Sainte-Flaive, dite des Arnaud, à l'autel de Sainte Catherine, dans l'église paroissiale de Notre-Dame-du- Luc. C'est le nom qu'elle porte dans la suite.
"Présentation de la chapelle de Sainte-Flaive ou des Arnaud, à Notre Dame-du-Luc, pour Mr Jean- Baptiste Guertin et visa". − "Prise de possession". (Insin. neuvième registre, 1732-36, nos 312 et 323). "Présentation et procuration de la chapelle de Sainte-Catherine, fondée par les Arnaud, à Notre- Dame-du-Luc, pour Mre Claude-Clément Sauvaget". − "Brevet et prise de possession du même". (Id.
treizième registre, 1753 à 1761, nos 576 et 595).
IX
La Chapelle du Fief Gourdeau
Le Pouillé extrait de dom Fonteneau place cette chapelle à Notre-Dame-du-Luc ; c'est une erreur, comme on le verra par les pièces que nous citerons plus loin. Cette chapelle avait un revenu de 60 livres et la charge d'une messe. Le seigneur du lieu y présentait.
"Visa, prise de possession et présentation de la chapelle du Fief Gourdeau, pour M. Gourdeau".
(Insin. quatrième registre, 1709 à 1704, n° 58).
"Visa, présentation de la chapelle du Fief Gourdeau, à Saint-Pierre-du-Luc, pour M. Gabriel-René Le Maignant41". "Prise de possession du même." ( Id. neuvième registre, 1732 à 1734, nos 94 et 124.)
"Visa et présentation de la chapelle ou stipendie du Fief-Gourdeau, à Saint-Pierre-du-Luc pour M. Victor Borgnet, de la Vieille-Garnache." − Prise de possession du même. (Id. douzième registre, 1746 à. 1753, nos 2 et 14).
Une pièce trouvée aux archives de la Vendée. (Dossier Cures n° 27), nous apprend la cérémonie d'installation de ce dernier :
"Chapelle du Fief-Gourdeau, 1746 (1er octobre). Mre Victor Borgnet, de la Garnache, clerc tonsuré, est mis en possession de la chapellenie ou stipendie clans l'église paroissiale de Saint-Pierre-du-Luc, et de tous les fruits, cens, rentes, revenus, domaynes et droits honorifiques et dépendants générallement quelconques par la libre entrée qu'il a fait dans la dite église par la principalle porte d'icelle, prise d'eau bénite, prière et oraison à genoux devant le grand autel, par le son de cloches, et autres cérémonies requises et nécessaires à... (illisible) et légitime prise de possession pour laquelle rendue plus publique et authentique ay leu ces présentes à haute et intelligible voix à la porte de la dite églize et fait osten- sion des dites lettres de viza que le dit sieur Borgnet a retiré (?) en présence de mes dits témoins... En présence de Mre Daniel Piet, prestre, curé de Saint-Pierre-du Luc et de Mre Mathurin Cornu, vicaire".

41 Ce M. Le Maignand était déjà pourvu d'autres chapellenies à Soullans et à Montaigu.

Une autre pièce du même dossier donne des détails sur la présentation de M. Borgnet : "31 août 1746. La présentation de Mre Borgnet est faite par Louis de La Roche de Saint-André, seigneur de la Salle, Fresnay, la Nœ-Perier, le Bois-Passé et autres lieux. La stipendie est vacante par le décès de Mre Gabriel Lemaignan de l'Ecorce, prêtre juré de Notre-Dame de Boulogne, dernier titulaire. M. de La Roche présente comme seigneur du Fief Gourdeau, à cause de clame Marie Chitton, son épouse".
X
La Chapelle du Recrédy
"Visa de la chapelle ou stipendie du Recrédy, à Notre-Dame du-Luc, pour M. René Gautreau". − "Prise de possession du même". (Insin. 9e reg. 1732 à 1736, n°s 514 et 525).
"Visa et présentation de la chapelle des Recrédy, à Notre-Dame-du-Luc, pour M. Nicolas Violleau." − "Prise de possession du même (Id. 13e reg. 1753 à 1761, n°s 4 et 28).
La notice de M. de Goué indique encore d'autres chapelles sur le territoire des Lucs, celles : du Roc42 ; de Notre-Dame de Bon-Secours, à Bourgneuf ; de la Vau ; de Monrepos, sous le vocable du Saint-Sépulcre et celle du bourg, dans le cimetière, dédiée à saint Jean-Baptiste. Nous n'avons rien trouvé sur ces dernières.
Les Curés de Notre-Dame-du-Luc
Disons tout d'abord que la cure de Notre-Dame était de bien moindre importance que celle de Saint-Pierre. Tandis que cette dernière, dans la taxe de 1641, était imposée pour treize livres, celle de Notre-Dame ne l'était que pour une livre. A une certaine époque, elle fut même réunie à la cure de Saint-Pierre, comme le prouve un document trouvé aux archives des Lucs. Ce document a pour titre : Transaction portant transport de la pièce de la Bruère au sieur curé du Luc pour amortissement de la dixme à lui due sur la métairie de la Mortesquère (paroisse de Saint-Pierre du-Luc). La date en est du 19 mars 1503.
Or dans ce document le sieur Pierre Deterves est qualifié de "prêtre, curé des églises paroissiales de Saint-Pierre et Nostre Dame-du-Luc.
Cette réunion des deux cures ne fut peut-être que transitoire. Il est à supposer que l'église de Notre- Dame eut son pasteur à elle dès son origine. Elle l'avait sans doute, le 31 mai 1437, date de l'hommage d'un herbergement en face de l'église de Notre-Dame du-Luc, rendu Jehan-Gordeau, écuyer, seigneur de Saint-Martin, à Louis de Bourbon, chevalier, seigneur de la Roche-sur-Yon et du Luc, à cause de sa terre du Luc (Bibl. nation. fol. lat. 9234, n° 55).
Voici maintenant les noms des divers curés recueillis çà et là :
1533-1534. Trois prêtres mentionnés par l'archidiacre Marchant dans son procès-verbal de visite43.
− André Payraud, cité plus loin dans la déclaration du suivant. 1547. Jehan Couturier,
Ce nom est fourni par une pièce des Archives nationales (P. 723) dont voici la teneur :
5 janvier 1547. "C'est la déclaration des domaynes, rentes, légats et possessions tant nobles que rousturières que met et baille par devant vous Mons. le sénéchal de Poitou… Jehan Couturier, prestre, curé de Notre-Dame-du-Luc au diocèse de Luçon, et au doyenné de Mareuil-en-Poictou, qu'il tient et possède à cause de ladite cure tant par legz, fondations, donations et achapt que austres titres quelqu'il soyt, et ce suyvant les lectres patentes du Roy notre syre données à Fontainebleau le 20e jour de septembre .1547…
1° Une maison presbytéralle et un jardin contigu à icelle, contenant led. jardin le labourage de trois hommes… prés, terres, bois taillis, etc.
item, une rente de 70 sols en argent de quoy ledit curé doib entretenyr la lampe devant le Corpus Domini, et, pour raison dudit argent, doibt ledit curé au prieur de Saint-Lienne, le jour et fête de Pàques, la somme de quatre soulz.

42 Il parait que cette chapelle annexée à la paroisse de Legé existe encore. Voir la notice de M, de Goué, p. 9.
43 Voici ces noms :
Jehan Couturier, cité plus loin, curé, absent.
JehanBuet, vicaire.
Guillaume Marceteau.
L'administrateur est appelé Pierre Bonnet.

Plus es dû aud. curé par Mons. du Luc la somme de 60 soulz sur quoy led. curé doibt tous les mercredys de l'an une messe.
Item pour un légat le jour et feste Saint-André une messe à note avec Libera pour defunct Messire André Payraud, jadis curé de Notre Dame-du-Luc, a donné et légué la somme de sept soulz44.
Item, doibt ledit curé du Luc à Messieurs de Saint-Pierre de Poictiers pour le luminaire 6 s. et pour le portage 10 deniers pour chascun an.
Item, ledit curé ay subject à avoir toutes les festes solempnelles des prestres ou clercs des autres paroisses pour aider à faire les cervisses, parce que lad. paroisse n'y a pas 25 maisons et est la plus petite paroisse du diocèse et est fort chargée de dixmes, plus les austres debvoirs deus à Mons. l'évesque de Luçon.
Item doibt led. curé pour reson desd. domaynes tous les dimensches matins la grant messe avec la procession, le prosne avec le remember de tous ceulx ou celles qui ont fait du bien à lad. cure et administré les sacrements.
Oustre plus est deu toutes les fentes N. D. et le jour, sainte Catherine tout cervisse comme à une église collegiale, et, les austres festes, comme ont coutume de faire ès aultres paroisses".
J.Couturier, p.
Ce fut sous l'un des successeurs de ce curé qu'un don fut fait à la cure de Notre-Dame-du-Luc. L'acte qui le signale est du 27 mai 1599 et porte pour titre "Testament de Marguerite Masson dans lequel elle donne à la cure de Notre-Dame-du-Luc quinze sols payables le dimanche... pour un service que le curé doit faire célébrer. (Archives des Lucs).
1649. J.Texier.
Décédé le 29 octobre 1667 dans sa maison presbytérale, il fut inhumé, le lendemain, dans l'église de Notre-Dame-du- Luc .
1667. Jean Pilet
Nommé par Mgr de Colbert le 17 décembre 1667. 1701. Pierre Vrignaud.
1732. Simon Guillon.
D'abord vicaire de Saint-Paul-en-Pareds de 1724 à 1732, il fit pendant trois mois le service au Boitissandeau, puis fut nommé, en 1732, à la cure de Notre-Dame-du-Luc. C'est là qu'il mourut, le 27 juillet 1744, à l'âge de quarante-cinq ans. Il fut inhumé, le lendemain, dans le cimetière de sa paroisse.
1746. Louis Malteste.
1749. Louis-Michel Voyneau.
Ce prêtre était originaire de Saint-Etienne-du-Bois. Les Voyneau étaient nombreux parmi les ecclésiastiques du diocèse de Luçon. On trouve, en effet, Nicolas Voyneau, ordonné prêtre en 1725, Etienne Voyneau, tonsuré en 1733, Jacques Voyneau, curé de Bois-de-Cené en 1777, Jean Voyneau, vicaire également à Bois-de-Cené en 1777. On trouve encore des Voyneau dans les professions libérales. L'un d'eux, frère du curé du Petit-Luc, était notaire royal à Saint-Etienne-du-Bois.
Avant de gouverner la paroisse de Notre-Dame, M. Voyneau avait été curé de Saint-André- d'Ornay. Sa nomination est consignée dans les Insinuations ecclésiastiques (treizième registre, 1753 à 1761, nos 151 et 159). Il resta dans cette paroisse jusqu'en 1769, époque de sa translation à la cure du Petit-Luc.
Nous connaissons peu de chose de la vie de ce prêtre dans cet humble poste ; nous n'avons retrouvé qu'un acte qui nous apprend que, le 7 mars 1770, Louis-Michel Voyneau, curé de Notre-Dame-du-Luc, afferma à Pierre Davieau, journalier au village du Temple, paroisse de Saint-Pierre-du-Luc, une borderie appartenant à lui curé, au susdit village du Temple. Le revenu de cette borderie était évaluée 48 livres, et parmi les charges du fermier il y avait celles de donner au propriétaire dix livres de beurre en chacun jour de feste de Pentecoste, quatre poullets en chacun jour de feste de tous les saints et toutes menues suffrages. (Archives des Lucs).
Lorsque la Révolution éclata, M. Voyneau ne voulut pas abandonner ses paroissiens, et il resta au milieu d'eux pour les soutenir dans la foi. Comme tous les bons prêtres d'alors, il refusa le serment à la Constitution civile du Clergé, sachant bien qu'il s'exposait à l'exil ou à la mort. Il ne tarda pas à devenir la victime de son dévouement pour ses paroissiens. Le vendredi 28 février 1794, les séides de Turreau

44 En 1417 une fondation de trois messes fut faite par le susdit Payraud, au profit de l'église paroissiale de Notre-Dame-du- Luc.

envahissaient subitement les Lucs et faisaient parmi les habitants sans défense cette horrible hécatombe rapportée plus haut. Le pasteur de Notre Dame-du- Luc périt avec un grand nombre de ses paroissiens. Il fut massacré à la Malnaye. Le vénérable vieillard était âgé de soixante-dix ans et il avait gouverné son troupeau pendant vingt-cinq ans.
Curés et vicaires de Saint-Pierre-du-Luc
1505. Pierre Deterves, curé de Saint Pierre et de Notre-Dame du-Luc, déjà cité plus haut.
Viennent ensuite sur le clergé paroissial de Saint-Pierre les renseignements trouvés dans le manuscrit de l'archidiacre Marchant (1533-34).Voici ce qu'on y lit dans le procès-verbal de la visite de cette paroisse (fol. 130) :
Hac die mercurii feria mensis Junii, anno præedicto, visitata fuit ecclesia parochialis Sancti Petri de Luco.
Nomina presbyterorum :
N... de la Varenne, prior præsens desservit de tribus missis ; Johannes Anboin, rector, absens ;
D. Vincentius Baranger, vicarius, exhibuit exhibenda ;
D. Johannes Vincent (mots passés)...
D. Oliverius Barbastre ;
D. Michael Tessier ;
D. Stephanus Devineau ;
D. Petrus Fort ;
D. Clemens Mignaul ;
D. Mathurinus Mynault ;
D. Jacobus Picard ;
D. Petrus Martin.
Præsens administrator Franciscus Symonneau et Stephanus Sorin qui exhibuerunt inventarium mobilium dicte Fabrice non signatum.
Præcedens Renatus Vrignault et Vincentius Geluceau, quibus injunctum fuit reddere apposuerunt et facere de quitam (?) infra Nativitatem Sanctæ Mariæ.
Procurator Fabrice Egidius Buton. ( ) Dominus de Plessis-Buet.
Est confraria de B. Maria, cujus est præsens administrator Stephanus Serin. Præcedens Franciscus Violeau.
Alia de sancto Petro, præsens administrator Dominus Clemens Mynaud e duobus annis, qui fecit fieri ( ) assueta,
Alia de sancto Nycolao, cujus est administraior dictus prior. Præcedens magister Michael Payreaudeau.
Sacrista Jacobus Serin et Petrus Merot.
Prior dicti loci debet procurationem, visitationem ( ) septuaginta octo solidos.
Est capellania in capella du Retail ad præsentationem Dni du Retail quam tenet ( ) et ei deservit.
(juin 1534).
1568. − Le Sueur.
Ce nom se trouve dans une pièce de Dom Fonteneau (t. XIV, p. 610) que nous avons rapportée plus haut, en même temps que la lettre du prieur Loys Buet.
Les noms qui suivent sont extraits de la notice de M. de Goué. 1595. − Jacques Peraudeau.
Deux pièces qui se trouvent aux archives des Lucs nous apprennent que Jacques Peraudeau était curé de Saint-Pierre, à la date du 26 novembre 1595. La première de ces pièces est un titre de rente féodale de 14 livres, et la seconde une transaction passée entre Jacques Peraudeau, curé du Luc, et les teneurs du tènement des Bordières, près les Rellières, paroisse de Beaufou. Dans ce dernier document,
M. Peraudeau est appelé prêtre recteur de l'église paroissiale de Saint-Pierre-du-Luc.
Les plus anciens registres de catholicité que l'on ait conservés porte la signature de ce curé ; ils sont écrits en latin depuis 1609 jusqu'en 1611. On ne sait pourquoi M. Peraudeau se donne dans ces registres comme le premier curé de Saint-Pierre-du-Luc. C'est sans doute parce qu'il y eut interruption dans le service paroissial, après les incendies et les pillages des Huguenots en 1568. Il en fut d'ailleurs ainsi en d'autres paroisses.

En 1628, M. Jacques Peraudeau se démit en faveur de son neveu, M. Etienne Peraudeau. Il fut inhumé le 6 mai 1633 dans l'église de Saint-Pierre-du-Luc, devant l'autel de Notre-Dame, dans la tombe où avait été mis Mre Michel Peraudeau, décédé dans sa maison presbytériale, le dernier jour d'octobre 1616.
M. Jacques Peraudeau eut pour vicaires :
1612. − Michel Peraudeau, probablement son neveu, décédé, comme nous venons de le dire le 31 octobre 1616. Il fut inhumé le lendemain, fête de la Toussaint, à l'issue des Vêpres.
1621. Etienne Mignen.
1626. Jean Peraudeau, encore probablement un neveu. 1627. Etienne Peraudeau, qui succéda à son oncle.
1628. Etienne Peraudeau, curé.
Le nouveau curé était âgé de vingt-neuf ans et il devait gouverner sa paroisse pendant quarante- trois ans. C'est le plus long stage accompli parmi les curés des Lucs.
Il nous reste des actes nombreux de son passage. La plupart ont trait à des achats ou des échanges pour améliorer la situation temporelle de la cure.
− 23 novembre 1649. Arrêt du Parlement de Bretagne, à la requeste d'Etienne Peraudeau, curé de Saint-Pierre-du-Luc, au sujet de réparations à la cure, contre Pierre Sorin, Jehan Maignan, Pierre Bossis et autres habitants du Luc.
− 22 juillet 1650. Donation faite par Jehan Buet, sieur du Plessis, à la confrérie de Saint-Pierre, de trois boisseaux de seigle de rente, à la mesure du Luc. Le susdit Buet avait déjà ces trois boisseaux chacun an de rente sur André Guerry, du village du Repas.
− 13 avril 1652. Acquêt fait par Mre Claude-Pierre de la Groizardière, avocat au Parlement, et demeurant au lieu noble de la cour susdite, de Marie Fort et de Pierre Devineau, son fils, de la pièce de la Chaume-du-Pas, au tènement de la Buzelière, chargée vers (envers) la fabrice du Luc de deux boisseaux seigle de rente, mesure de Rocheservière, léguée par feu Julien Texier.
− 16 juin 1652. Mre Etienne Péraudeau achète de Jehan Brosset, laboureur, demeurant au village de la Maisonneuve, paroisse de Beaufou, une pièce de terre labourable, appelée le Pré-du-Pas, sise au tènement de la Guesnière, pour le prix de 5o livres tournois.
− 22 janvier 1653. Echange de domaines à la Guesnière, entre Mre Etienne Peraudeau, d'une part, et
N. Gendreau et Michelle Bouhier, sa femme, d'autre part. L'échange porte sur des prés.
− 10 octobre 1653. Echange de planches de jardin à la Guesnière, entre Mre Etienne Peraudeau et Maurice Renaud, laboureur, de Legé.
− 5 janvier 1654. Echange de pièces de terre dans le fief du prieuré du Luc, à la Guesnière, entre Mre Etienne Peraudeau, d'une part, et Vincent Marcetteau et Marie Marcetteau, sa sœur, d'autre part.
− 11 novembre 1656. Jehan Serin et Jehanne Main, son épouse, du village de la Fossessière-Perret, font un échange de biens avec Mre Etienne Peraudeau et lui donnent un lopin de terre dans l'Ouche ronde, au village de la Guesnière.
− 11 août 1658. Jehan Brosset, laboureur, et Michelle Violleau, sa femme ainsi que Vincent Violleau, maçon, et Renée Brosset, sa femme, du village de la Gournzaudière, vendent à Mre Etienne Peraudeau une partie de la pièce de la Grande Ouche, au tènement de la Guesnière, pour 27 livres tournois.
− 2 mars 1659. Echange de pièces de terre entre
Mre Etienne Peraudeau, d'une part, et Marie Remaud, laboureur, et Marie Renaud, sa fille, du village de la Petite-Guesnière. Le curé du Luc cède un lopin de terre dans la pièce de l'Ouche, et le sieur Remaud les deux tiers d'un autre lopin dans l'Ouche à Brosset. Comme ce dernier lopin a plus de valeur, Mre Peraudeau ajoute 10 livres tournois.
− 11 avril 1659. Transaction portant échange du Pré du Pas, contre celui du Cortillet, entre Mre Etienne Peraudeau et la veuve Pierre Poitevin de la Guesnière.
− 26 février 1661. Acquêt fait par Pierre Vrignault, marchand, demeurant dans la maison presbytérale du Luc. Cet acquêt consiste dans un lopin de terre sis dans la pièce des Vignes, au fief de Grandmont ; il est payé 33 livres tournois Les vendeurs sont Jehan Brosset, laboureur, et Michelle Violleau, sa femme, et Vincent Violleau, laboureur et maçon, et Renée Brosset, sa femme, du village de la Gourmaudière.
− 26 février 1661. Le lopin de terre dont il est question dans l'acte ci-dessus avait été acquis le

même jour par les vendeurs et par voie d'échange entre eux et Messire Etienne Perraudeau auquel ils avaient donné en retour une pièce de terre appelée l'Ouche à Bernard avec la moitié de l'aire y attenant.
− 6 juin 1661. Pierre Gendreau et Perine Renaud, sa femme, du bourg du Luc, vendent à Pierre Vrignaud, marchand, demeurant en la maison presbytérale du Luc, la sixte partie de deux maisons sur le chemin de la Guesnière, pour le prix de 100 sols tournois que le dit acquéreur baille en espèce de louis d'argent douzains et demie ayant cours suivant l'ordonnance du Roy.
− 22 juin 1661. Jean Morineau et Jacquette Sorin, sa femme, du village de la Guesnière cèdent à
M. Etienne Peraudeau un lopin de terre dans la pièce appelée l'Ouche à Bernard, et la moitié d'un masureau, au village de la Guesnière. Le susdit Peraudeau donne en retour quelques terres.
− 19 septembre 1661. Etienne Passeteau, maçon, et Marie Beriau, sa femme, du village de la Guesnière, vendent à Pierre Vrignaud, marchand, demeurant dans la maison presbytérale du Luc, deux petites planches de jardin touchant la propriété d'Etienne Peraudeau, à la Guesnière. L'acquéreur baille 13 livres tournois.
− 14 octobre 1661. Vendu par Blaise Jonnaudeau, cordonnier, et Marie Marcetteau, sa femme, du bourg de Legé, à M. Etienne Peraudeau un petit champ, une moitié de jardin et deux petites planches d'un autre jardin, le tout au village de la Guesnière et pour la somme de 25 livres tournois.
− 17 octobre 1661. Echange de planches de jardin entre M. Etienne Peraudeau, d'une part (dans la Petite-Ouche) ; et Vincent Marcetteau, maçon, et Périne Buytrin, sa femme, d'autre part (village de la Guesnière).
− 26 décembre 1661. Echange de planches de jardin entre M. Etienne Peraudeau, d'une part, et Jehan Morineau, marchand, et Jacquette Serin, sa femme, du village de la Guesnière, d'autre part. Le terrain acquis par le curé se trouve dans le fief du Prieuré du Prieur du Luc.
Dans un autre acte, Morineau et sa femme cèdent à M. Peraudeau leurs parts et portions dans une pièce de terre en lande, près la propriété de la cure, pour la somme de 62 sols.
− 20 janvier 1662. Guillaume Martin, marchand, du village de la Gasconnière, vend à M. Etienne Peraudeau, un lopin de jardin au tènement de la Guesnière, fief du Prieuré du Prieur du Luc, pour 12 livres tournois.
− 22 février 1662. Mathurin Ayriau, laboureur, et Jehanne Martin, sa femme, du village du Plessis, en Saint-Etienne-de-Corcoué, en échange d'une pièce de terre, cèdent à M. Etienne Peraudeau une planche de jardin et les deux parts d'un autre petit jardin au village de la Guesnière.
− 18 mars 1662. Antoine Mancini, charpentier, et Mathurine Brosset, sa femme, du village de la Gasconnière, ainsi que Vincent Violleau, maçon, et Renée Brosset, sa femme, du Puis-Pellé (paroisse de Mormaison), vendent à M. Etienne Peraudeau des pièces de terre au tènement du Bois dépendant des seigneurs de l'Anguiller et du fief Gourdeau, pour la somme de 12 livres tournois.
− 2 octobre 1662. Vendu par Marie Beriau, veuve de Etienne Passeteau, du village de la Guesnière, à M. Etienne Peraudeau, six seillons prins en une pièce de terre appelée l'Ouche, au tènement de la Guesnière. Le prix en est de 18 livres tournois que l'acheteur a baillé en espèce de louis d'argent vallant 60 sols et 30 sols. Comme le bien vendu se trouve au fief du Prieuré, le prieur J. Vrignaud donne quittance dans cette pièce.
20 octobre 1662. Echange de domaines à la Guesnière entre M. Peraudeau qui cède un lopin de terre dans la pièce de l'Ouche, et Jehan Morineau et Jacquette Sorin, sa femme, de la Guesnière, qui donnent en retour une pièce de terre dans le fief du Prieuré du Prieur du Luc.
− 3 novembre 1662. Autre échange entre les mêmes de quelques lopins de terre à la Guesnière.
− 12 novembre 1662. Louis Martineau, laboureur, et Jeanne Renaud, sa femme, du village de la Reslière en Beaufou, vendent à M. Etienne Peraudeau leurs parts de maisons, ruages et jardin, au village de la Guesnière, fief du Prieuré, pour le prix de 7 livres tournois.
− 5 décembre 1662. Arrentement de domaines à la Guesnière en faveur de M. Peraudeau qui s'est obligé à payer une rente de 20 sols.
− 25 février 1663. Marie Beriau, veuve d’Etienne Passeteau, de la Guesnière, vend à M. Etienne Peraudeau ses droits, parts et portions dans le fief du Prieuré du Prieur, pour 18 livres tournois, baillés en espéce de louis d'argent et en bonne et vallable monnaie du poids et prix de l'ordonnance du Roy.
− 6 février 1663. Vendu par Pierre Mallidain, laboureur, et Michelle Brosset, sa femme, du village de la Rebsandière, à M. Etienne Peraudeau un lopin de jardin au fief du Prieuré du Prieur, tènement de la Guesnière, pour 13 livres tournois.

− 18 juin 1663. Vincent Marceteau, du village de la Guesnière, vend à M. Etienne Peraudeau un lopin de terre et quatre sillons dans la pièce de la Vigne au fief de Grandmont, pour le prix de 10 livres tournois.
− 20 février 1665. Acquêt de domaines au tènement du Bois, à la Guesnière. Acte incomplet qui semble signé par un fermier du fief et seigneurie de Lavau-Languiller.
− 15 juin 1665. Echange à la Guesnière. M. Etienne Peraudeau cède un petit lopin de masureau à dame Perine Vrignaud, veuve de Louis Mercier de son vivant procureur fiscal au bourg de Notre- Dame-du-Luc, laquelle donne en retour un lopin de petite chambre près la maison dudit Péraudeau.
− 15 novembre 1665. Déclaration faite par Louis Vincent, marchand, au village du Pain, qu'il a acheté au nom de M. Etienne Peraudeau et pour le prix de 50 livres une pièce de terre appelée la Vigne de dame Perine Vrignaud, veuve de Louis Mercier, procureur fiscal. D'après un autre acte, le susdit Vincent avait fait cet acquêt le 27e jour du mois de septembre précédent et il l'avait payé en espèce de louis d'or d'argent (sic).
− 14 juin 1666. Arrentement des domaines donnés par la veuve de René Minaud pour la fondation d'une messe à la cure du Luc et arrentés pour 30 sols par an. Mre Etienne Peraudeau arrente lesdits biens à Mre Charles Arnaud, sieur des Classes. Cette rente sera payable chaque année à Mre Peraudeau et à ses successeurs à perpétuité.
− 12 mai 1669. Echange de quelques lopins de jardin à la Guesnière entre Mre Etienne Peraudeau et Pierre Texier, laboureur, et Marie Passeteau, sa femme, du village de la Guêpe (paroisse de Touvois).
En terminant cette longue liste d'actes d'achats ou d'échanges, remarquons que le curé de Saint- Pierre-du-Luc stipule toujours formellement qu'il fait ces acquisitions pour lui et les siens à perpétuité.
Les détails suivants sont tirés de la notice de M. de Goué sur les Lucs (p. 13).
Le 16 octobre 1668, les docteurs en théologie de Paris consultés au sujet d'une rente de six boisseaux de blé, fondée en 1433, et due à l'église de Saint-Pierre-du-Luc, pour droit de sépulture dans la nef de cette église, par le seigneur du Plessis-Buet, qui ne la payait plus, répondent que le dit seigneur peut se défendre de la demande de la rente, à cause de la prescription qui est en sa faveur, mais qu'il est de sa piété de la payer à l'église dans laquelle il a la sépulture de ses ancêtres. (Lettre au curé du Luc)45.
Le 16 octobre suivant, Nicolas Colbert, évêque de Luçon, est au Luc et signe sur les registres. E. Peraudeau donne sa démission en 1671. Il est mort âgé de quatre-vingt ans et a été enterré le 19 octobre 1679, devant le grand autel, dans l'église de Saint- Pierre-du-Luc.
Vicaires de M. Etienne Peraudeau :
1635. − Pierre Serin.
1657. − Jean Pilet.
1671. − Eienne Vrignaud, curé.
Le nouveau curé était sans doute le même qu'Etienne Vrignaud nommé, le 11 novembre 1667, à la chapellenie des Arnauds de Villegay, dans l'église paroissiale de Saint Pierre-du-Luc.
Le 8 janvier 1676, acquêt de la borderie de la Petite-Gasconnière appartenant à la fabrique du Luc. Les vendeurs sont Jacques, Etienne, Thomas et Janne Tulleure Nicolas Grubineau et Catherine Tulleure, sa femme, François Guilmet et Perine Tulleure, sa femme, demeurant lesdits Tulleure au village de la Boulloigne, ledit Grubineau au village de la Thibaudrie et ledit Guilmet au village de la Lardrie, paroisse de Saint-Etienne-du-Bois. L'acheteur est Mre Jean Rousseau, prêtre, curé de Saint- Michel-en-l'Herm46. La vente est faite pour le prix de 1025 livres.
Le 9 mai 1678, partage des domaines de la Sausais appartenant à M. le curé du Luc. Ce partage se fait entre Mre Etienne Vrignaud et Mre Louis Rebion, héritier de défunte Mathurine Fort.
Le 7 février 1690, les fabriqueurs de Saint-Pierre-du-Luc font la déclaration dont la teneur est résumée ci-après :
"Desclaration que Louis Meinaud et Jean Ayraud, marguilliers fabriqueurs de la paroisse de Saint-Pierre-du-Luc, élection des Sables-d'Ol1onne, fournissent pour satisfaire à desclaration dus 5 juillet dernier rendue sur le faict des amortissemant et nouveaux acquestz."

45 C'est peut-être ce qui détermina la construction de la chapelle dite du Plessis-Buet qui a été ajoutée à l'église. Il ne faut pas confondre cette chapelle avec celle de la maison seigneuriale du même nom que nous avons désignée plus haut, et qui, d'après le Pouillé de Luçon, fut bâtie en 1518, par noble homme Gilles Buet, seigneur du Plessis.
46 Comme on le verra ci-dessous M. Rousseau légua cette terre à la fabrique du Luc.

Chapitre des biens donnez ou louez à la fabrique de ladite paroisse dudit Luc.
Premièrement par le testament de Clément Baranger passé devant Burgaud et Tessier notaires de la Baronnie de Saint-Michel-en-l'Herm, ledit testament enregistré en date du 14 avril 1678, iceluy Baranger aurait legué à lad. fabrique la somme de 15 livres pour faire dire une messe par mois, pour faire faire un service anniversaire de deux messes à haute voix avecq l'office des morts et le Libera dont il aurait affecté le payement sur ses domaines propres sittués aux villages de la Primaudière et Cornetière dans lad. paroisse du Luc.
Ledit testament estant à la cognoissance des marguilliers en charge l'année 1681, ils en ont poursuivi l'entérinement devant le séneschal de la principauté pairie du Luc. Comme dans l'instance lesd. héritiers dud. Baranger auraient soustenu que lesd. domaines estaient (indivis avec les domaines paternels ?) et qu'ainsy ils n'avoient pu disposer que de la tierce partye d'yceux suivant la disposition et la coustume de Poictou où ils sont sittuez laquelle tierce partye ils offroient de laisser à lad. fabrique pour estre deschargé du payement de lad. somme de quinze livres pour lesd. prières ordonnées par led. testament (plusieurs lignes déchirées). En conséquence de laquelle (ordonnance de tribunal sans doute) partage auroit été faict avecq lesd. héritiers par lequel il seroit demeuré à lad. fabrique neuf boisselées de terre ou environ, sçavoir en pré deux boisselées, en terre labourable trois boisselées et en lande quatre boisselées, le tout relevant du seigneur de la Chasselandière, subject lesd. terres labourables à droict de terrage à la sixte partye desd. bleds. Lesquelles choses sont affermées au sieur curé de la paroisse de Nostre- Dame-du-Luc la somme de neuf livres, dont le fond conséquammant peult valloir neuf vingtz livres, et déduction faicte desd. services et prières, il n'est revenu à lad. fabrique que vingt sols par an.
Item par le testament de deffunct Messire Jean Rousseau vivant prestre, curé de Sainct-Michel-en- Herm passé et receu par Mestayer notaire de la baronnie dud. Saint-Michel, en datte du 20 febvrier 1689, et acte de transaction en conséquance passé devant Guillemard et Bourdeau, notaires de la baronnie de Luçon en datte du 14 mars aud. an quatre vingtz neuf led. Bourdeau chargé de la minute, a pareillement esté donné et légué à lad. fabrique une petite bourdrie sittuée au village de la Gasconnière contenant environ quarante et deux boisselées en fond, sçavoir, en maisons, ruages, rues, jardins, une boisselée et demye ; en prés trois boisselées ; en terres labourables et pasty trente et quatre boisselées et demye et en lande trois boisselées, le tout rosturier relevant du seigneur de la Vergne, fief Gourdeau, Languillier et du prieuré dud. Luc subjecte à droict de terrage à la sixte partye desd. bleds et à quelques esculées de bled sçav. trois de seigle et une d'avoine et quatre deniers en argent par charuë dont la charuë faict deux boisselées, et encore à deux boisseaux de seigle et deux (fagots d'ajonc pour le four ?) par semaine audit seigneur de la Vergne. Lesquelles choses peuvent valoir en fond seize cents livres qui est de revenu annuel soixante (?) cinq livres... (déchiré)… doit faire dire une messe par semaine
Et partant il ne reste que dix livres par an à lad.fabrique.
Plus par le mesme testament Led. Rousseau a aussy donné à lad. fabrique six livres de rante annuelle qu'il dit luy estre deue par le nommé Pierre Guilbot, et comme on ne sçaist la qualité et la nature de ladite rante n'ayant autre titre pour justifier dycelle que ledit testament on soustient n'estre tenu d'aulcun droit pour... dycelle rante... ni ne cognoistre aulcun fond affecté pour le payement de lad. rante, de sorte que lad fabrique ne possède... à elle donnée depuis l'an 1600 que ceux cy dessus dont il lui revient de quitte la somme de vingt livres par an, dont lesd. marguilliers se soubmettent à payer contant (comptant) les sommes dont lad. fabrique se trouvera redevable sur le pied de lad. somme de vingt livres, moyennant la remise qu'il plaira à sa Majesté de faire. Et à cet effect je ledit Louis Minaud… soubesigné, ledit Ayraud ne sachant signer... Ce jourdhuy dix septiesme du mois d'aoust de l'an mil six cent quatre vingt dix.
Le 16 mai 1694, Henri de Barillon, et le 1er août 1701, Jean-François de Lescure, évêque de Luçon, sont au Luc et signent sur les registres. En 1706, Etienne Vrignaud quitte la charge pastorale. Il aide son successeur jusque vers la fin de 1708.
Vicaires de Mr Vrignaud :
1683. − Rouault.
1684. − Payneau.
1688. − J.Pasquier. 1690. − P. Bibard. 1694. − P. Bellet.

1699. − Etienne Pillet.
1700. − Pierre Peraudeau,
1706. − Etienne Pillet, curé.
Extrait des Insinuations ecclésiastiques (3e reg. de 1704 à 1709, n° 225) : "Signature de Rome de la cure de Saint-Pierre-du-Luc pour M. Pille, et pension sur ycelle."
Il nous reste deux actes de ce curé
1° Une sentence portée à sa requête contre Pierre Fresneau, héritier de Marie Rortais, et condamnant ce dernier à lui payer deux boisseaux de blé seigle, mesure de Rocheservière. On remarque dans cet acte les noms de Martin, sergent, Vrignaud et Cailleteau, procureurs.
2° Un échange d'un masureau à la Saulzais contre quatre sillons près de la cure. L'échange est fait entre Etienne Pillet, curé de Saint-Pierre-du-Luc, d'une part, et Jacques Vrignaud, sieur de la Petite Vergne, et Anne Mercier, sa femme, de la Tullevrière paroisse de Saint-Etienne-du-Bois, d'autre part.
M. Etienne Pillet mourut le 21 mars 1721 et fut inhumé dans le chœur de l'église de Saint Pierre du-Luc. Il eut pour vicaires :
1706. − Louis Guillet.
1710. − Galerneau. 1710. − M. Pasquier. 1717. − P. Joussemeau. 1718. − Dautour.
1719. − Nicolas Gentet.
Ce dernier, sur la présentation de Révérend Armand Bazin de Besons, abbé commendataire de Saint-Jouin-de Marne, fut nommé le 6 février 1720 par M. de Rastignac, vicaire général, à la cure de Saint-Nicolas-de-Montaigu.
1721.  René Grégoire, curé.
Ce prêtre, fut présenté à la cure de Saint-Pierre-du-Luc par le Révérend François du Drot, abbé commendataire de Sainte-Croix de Talmond, et sa nomination fut faite par Mgr de Lescure, le 3 avril 1721. M. René Grégoire était originaire du diocèse de Nantes.
La paroisse fut troublée pendant son administration, comme nous l'apprend un arrêt de la cour de Paris, rendu en faveur du curé, le 16 octobre 1723.
M. Grégoire résigna sa cure au bénéfice de M. Mathurin Neau. Il eut pour vicaires :
1722. − Armand Audureau, ordonné prêtre à la Pentecôte de cette même année. Il était fils de Gabriel Audureau et de Marie-Anne de la Frévinière, de Saint-Georges-de-Montaigu. Il devint plus tard curé de Saint-Christophe-du-Ligneron.
1723. − Pierre Gabin.
1724. − Louis-Mathurin Grelier, ordonné prêtre au mois de mars précédent et décédé curé du Poiré-sur-Vie en 1758, à l'âge de soixante ans.
1725. − Mathurin Neau, qui devient ensuite curé.
1725. − Mathurin Neau, curé.
La résignation faite par M. Grégoire de la cure du Luc en faveur de M. Neau ayant été agréée par Benoit XIII au mois de mars 1725, la nomination de ce dernier eut lieu le 4 juillet suivant et fut signée par M. François d'Andigné, vicaire général de Luçon. Un procès-verbal nous indique que la prise de possession se fit le 27 du même mois.
M. Neau était originaire de la paroisse voisine de Legé.
Son séjour à Saint-Pierre-du-Luc fut marqué par la visite de Mgr Michel-Celse Rocher Rabutin de Bussy, évêque de Luçon, qui signa sur les registres, le 2 juillet 1729.
M. Neau disparaît en 1733 de l'administration de la paroisse, peut-être pour cause d'infirmités. Sur les registres les actes sont rédigés par un prêtre appelé Chevalier, et qui signe "desservant la cure de Saint-Pierre-du-Luc.
Pendant cet intervalle, en 1735, les Lazaristes prêchent une mission dans la paroisse. Voici les noms des vicaires sous M. Neau.
1725. − Nicolas Bossis. Dans le procès-verbal de l'ordination de Noël 1722 on lit : "Nicolas Bossis, fils de Guillaume Bossis et de Marie Couturier, de la paroisse de Legé". (Collation de la tonsure).

1727. − Pizagou de la Parnière. Ce prêtre était de la paroisse, comme en fait foi son procès-verbal de tonsure (Pentecôte 1724) : "Jacques-Joseph, fils de Joseph Pizagou, sieur de la Parnière, et de Anne Vrignaud, de la paroisse de Saint-Pierre-du-Luc".
1730. − Philippe de Tinguy. Fils d'Abraham de Tinguy, écuyer, seigneur de Vanles, et de Marie Susannet, de la paroisse de Saint-Fulgent.
1731. − Legay Dubreuil.
1732. − Chevallier.
1736. − Daniel Piet, curé.
On lit dans les Insinuations ecclésiastiques : "Résignation en cour de Rome de la cure de Saint- Pierre-du-Luc pour M. Daniel Piet". (Neuvième registre, n° 519). Ce qui indique que M. Neau avait imité son prédécesseur et qu'il aurait lui aussi abandonné sa cure en faveur de son successeur désigné par lui.
M. Piet dut être ordonné prêtre vers 1720, car on trouve son nom sur la liste des ordinands sous- diacres de Noël 1719.
Voici sur le ministère de ce curé les notes que donne M. de Goué dans sa notice :
"Le 16 décembre 1736, a été bénite la chapelle de Notre-Dame de Bon secours, à Bourgneuf, par Mre Mathurin Gibotteau, prêtre prieur de Belleville, qui a célébré la messe. Le sermon a été prononcé par Mre Jacques Rigollet, gradué en théologie, prêtre prieur, curé de Palluau.
Le 24 septembre 1739, Mre Gibotteau bénit aussi la petite cloche de Saint-Pierre-du-Luc, nommée Marie-Bonne, dont le parrain a été noble homme Jacques-François Mercier, sr des Rochettes, sénéchal de ce lieu, et la marraine, demoiselle Louise Dubois, son épouse.
Le 21 juin 1746, Mathurin Gibotteau, prêtre, bachelier en théologie, prieur de Belleville et de Saint-Jean-du-Bois-du-Luc, bénit encore la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, dans le cimetière de ce lieu, le tableau et la cloche nommée Anne-Louise, dont Mre Augustin de Goulard, chevalier, seigneur du Retail, a été parrain, et marraine, demoiselle Louise Mercier.
Samuel-Guillaume de Verthamon de-Chavagnac, évêque de Luçon, est au Luc le 26 mai 1746 et le
22 mai 1753. Il signe sur les registres.
Daniel Piet est mort le 29 avril 1758 et a été inhumé le 1er mai suivant dans l'église du Luc. Il était agé de soixante-et-un ans."
Vicaires du Luc sous M. Piet :
1736. − P.-J.-J. Chauviteau.
Réitération des grades de M. Pierre-Jean-Jacques Chauviteau sur l'abbaye de Talmont. − Procuration de M. Jean Jacques Chauviteau, gradué sur Talmond.
(Ins. eccl. Onzième registre, n° 8 416 et 426). 1736. − Pierre Bertrand.
1738. − Jacques-François Fayau.
1740. − Daniau.
1740. − Pierre-René Proust.
1741. − Cornu.
1742. − Girard.
1747. − Laisné.
1747. − Etienne-Alexandre Baguenard, mort, le 22 octobre 1750, à la cure du Luc, et inhumé le lendemain dans l'église.
1750. − P. Blanchard.
1753. − René-Gabriel de Jousbert de la Cour.
1758. − René Gabriel de Jousbert de la Cour, curé.
Originaire probablement de la Chapelle-Hermier, M. Jousbert était issu d'une famille noble, et dans les actes civils on lui donne le titre d'écuyer. Cette famille des Jousbert ou Joussebert se divisait en plusieurs branches.
Le curé du Luc était de celle de Beaulieu, ainsi que son frère Henri, curé de Beaufou.
Le 21 juin 1792, le commissaire Gourdon, juge de paix du canton de Beaulieu dénonce un Joussebert de la Cour, de la Chapelle Hermier, émigré, qui lui a envoyé d'Allemagne, une lettre de menaces pour avoir séquestré ses biens. (Chassin, G. III, p. 105).
Enfin, ce qui prouve encore l'importance des Jousbert, c'est qu'on retrouve les noms de six d'entre

eux sur la liste générale des émigrés de la Vendée (Chassin, Id. p. 106).
Pour ce qui concerne le curé de Saint-Pierre-du-Luc, la tradition ne nous a rien conservé d'important sur les actes de son ministère47 ; cependant on ne peut douter qu'il ait fortement contribué à augmenter parmi ses paroissiens cette foi religieuse qui devait en faire, quelques années plus tard, des héros et des martyrs.
M. René Jousbert mourut le 12 décembre 1786, à l'âge de cinquante-huit ans, et fut inhumé le lendemain dans le cimetière de Saint-Pierre-du- Luc.
Il eut pour vicaires :
1758. − Ryan.
1759. − Rolland.
1761. − Henri de Jousbert de la Cour. Nommé curé de Beaufou, après quelques années de vicariat au Luc ; on a vu son héroïque conduite pendant la Terreur, et comment il sut protéger contre les bandes révolutionnaires ses paroissiens qu'il ne voulut jamais abandonner. (Chronique de Beaufou, p. 412 et suiv.).
1764. − Jacques Gabriel Raimbert. Ordonné prêtre à Noël 1763, il fut nommé, quelques semaines plus tard, vicaire du Grand-Luc. En février 1779, Monseigneur de Luçon lui donna le poste de curé de la Limouzinière. Ayant refusé le serment à la Constitution civile du Clergé, il fut contraint de prendre le chemin de l'exil. Il arriva aux Sables le 25 juillet 1792 et, quelques jours après, il s'embarqua avec quelques confrères pour l'Espagne. Il se fixa à Briones dans la Vieille-Castille. Il mourut en exil au commencement de 1795. Mgr de Mercy regretta tout particulièrement la mort de cet excellent prêtre, comme on le voit dans une de ses lettres à M. Paillou. (Voir Baraud, Clergé Vendéen, t. I. p. 342).
1771. − Filloleau.
1771. − Senzelin.
1773. − Auguste-Hyacinthe Buor. Né à Saligny, en 1749, il était le troisième enfant de Mre Louis Buor, chevalier, seigneur de l'Eraudière, de la Ménardière et du Recrédy, et de Marie. Louise Buor. Au moment de la Révolution, il était curé de Saint-Etienne-de-Corcoué. Il quitta alors la France pour se réfugier en Angleterre, à Black Burn. Il revint en France en 1801, puis fut nommé curé du Poiré- sur-Vie, où il exerça son ministère de 1803 à 1820.
1781.  Germain Lebédesque. Né à la Garnache en 1756, fut vicaire du Grand-Luc et de Luçon, puis curé du Château d'Olonne, de Saint-Fulgent et de Chavagnes-en-Paillers. Il fut l'intime ami du Vénérable Père Beaudoin. Il mourut à Chavagnes, le 4 février 1808. On trouve des détails sur cet excellent prêtre dans la Vie du Père Beaudoin (éditions de 1856 et de 1903).
1784.−Morisset. Les renseignements nous manquent pour savoir si ce prêtre est le même que Jacques-Julien Morisset, ex-vicaire de Brétignoles, embarqué aux Sables pour l'Espagne, le 9 septembre 1792.
1785. − Regain. Le même sans doute que Regains vicaire de Saint-Christophe-du-Ligneron, en 1791, ardent promoteur de la résistance à la Constitution civile et, pour ce fait, décrété de prise de corps par le tribunal de Challans, mais il échappe à toutes les recherches et se sauve en exil, pendant qu'aux Sables, on arrête son père, son frère et l'une de ses sœurs. (Chassin, G. I, p. 316).
1785.− Gogué. Au moment de la Révolution, il était curé de Saint-Jacques de Clisson. Il ne prêta pas le serment et on le trouve avec les soldats vendéens, notamment à la Mothe-Achard, lorsque ceux- ci allaient attaquer les Sables (Chassin, G. 410 et 428, V. I. 24).
1786. − Lessolle (Jean-Henri).
1787. − Charles-Vincent Barbedette, curé.
Ce prêtre si célèbre aux Lucs pendant la Révolution était originaire de la Normandie. Il avait un frère plus jeune, curé de Château-Fromage (paroisse supprimée et aujourd'hui sur le territoire du Bourg-sous-la-Roche) et qui eut la faiblesse de prêter le serment à la Constitution civile du Clergé.
Voici la notice que M. Baraud consacre à M. Barbedette, dans son Clergé Vendéen (t. II, p. 34).

47 Le 26 juillet 1767, M. Jousbert curé du Grand-Luc, et Louis Rabillé, fabriqueur, consultent les paroissiens, au sujet du prix de ferme d'une borderie appartenant à la Fabrique, au village de la Primaudière. Cette borderie est affermée 24 livres par Nicolas Bouhier, sabotier au bourg. La consultation se fait a l'issue de la grand'messe, devant la porte principale de l'église. Parmi les habitants présents, on remarque le sieur Mercier des Rochettes, sénéchal, le sieur Mercier de la Gillardière, procureur fiscal, Thomas Simonneau, syndic.
Le curé et ses paroissiens ne formaient alors qu'une famille.

"En 1790, le curé du Grand-Luc fut nommé électeur des Membres de l'Administration départementale. Mais les erreurs nouvelles n'eurent sur lui aucune prise, et quand vint le mois de janvier 1791, où les prêtres devaient prêter le nouveau serment, il le refusa énergiquement. Pour ce fait et parce qu’il continuait son ministère, un décret de déportation est pris contre sa personne, le 16 août 1792. Il n'en fut pas troublé, et demeura quand même au service de ses paroissiens, tout en prenant des précautions pour éviter d'être pris et incarcéré. Protégé par l'affection des fidèles qu'il aimait et dont il se savait aimé, M. Barbedette resta dans sa paroisse ou dans les environs. Très populaire dans le pays, il portait le nom de curé grand-bot (bot, abréviation de sabot), parce qu'il était toujours chaussé de sabots grossiers comme les paysans.
Ses paroissiens furent heureux de le posséder pour avoir les secours religieux et les consolations qu'ils apportent, surtout après le massacre de M. Voyneau, son confrère, curé du Petit-Luc. En vertu des pouvoirs extraordinaires que lui avait accordés Mgr de Mercy, évêque de Luçon, ainsi qu'à tous ses confrères fidèles, il allait aussi exercer le saint ministère dans les paroisses voisines privées de pasteurs.
Le curé Barbedette, avec son âme ardente, avec sa foi catholique et royaliste, ne voyait pas sans une peine extrême la Révolution s'attaquer à tout ce qui avait été les deux grandes passions de sa vie. Aussi bien, proscrit par les révolutionnaires, il se jeta dans la lutte contre eux.
Dès que commence l'insurrection du Bocage vendéen, en mars 1793, il accepte volontiers de faire partie du comité royaliste de Palluau, où figuraient Louis Savin, dit le Parisien, François-Nicolas Savin, dit le Pelé, ex-officier de l'armée de Louis XVI, auquel fut confié le commandement en chef de la division de Palluau, ceux-ci membres combattants. Parmi les membres non combattants, avec M. Barbedette étaient l'abbé Rousseau, de la Vivantière paroisse de Beaufou, Henri Tardy, notable, et Bouhier, commis, ces deux derniers de Saint Etienne-du-Bois48.
Puis le curé du Grand-Luc se joint à l'armée catholique pour soutenir et fortifier les soldats de la foi par ses exhortations. On le trouve à la prise de Palluau des 12 et 22 mars 1793, avec M. Neau, prieur de Soullans, et M. Gogué, ancien vicaire du Luc. De Palluau, les paysans insurgés, sous la conduite des deux Savin (dits de Paris et du Calvaire), se rendirent à la Mothe-Achard, opérant leur jonction avec l'armée de Joly pour attaquer les Sables. Ces trois prêtres les accompagnaient comme aumôniers.
M. Barbedette dit la messe sous les halles du bourg, prêcha et, communia un grand nombre de Vendéens, assisté de M. Chabot, curé d'Aubigny, de M. Remaud, curé des Clouzeaux, et de deux autres prêtres.
Le 29 mars, jeudi-saint de l'année 1793, des prêtres insermentés dirent la messe, distribuèrent des chapelets et des cordons bénits. Après un sermon doux et pathétique du curé du Luc, ils donnèrent la bénédiction et l'absolution générale à toute l'armée qui se mit en route vers les Sables." (Notes manuscrites d'André Collinet).
Avec sa foi ardente, son âme de feu et de solides vertus, le curé du Grand-Luc était bien à sa place parmi les soldats vendéens. Il exerçait sur eux une influence extraordinaire. Le premier exposé aux plus grands dangers, il s'en tirait avec un tel bonheur que les paysans, un peu superstitieux, croyaient qu'il avait le don de passer inaperçu parmi les Bleus et de conjurer leurs balles. On a raconté à ce sujet des anecdotes et des faits impossibles auxquels le peuple ajoutait foi, tellement grande était sa confiance en ce prêtre bien que l'invraisemblance et le ridicule y soient frappants.
Un jour, le curé Grand-Bot traversait les landes de la Loubisse, en Saint-Etienne, lorsque les paysans effrayés lui montrèrent à l'horizon une troupe de républicains accourant sur eux. M. Barbedette n'est point déconcerté : il plante son bâton au milieu du chemin et tranquillement continue sa route avec les paysans. Arrivés à l'endroit où se trouvait le bâton, les Bleus ne purent passer outre. Pris comme d'un accès de folie, ils se mettent à danser autour et abandonnent leur poursuite.
Plusieurs autres faits, aussi invraisemblables, étaient racontés dans le pays et faisaient à ce prêtre une réputation extraordinaire qui donnait du poids à sa parole.
Lors de l'expédition contre les Sables dont nous avons parlé plus haut, et pendant l'attaque contre la ville, M. Barbedette, occupé dans les rangs de l'armée à soigner les blessés, fut blessé lui-même et resta sur le champ de bataille parmi les trois cents cadavres qui couvraient le terrain. Relevé et soigné dans une ferme voisine, il se rétablit et retourna parmi ses paroissiens, où il demeura jusqu'à l'arrivée

48 Revue du Bas-Poitou, année 1900, 3e liv. Tous les chefs-lieux de cantons importants et foyers d'insurrection de la Vendée eurent un Comité de ce genre pendant la guerre.

aux Lucs des égorgeurs de Turreau, le 28 février 1794. Après le massacre, en cette journée, de quatre cent quatre-vingt-cinq habitants des deux paroisses des Lucs, il revint consoler les survivants en deuil, et dressa d'après leur témoignage le funèbre martyrologe qui nous a été conservé et qu'a publié, en 1867, M. Bart curé des Lucs.
M. Barbedette resta presque seul prêtre dans le pays avec M. Jousbert, son confrère voisin de Beaufou. On le retrouve au Synode du Poiré, au mois d'août 1795. Au moment de fructidor, il ne se met point en peine du nouveau serment, obligatoire sous peine de déportation.
A la fin de 1797, on le vit recommencer avec plus de zèle ses prédications dans les campagnes.
Signalé au général Travot, il est poursuivi, mais impossible de l'arrêter.
Dans un Etat des prêtres réfractaires qui exerçaient le culte sans avoir fait les déclarations prescrites par la loi du 9 fructidor, à la fin de 1797, M. Barbedette est inscrit sous le n° 42 et signalé en ces termes :
"Barbedette, du Grand Luc, homme dangereux, le plus sanguinaire (qui jamais ne versa de sang) qui ait existé pendant la guerre de la Vendée, il a toujours excité secrètement à la rebellion ; réfractaire à toutes les lois, il s'est caché dès qu'il a eu connaissance de celle du 19 fructidor ; il est maintenant déguisé et parcourt les campagnes, où il distille le poison du fanatisme et de la discorde."
Un prêtre fidèle à sa conscience et à ses devoirs de pasteur ne pouvait être signalé en d'autres termes.
Un arrêté du Directoire de Fontenay du 15 janvier 1798 ordonne de nouveau de se saisir de sa personne pour le déporter en Guyane, mais l'habile et courageux prêtre est toujours invisible et insaisissable.
Après le 19 fructidor, Travot, découragé, écrit au commissaire Coyaud que "la recherche de Remaud et de Barbedette, curé de la très mauvaise commune du Luc, est restée infructueuse".
Par suite, le curé Grand-Bot est condamné à la déportation par arrêté du pouvoir exécutif.
A dater de cette époque, on perd sa trace. Cependant M. Ténèbre, ancien curé de Croix-de-Vie, déporté en Guyane et de retour aux Sables en 1802, dans une lettre datée du 29 juillet de cette année, parle encore du curé du Grand-Luc, ce qui peut faire supposer que M. Barbedette n'est décédé qu'à la fin de cette année, mais son nom ne figure pas sur la liste des prêtres de 1801".
M. de Goué dans sa notice sur la paroisse des Lucs nous dit que lorsque les mauvais jours de la Révolution furent passés, M. Barbedette, n'ayant plus qu'une église dévastée et hors d'état de servir au culte divin, célébra pendant quelque temps les offices dans la chapelle du Retail. Il nous apprend également que M. Garreau, de Favet, en Saint-Etienne de-Corcoué, garde avec un religieux respect les ornements violets et les vases sacrés qui, à l'époque de la Révolution, servaient à ce vénérable prêtre pour la célébration des saints mystères et l'administration des sacrements.
M. Barbedette eut pour vicaires :
1789. − Fleurisson.
1790. − D. A. Henry.
1790. − Buet. Pendant la Révolution il dessert la paroisse de la Merlatière.
1803. − Jacques Gautier, curé.
M. Gautier succéda à M. Barbedette en avril 1803. Il était comme lui d'origine normande et avait également bravé mille fois la mort pendant la Révolution pour offrir le secours de son ministère aux chrétiens fidèles.
Né en 1756, il avait d'abord été vicaire de Chauché, puis de la Boissière-de-Montaigu, au moment où les troubles révolutionnaires éclataient. Comme son curé, M. Reliquet, il refusa courageusement le serment, et pendant que celui-ci marchait à la suite de l'armée de Charette, il restait à son poste, administrant la Boissière et les paroisses voisines Obligé de se cacher, il demanda souvent un asile aux habitants de Chauché.
M. Gautier assista au synode du Poiré, en 1795, et prit part aux graves questions qu'on y traita. Puis pendant les années suivantes on le trouve sur divers points de la Vendée offrant le secours de son ministère et se cachant toujours.
En 1797, son nom figure le trente-cinquième sur l'état des prêtres réfractaires avec cette mention : "Gauthier (Jacques), de Soullans, réfractaire à toutes les lois, il paraît paisible maintenant ; tous ceux qui l'ont connu et ont entendu parler de lui s'accordent à dire que pendant la guerre de la Vendée, il s'est souillé de tous les crimes". Comme on le voit, il n'était guère mieux ménagé que le sanguinaire

(!) Barbedette.
Il faut croire que M. Gautier gênait bien l'administration républicaine, car le 31 décembre de la même année, le commissaire Malescot le signalait ainsi à ses chefs de Saint-Gilles-sur-Vie :
"Le prêtre refractaire qui a prélevé, avant la loi du 19 fructidor, une contribution, dite boisselage, dans la commune de Riez, ainsi que l'a rapporté le commandant militaire, demeurait à Soullans, où il exerçait le culte catholique. Il s'appelait, dit-on, Gautier. On assure qu'il n'a pas paru à Soullans, ni aux environs, depuis longtemps. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'aucun prêtre réfractaire n'est dans ce canton présentement. Si j'en découvrais quelques-uns je les ferais arrêter." (Arch. de la Vendée, La 276).
En réponse à cette lettre, le Directoire exécutif, le 7 janvier suivant, décrétait la déportation de M. Gautier et motivait ainsi son arrêté :
"Gautier, ex curé de la commune de Soullans, qui a refusé de prêter le serment prescrit par la loi du 19 fructidor, et qui, en sa qualité de médecin, profession qu'il exerce sans avoir satisfait à la loi sur les patentes, parcourt les campagnes, dont il continue à fanatiser et égarer les habitants. (Arch. de la Vendée, ibid.).
Il était aisé de condamner M. Gautier à la déportation, mais il fallait s'emparer de lui. Une autre pièce des archives départementales (Ibid.) constate qu'on n'y put réussir.
M. Gautier resta donc dans le pays. En 1800, il était paisiblement curé de Soullans, puis en 1803, il était transféré à la cure des Lucs. Là il dut réparer tout d'abord les ruines de toutes sortes amoncelées par la Révolution et son premier soin fut pour l'église paroissiale. Une note des registres nous apprend que cette église, brûlée en 1794, par suite de la guerre civile, fut restaurée par la charité des habitants et par le zèle du pasteur, en 1807.
Un nouveau cimetière fut établi et bénit en 1810.
M. Gautier mourut à l'âge de cinquante-neuf ans, après une longue maladie, à la cure des Lucs. Son corps fut inhumé dans le cimetière, le 19 avril 1815.
1815. − Jean-Baptiste Forgeau, curé.
M. Forgeau était originaire de la paroisse de Legé et il avait été vicaire aux Essarts et à Saint- Etienne-du-Bois.
Pendant son ministère aux Lucs, Mgr Soyer, évêque de Luçon, vint faire sa visite pastorale, le 4 mai 1824. Il y eut aussi, pendant le carême de 1824, une grande mission prêchée par les missionnaires de Saint-Laurent-sur-Sèvre. A la suite de cette mission, on érigea un Chemin de Croix dans l'église.
M. Forgeau se fit remarquer aux Lucs par la fidèle observation de tous ses devoirs, et surtout par une grande charité pour les indigents. A ce dernier sujet, on raconte que, comme saint Martin, il alla un jour jusqu'à se dépouiller de son manteau pour en revêtir un malheureux qu'il avait rencontré sur son chemin.
Il fut victime d'un accident qui lui coûta la vie et qui l'enleva en quelques heures à l'affection de ses paroissiens. II mourut le 1er septembre 1843, à l'âge de cinquante-huit ans et fut inhumé le dimanche suivant dans le cimetière de la paroisse.
Il eut pour vicaires :
1838. − Félix Clot. Né à Saint Gilles-sur-Vie, le 2 septembre 1814, fut ordonné prêtre le 9 juin 1838. Il fut successivement vicaire aux Lucs et à Notre-Dame de Fontenay, aumônier à la Roche-sur- Yon en 1844, curé de Saint-Mars-des-Prés en 1846, de Nieuil-sur-l'Autise en 1857, et enfin doyen de la Châtaigneraie en 1863. Décédé le 23 juillet 1885.
1842. − Léandre Morin.
1843. − Pierre-Clément Guitton, curé.
Originaire de Cugand, M. Guitton avait été précédemment vicaire aux Essarts en 1832, puis curé de Maillé en 1834, et de Sérigné en 1842. Nature ardente et caractère très sympathique, il avait des adversaires qui ne l'aimaient guère, et en même temps des amis très dévoués. Pendant qu'il était curé de Maillé, il fut traduit devant le tribunal de la Roche-sur-Yon pour avoir parlé en chaire avec une liberté tout apostolique, et condamné à huit jours de prison. Lorsqu'il eut purgé cette glorieuse peine, il revint à Maillé où ses paroissiens le reçurent en triomphe comme un confesseur de la foi. Mais l'évêque de Luçon, voulant donner une leçon à la municipalité, instigatrice de l'injuste condamnation, transféra le digne prêtre, quelques jours après, au poste de Sérigné et laissa la paroisse de Maillé sous la direction d'un simple vicaire pendant quinze mois.

Pendant le séjour de M. Guitton aux Lucs, Mgr Bailles fit quatre visites pastorales, le 3 septembre 1847, le 19 mars 1850, le 16 mars 1853 et le 25 mai 1855, et chaque fois il signa sur les registres de la paroisse.
Une des grandes œuvres qui se fit alors, ce fut l'installation des Religieuses des Sacrés-Cœurs de Mormaison à la tête de l'école des filles, le 8 octobre 1853.
En 1856, M. Guitton quitta la paroisse des Lucs pour celle moins fatigante d'Evrunes. Mais en 1867 ses infirmités le forcèrent à prendre un repos complet. Il se retira alors à Cugand, son pays natal, et il y mourut le 30 mars 1875.
On a écrit de lui un bel éloge en disant qu'il se distinguait par la vivacité de sa foi, l'éloquence de sa parole et son zèle apostolique.
M. Guitton eut pour vicaires :
1844. − Pierre Baron, mort curé de l'Orbrie, le 23 mai 1887.
1850. − Ferdinand Duprat, mort curé de Saint-Martin-de-Fraigneau, le 12 avril 1871. 1853. − Charles Renaud, mort curé de Saint-André-d'Ornay, le 21 mai 1878.
1854. − Charles Jousseaume, mort le 28 mai 1881, à Saint-Martin-Lars en Sainte Hermine, dont il avait été curé et où il résidait comme prêtre habitué.
1856.− Jean Bart, curé.
M. Jean Bart naquit en 1824 au village de la Corbière, dans la paroisse de Saint-Maurice-le-Girard, de parents aux mœurs vraiment patriarcales. Il commença ses humanités sous la direction de M. Vexiau, curé de Cheffois, puis au mois d'octobre 1838 il entra au petit séminaire de Chavagnes, où il ne tarda pas à se faire remarquer par les plus belles qualités.
Devenu professeur à son tour, dans le même petit séminaire, il s'attacha si bien le cœur de ses élèves que ceux-ci lui vouèrent l'affection la plus profonde, et qu'ils ne parlaient jamais de lui qu'avec la plus vive émotion.
Il fut ordonné prêtre le 19 septembre 1850 et, quatre ans après il quitta l'enseignement pour entrer dans le ministère.
Mgr Baillès, qui l'avait en singulière estime, le nomma vicaire, d'abord aux Sables-d'Olonne, et six semaines plus tard, à Luçon, où il resta pendant deux ans.
Un de ses amis décrivait ainsi ces premières années de ministère :
"Son cœur sympathique trouva un écho dans ces deux villes ; les hommes instruits, comme le peuple, s'attachèrent à lui ; on courut au pied de sa chaire, on se passionna pour sa parole vibrante qui allait au fond du cœur. La cure des Lucs étant devenue vacante, Mgr Delamare, qui avait pour lui une affection toute particulière, lui confia ce poste plus difficile encore qu'il n'était important, car les fidèles, divisés entre eux, formaient deux partis bien tranchés. En lui faisant ses adieux, Monseigneur lui dit : "Allez, mon enfant, et montrez-vous non seulement prêtre, mais encore un ange de paix".
Sous la direction de ce prêtre zélé, le calme ne tarda pas à rentrer dans les esprits et les divisions disparurent.
Voici les principaux évènements qui marquèrent le séjour de M. Bart, aux Lucs.
En 1857, Monseigneur Delamarre, évêque de Luçon, vint bénir le calvaire monumental élevé sur la place, à l'endroit qu'occupait la croix de l'ancien cimetière.
Le dimanche 18 août 1861, M. Menuet, vicaire général du diocèse, fit la bénédiction de trois nouvelles cloches, nommées, la plus forte : Saint-Pierre et Saint-Paul ; la moyenne : Sainte-Marie ; la plus petite : les Saints anges gardiens, et qui ont eu pour parrains et marraines, la première M. Alexandre Renaudin et Mme veuve Charrier, du bourg ; la deuxième M. Charles Baudry d'Asson, de Rocheservière, et Mlle Emilie Texier, de la Tulevrière, de Saint-Etienne-du-Bois ; la troisième M. Eliacin Perotteau et Mlle Alphonsine Moreau, de la paroisse.
Le 29 septembre 1863, fête de saint Michel, Mgr Joseph-Hippolyte Guibert, archevêque de Tours et depuis cardinal-archevêque de Paris, vint aux Lucs pour prononcer, au nom du Souverain Pontife, la séparation de quatorze villages de la paroisse et leur annexion à celle de Legé, au diocèse de Nantes. Il signe le procès-verbal en latin, rédigé ad hoc et conservé dans les archives de la fabrique.
Le 16 octobre 1867, Mgr Colet, évêque de Luçon, vint bénir, au milieu d'un concours immense de fidèles, la chapelle du Petit-Luc, élevée sur les ruines de l'ancienne église de Notre-Dame et enrichie par Pie IX de nombreuses indulgences. (Procès-verbal dans les registres. − Rescrit de sa Sainteté, du 28 novembre 1866). − La cloche nommée Saint-Jean fut bénite, le dimanche 22 août 1869, par M.

Barillaud, secrétaire général de l'Évêché. Le parrain fut M. Jean Bart, curé de la paroisse, et la marraine, Mlle Marie Texier, de Saint-Denis-la-Chevasse.
En 1863 et 1874, les Pères de Chavagnes prêchèrent dans la paroisse deux missions, à la suite desquelles on érigea des croix commémoratives.
Le 14 septembre 1874, eut lieu, sous la présidence de Mgr l'évêque de Luçon, à Notre-Dame-des- Lucs, reine des Martyrs, un grand pèlerinage qui obtint le plus brillant succès.
Le 3 mai 1864, le 8 juin 1868 et le 9 juin 1873, visites pastorales de Mgr Colet, évêque de Luçon.
Sa Grandeur signa sur les registres.
Doué d'un talent remarquable pour la chaire, M. Bart évangélisa pendant vingt ans non seulement sa paroisse avec un zèle infatigable, mais il prêcha aussi dans d'autres paroisses un grand nombre de retraites, de jubilés ou de fêtes patronales.
Sa parole était toujours écoutée avec le plus grand plaisir. Le 17 mai 1859, Mgr Delamare, après avoir bénit la gracieuse chapelle élevée, à Chavagnes-en-Paillers, à l'endroit où le P. Baudouin célébra sa dernière messe et rendit son âme à Dieu, se tourna vers M. Bart et le pria d'édifier l'assistance. Celui-ci s'exécuta et fit un discours admirable d'à-propos. Les tableaux qu'il traça des œuvres du P. Baudoin furent si saisissants et portèrent si bien dans les cœurs la conviction de sa sainteté que Monseigneur, après avoir exalté lui-même les vertus du P. Baudouin, promit de commencer l'enquête pour l'introduction de la cause de sa béatification. Il était réservé à son successeur, Mgr Colet, de constituer le tribunal ecclésiastique qui devait mener à bonne fin cette grande affaire.
C'était même en dehors du diocèse que M. Bart allait porter ses prédications. Les Frères de la Doctrine chrétienne qui se trouvaient à cette époque à Nantes et à Niort n'oublieront jamais le bien produit par ses conférences aux nombreux élèves de leurs pensionnats.
Il semblait que la chaire fût son élément ; aussi devait-il être victime de son zèle. Les stations du Jubilé de 1875, prêchées successivement à Givrand, à Saint-Gilles et à l'Aiguillon-sur-Vie, affaiblirent sa forte constitution ; les refroidissements qu'il éprouva dans des confessionnaux, improvisés souvent à la porte glacée des églises, ébranlèrent fortement sa constitution.
Après un dernier panégyrique, prononcé à Saint-Vincent-sur-Graon, le 22 janvier 1876, il dut prendre un repos forcé et garder la chambre du 2 février au 2 juillet, jour de sa mort. Ce jour était, cette année, le dimanche où l'on célébrait la solennité de la fête de saint Pierre, patron de la paroisse ; c'était en même temps le jour d'une grande assemblée pour les Lucs. Or, tel était l'ascendant qu'exerçait l'abbé Bart sur toute la contrée que la tristesse fut générale et qu'il n'y eut toute la journée ni danses, ni réjouissances bruyantes. Il était mort à une heure du matin. Quand, à quatres heures, le glas funèbre plusieurs fois répété eut fait connaître sa mort, le deuil des fidèles prit les proportions d'un deuil public. On le vit bien, le mardi 4 juillet, quand trois mille personnes, ayant à leur tête trente-cinq prêtres, accoururent pour pleurer sur son cercueil.
M. l'abbé Millasseau, doyen du Poiré-sur-Vie, se fit l'interprète de tous, et dans une courte et chaleureuse improvisation, il montra l'étendue de la perte que faisaient, dans sa personne, les pauvres, les riches, ses paroissiens grands et petits et les amis nombreux qu'il comptait dans toutes les classes de la société et principalement dans celle du clergé49.
Pour achever le portrait de ce vénérable prêtre ajoutons qu'il vécut et qu'il mourut pauvre, dépensant pour les œuvres de Dieu bien au-delà des limites imposées par la prudence humaine, mais ses intentions étaient si pures que la divine miséricorde ne dut pas lui en tenir rigueur.
M. Bart a publié un petit opuscule dont nous avons donné de larges extraits et qui a eu deux éditions. Il est intitulé : Chapelle de Notre-Dame-des-Lucs, avec le martyrologe des habitants des Lucs, assassinés le vendredi 28 février 1794 (Nantes, Libaros).
M. Bart eut pour vicaires :
1857. − Henri Challet. Né aux Landes-Genusson le 31 août 1830, ordonné prêtre le 15 novembre 1857, il fut vicaire des Lucs (1857), curé de Puyravault (1866), et curé de Sigournais (1870), où il mourut le 1er juillet 1888.
1866. − Emile Lelièvre, aujourd'hui prêtre habitué à Fontenay.
1867. − Théophile de Goué. Né le 30 mai 1843, à Saint-Sulpice-le-Verdon, et ordonné prêtre le 22 décembre 1866, il fut vicaire des Lucs pendant douze ans, puis aumônier de l'Union-Chrétienne, le 4 septembre 1878, et enfin curé de Saint-Avaugourd, le 1er juin 1888. C'est dans ce dernier poste qu'il est

49 Extrait de la notice de l'abbé Baudry sur M. Bart.

mort le 27 septembre 1888. Il est l'auteur d'une petite notice sur la paroisse des Lucs (Nantes, imprimerie Forest et Grimaud, 1876).
1868. − François Gaudin, aujourd'hui professeur de philosophie à l'Institution Richelieu.
1873. − Jacques Pajot, plus tard curé de Champagne-les-Marais, des Clouzeaux et de Réaumur et aujourd'hui prêtre habitué.
1876. − Louis Cousseau, curé.
M. Cousseau naquit à Gétigné (Loire-Inférieure), le 24 juin 1835 Ayant perdu sa mère dès ses premières années, il fut confié aux soins d'une tante habitant le bourg de Cugand, ce qui fit qu'il commença ses études dans le diocèse de Luçon, auquel il resta définitivement attaché. Ordonné prêtre en 1860, il fut envoyé comme vicaire à Saint-Hilaire-de-Loulay, où il resta pendant dix ans, sous la direction du vénérable M. Gendron.
Il fut ensuite nommé à la cure de Champagné-les-Marais, où il dépensa tout son zèle pour vaincre l'indifférence de ses paroissiens. En 1870, l'autorité épiscopale le récompensa en lui donnant la belle et magnifique paroisse des Lucs. Mais quelle situation lamentable ! L'église était beaucoup trop étroite pour la population et de plus elle menaçait ruine. En divers endroits il avait fallu étayer les poutres vermoulues de la toiture. Enfin elle était inhabitable : aux jours de pluie les fidèles étaient obligés de se garantir contre les gouttières et en hiver il y régnait une température glaciale. La sacristie était à l'avenant et bien pauvre d'ornements et de linges. Tout était à restaurer.
Malheureusement, la fabrique, peu riche en ressources, était obérée d'une somme s'élevant à près de 29 000 francs, tant à cause de l'achat de son presbytère et d'une magnifique sonnerie qu'à cause de la construction de la chapelle du Petit-Luc.
M. Cousseau était bien le prêtre qu'il fallait pour sortir de tant de difficultés. Homme d'ordre50 et d'économie, il s'occupe d'abord de régulariser la situation de la fabrique et de la décharger de ses dettes. Pour aller plus vite, il sacrifie ses revenus patrimoniaux sans réclamer d'intérêts et se fait aider d'un confrère qui veut bien imiter sa générosité. En quelques années le déficit est comblé. Bientôt même le budget de la fabrique se réglait par des excédents de recette et, au bout de quatorze ans, l'industrieux curé avait trouvé les ressources pour bâtir une nouvelle église. Son zèle entreprenant avait obtenu de personnes généreuses, non seulement le terrain convenable pour la future construction, mais encore un don magnifique de l00 000 francs.
Donnons maintenant un résumé des actes de son ministère, d'après les notes qu'il a laissées lui- même.
1877. − Du 9 au 17 février une retraite est prêchée aux hommes des Lucs par M. de Suyrot, missionnaire apostolique ; les communiants sont au nombre de trois cent soixante-neuf. Le soir de la clôture, procession à la chapelle du Petit-Luc et consécration des hommes à la Sainte Vierge.
Le conseil municipal refusant d'accepter la construction d'une nouvelle école de garçons, la Préfecture et divers journaux républicains s'en prennent à M. le curé des Lucs qu'ils accusent d'être l'âme de la résistance. La polémique devient très ardente et le Préfet déclare qu'il s'opposera énergiquement à tout projet de reconstruction de l'église tant qu'on ne lui aura pas accordé une école toute neuve.
1878. − Le 2 juin, visite pastorale de Mgr Catteau. Le clergé, le conseil municipal et grand nombre d'habitants des Lucs se rendent la veille au devant de Sa Grandeur jusqu'au chemin de la Gaconnière.
M. Alexandre Renaudin, maire des Lucs, adresse à Monseigneur un compliment rempli des sentiments les plus chrétiens. Monseigneur remercie gracieusement le chef de la municipalité, puis il allume deux feux de joie, l'un à cet endroit et l'autre plus loin sur la place de l'église. En entrant dans le vieux sanctuaire, discours de M. le curé qui parle de la foi de son peuple et des martyrs qui ont péri non loin de là, en 1794. Il parle aussi de sa pauvre église qu'il n'a pas voulu décorer d'ornements, afin d'en faire ressortir le lamentable aspect.
Le lendemain, confirmation de deux cent cinquante-deux enfants. A la suite de la cérémonie, Monseigneur adresse une touchante allocution aux fidèles de la paroisse sur ce que doit être une église au milieu d'une population et il exhorte vivement les pieux fidèles des Lucs à élever un nouveau temple digne de la majesté de Dieu.
Dans son procès-verbal de visite Monseigneur revient encore sur la nécessité de construire une

50 Cette qualité le fit choisir pour établir la table des actes épiscopaux.

nouvelle église, et afin de décliner toute responsabilité, il émet le vœu que l'édifice soit examiné par un architecte et que le rapport de cet homme de l'art lui soit adressé.
Le 20 juillet suivant, en conformité du vœu exprimé par Monseigneur l'Evêque, M. Clair, architecte du département de la Vendée, vient visiter l'église des Lucs et il fait les constatations suivantes :
"La nef proprement dite est dans un fort mauvais état de conservation, les murs surplombent ; deux lézardes se sont prononcées au point A et B (voir plan) ; la tête des murs est dégradée en plusieurs endroits. Les tirants qui relient les sablières ont fléchi de 0,30 centimètres environ ; le tillis et la charpente sont pourris. Cette partie serait totalement à reprendre.
Dans le chœur quelques parties de crépissage se sont détachée à la première travée de la voûte, des lézardes nombreuses se sont produites à la deuxième travée, notamment le long des formerets.
Le mur du chevet de l'église est lézardé et le sommet du pignon surplombe d'une manière inquiétante.
La façade du midi est très mauvaise dans sa partie supérieure, plusieurs parties de corniches menacent ruine et sont prêtes à se détacher. La charpente du chœur est établie en de très mauvaises conditions, les bois sont vermoulus, la latte ne tient plus et les ardoises sont mousseuses et pourries".
Enfin l'architecte, mesurant la surface de l'église par rapport au nombre de personnes qu'elle pouvait contenir, constatait qu'elle était d'une insuffisance de huit cent soixante-quinze places. Et il concluait qu'il n'y avait d'autre parti à prendre que de reconstruire totalement l'église.
Voilà cependant la reconstruction que le Préfet de la Vendée jugeait peu urgente en comparaison de celle de son palais scolaire.
Hélas ! il se passera encore bien des années avant la pose de la première pierre d'une nouvelle église. Mais n'anticipons pas sur l'ordre des faits.
Le 27 juillet, en conséquence du rapport de l'architecte, Monseigneur prie M. le curé des Lucs de réunir son Conseil de fabrique afin de voir avec lui s'il ne serait point opportun de faire dresser les plans d'un nouvel édifice religieux et d'ouvrir dans la paroisse une souscription volontaire.
Le 14 novembre, ouverture d'une retraite pour les femmes ; près de six cents prennent part aux pieux exercices.
1879. Année extraordinairement mauvaise. A part les trois premières semaines de mars, le soleil ne paraît pas un jour entier depuis le premier de l'an jusqu'au 27 juin. Pluie continuelle. Aux Lucs, la récolte du blé se fait un mois plus tard qu'à l'ordinaire ; la vigne, au mois de septembre, n'est pas plus avancée qu'au mois de juillet ; le vin est de la plus mauvaise qualité et atteint à peine la dixième partie des autres années. Le blé, semé vers la Toussaint, ne sort de terre que dans le mois de février, et à un été pluvieux et sans chaleur succède un hiver d'une rigueur sans pareille ; plus de vingt degrés au- dessous de zéro.
Au cours de cette année, le Conseil de fabrique décide de s'adresser à M. Clair pour lui demander un plan d'église avec devis ne dépassant pas la somme de 150 000 francs. En même temps M. le curé, accompagné d'un membre du Conseil de fabrique et d'un membre du Conseil municipal, parcourt la paroisse pour recueillir des souscriptions. Grande déception pour le zélé pasteur : bon nombre de ses paroissiens, même parmi ceux qui devaient bénéficier de la construction d'une nouvelle église, restent sourds à son appel et refusent leur concours pécuniaire. Le chiffre des souscriptions s'élève à 31 000 francs. Et l'on comptait sur plus de 50 000 !
On renvoie donc à plus tard le projet de reconstruction de l'église.
1880. Le 22 février, bénédiction du cimetière faite par M. le curé, en vertu d'une permission de Monseigneur. Pour arranger ce cimetière qui était dans le plus triste état, M. Cousseau avait fait appel aux hommes de bonne volonté qui lui avaient donné environ cent quatre-vingt journées.
La question d'une nouvelle église revient à l'ordre du jour ; un premier pas est fait et le projet conçu par M. Cousseau de bâtir sur un autre terrain que celui de l'ancienne église obtient pleine réussite. M. et Mme Morin d'Ivonnière et M. Olivier Mercier acquiescent à la demande que leur fait Monseigneur dans une entrevue au presbytère des Lucs, le 15 septembre 1880, et ils cèdent gracieusement un terrain sur leur propriété.
Cette même année, érection des confréries du Saint-Sacrement et des Mères chrétiennes.
Le 14 novembre, M. le curé bénit la première pierre de la nouvelle école de garçons, en présence du Conseil municipal et d'une foule nombreuse de fidèles. Par suite d'heureuses combinaisons, la construction de cette école, dont le devis s'élève à 24 000 francs, ne coûte que 3000 francs à la commune.

1881. Deuxième visite pastorale de Mgr Catteau. Deux feux de joie, réception à l'entrée du bourg par M. le maire entouré de son conseil municipal. Confirmation de cent trente-trois enfants.
Le dimanche 16 octobre, après la grand'messe de paroisse, M. le curé, accompagné du Conseil municipal et de tous les fidèles présents à l'église, se rend à la nouvelle école de garçons, dont la construction est achevée, et il procède à la bénédiction des bâtiments. Peu de temps avant la cérémonie, le maire, M. Renaudin, avait fait placer la Croix dans chacune des classes, afin que le Christ fût le premier à en prendre possession. Pour l'honneur de M. le maire et de son conseil muni- cipal, observons que cette cérémonie eut lieu, à leur demande, comme protestation contre les projets du gouvernement, qui ont causé depuis tant d'effets funestes, en chassant Dieu de l'école.
En même temps que l'école, la Mairie reçoit aussi elle la bénédiction liturgique. M. Mercier, conseiller général, assiste à la cérémonie.
1883. Le 24 avril, arrivée de Mgr Catteau aux Lucs ; dans la soirée réception avec la même solennité que dans les visites précédentes. Les enfants qui, le matin, avaient fait leur première communion, viennent faire la rénovation de leurs promesses du Baptême et leur consécration à la sainte Vierge entre les mains de Monseigneur assis sur le marchepied de l'autel. Le lendemain, confirmation de cent dix enfants.
Le 21 octobre, pèlerinage au sanctuaire du Petit-Luc, magnifique procession aux flambeaux, illumination de la colline et de la chapelle.
1884. Le 18 mai, bénédiction de la croix élevée à l'entrée du village du Puy par Pierre Malidin et son épouse.
Le 22 du même mois, jour de l'Ascension, toute la paroisse se rend en procession au Petit-Luc et
M. l'abbé Gahier, supérieur de la maison de l'Immaculée-Conception de Nantes, fait la bénédiction de la belle statue de la sainte Vierge, érigée au sommet du tumulus, non loin de la chapelle. Cette statue pesant environ mille kilos est payée par Mme Mercier de Grammont.
Pendant l'Avent, une mission est prêchée dans l'église des Lucs par les PP. Florent Huguet, Théophile Dexmier et Pierre Gautier, de la congrégation des missionnaires de Chavagnes. Les retours s'élèvent au chiffre de deux cent seize. Le jour de la clôture, on compte neuf cents communions d'hommes et mille soixante communions de femmes. En souvenir de la mission on érige un monument avec la statue de saint Joseph.
1885. Le 24 novembre, l'honorable M. Renaudin, maire des Lucs, est suspendu de ses fonctions pour un motif purement politique
1886. Trois bénédictions de croix : la première croix, sur la route de Saint-Denis et aux confins de la paroisse, élevée par MM. Laborde de Saint-Denis, propriétaires de la métairie de l'Aurière (1er avril) ; la seconde, sur la route du Plessis, érigée par M. Eliacin Perotteau (30 août) ; et la troisième, au village de la Daunière, payée par Louis Martineau (7 octobre).
1887. Visite pastorale de Mgr Catteau, le 16 mai Confirmation de deux cent huit enfants. Dans le procès-verbal on constate que toutes les dettes de la fabrique sont payées et qu'elle a, de plus, 6000 francs d'économies
1890. Le 13 novembre, M. Cousseau quitte les Lucs pour aller prendre possession de la cure de Saint Hilaire-de-Loulay. Il fut extrêmement regretté des paroissiens qu'il quittait et qui avaient su apprécier son zèle sans bornes.
Homme d'œuvres, M. Cousseau avait tout réorganisé dans la paroisse des Lucs, avec une patience infatigable. Travailleur acharné, il croyait n'avoir rien fait quand il lui restait quelque chose à faire et souvent, après neuf ou dix heures de travail de bureau chaque jour, il se délassait (quel délassement ! c'était plutôt pour lui un acte de vertu) en donnant des leçons de solfège et de musique instrumentale à cette Société philharmonique qu'il avait fondée, dans les dernières années de son séjour aux Lucs.
C'était aussi l'homme de règle par excellence. Il se levait à quatre heures tous les matins, hiver comme été ; lui-même sonnait l'Angelus, après quoi il vaquait à ses exercices de piété, restant souvent trois heures de suite dans cette église glaciale des Lucs, où vraisemblablement il contracta le germe de la maladie qui l'emporta quelques années plus tard.
Ce qu'il s'était proposé de faire le matin devait s'exécuter dans la journée. Cependant, recevait-il une visite inattendue, il n'en était pas moins tout entier au devoir de l'hospitalité qu'il remplissait avec une grâce charmante. Mais une fois le visiteur parti, il reprenait le travail interrompu ; le plan tracé le matin devait s'exécuter en entier, fallût-il prendre sur le repos de la nuit, car M. Cousseau ne renvoyait point au lendemain.

Sur la fin de sa vie, malgré les fatigues et les douleurs de la maladie, son activité resta toujours la même et il passa plusieurs fois par-dessus la défense des médecins pour recommencer l'exercice de son ministère. Terrassé enfin par un mal impitoyable il dut se préparer à la mort et recevoir les derniers sacrements. Mais telle était l'énergie de sa volonté qu'il voulut revoir encore ses paroissiens et son église qui était alors celle de Saint-Hilaire-de-Loulay. Incapable d'adresser la parole à son troupeau et de lui faire ses adieux, il rédigea une sorte de testament qu'il fit lire à la grand'messe par l'un de ses vicaires. Puis, lorsque la lecture fut terminée, à la stupéfaction générale, on vit s'avancer, ou plutôt se traîner vers la sainte Table, le pauvre Pasteur, pâle, amaigri, méconnaissable. Sur les fronts courbés il étendit une dernière fois ses mains tremblantes, il donna sa bénédiction de mourant. Je ne sais si paroisse vit jamais spectacle plus émouvant. Aussi quand l'officiant, surmontant son émotion au prix d'efforts inouïs, put enfin entonner le Credo, l'orgue fut seul à lui répondre, au milieu des sanglots de l'assistance.
Quelques semaines après, le 12 décembre 1902, le vénérable prêtre s'endormit pieusement dans le Seigneur, à Cugand, où il s'était retiré, après la scène que nous venons de décrire. Sa dépouille mortelle repose aujourd'hui dans le cimetière de Saint-Hilaire-de-Loulay.
Terminons ces quelques notes sur ce bon prêtre en citant ce qu'il écrivait sur le registre paroissial, au moment de son départ des Lucs :
"Je soussigné remercie la paroisse des Lucs des témoignages extraordinaires d'affection et de regret qu'elle a bien voulu me donner à mon départ, c'est un motif pour que je lui concerve à jamais ma reconnaissance". L. COUSSEAU, curé.
Voici les noms des vicaires des Lucs sous M. Cousseau.
Théophile de Goué, depuis 1867. Il inaugura le premier le poste de deuxième vicaire.
1878. − Jean Collanget. Ordonné prêtre en 1867, M. Collanget fut successivement vicaire à Venansault, aux Moutiers-sur-le-Lay, à Saint-Philbert-de-Bouaine et aux Lucs. Le 7 juin 1881, il fut nommé curé de la Genétouze et il y resta jusqu'au 1er décembre 1891. Depuis, il vit comme prêtre habitué à Saint-Sulpice-le-Verdon, sa paroisse natale.
1881. − Gustave Bouet. Né à Chantonnay, le 13 août 1849, ordonné prêtre le 20 décembre 1873, nommé vicaire à Tiffauges le 1er janvier 1874, à Saint- Georges-de-Montaigu le 11 août 1876, et aux Lucs le 22 juillet 1881 ; puis curé de Saint-Denis-du-Payré le 8 janvier 1888, et de Saint-Georges-de- Pointindoux le 16 novembre 1890. Décédé en cette dernière paroisse le 18 juin 1905.
1888. − Louis Charbonneau. Des Sables-d'Olonne ; né en 1863, ordonné prêtre le 17 décembre 1887, nommé vicaire aux Lucs le 7 janvier 1888, à Montournais le 28 juin 1890, à Saint-Jean-de- Monts en 1892, puis curé de Thiré en 1896, et de Barbâtre en 1902, où il est actuellement.
1890. − Jean-Baptiste Bossard. Né à Saint-Hilaire-de-Loulay en 1865 ; ordonné prêtre le 21 décembre 1889 ; après avoir été professeur à l'Institution Richelieu, il fut nommé, en mars 1890, vicaire à Mormaison, et au mois de juin suivant aux Lucs. Il fut prêtre habitué dans sa paroisse natale depuis le mois d'août 1891 jusqu'au mois de janvier 1898. Nommé successivement curé de Chasnais en 1898, puis de la Guyonnière en 1900, il est aujourd'hui curé-doyen de Saint-Gilles depuis 1903.
1890. Pierre Gendronneau, curé.
Né en 1839 et ordonné prêtre en 1863, M. Gendronneau arriva aux Lucs au mois de novembre 1890. Il avait été précédemment aumônier au pensionnat Saint-Gabriel de 1877 à 1880, puis prêtre habitué au Tablier pendant quelques mois. En 1883, il avait de nouveau accepté un poste dans le ministère et avait administré comme curé la paroisse de Benet. C'est dans ce dernier endroit qu'il se trouvait lorsqu'il reçut sa nomination pour les Lucs.
1891. Le 2 mai, visite pastorale de Mgr Catteau et confirmation de deux cent dix enfants. Dans le procès-verbal signé par l'évêque on constate que l'église est toujours dans le plus triste état, et que la fabrique n'ayant encore en caisse qu'une somme de 12 000 francs, on ne peut songer pour le moment à la reconstruction d'un nouvel édifice.
1892. Le dimanche 28 février, M. l'abbé Jeannet, vicaire général, vient ériger les stations du chemin de la croix dans la chapelle de Notre-Dame, au Petit-Luc.
1895. Le 7 avril, visite pastorale de Mgr Catteau. Une escorte très nombreuse de jeunes gens à cheval, en voitures, en bicyclettes, va jusqu'au bourg de Beaufou, à la rencontre du vénérable évêque. A l'arrivée aux Lucs, Monseigneur se dirige vers l'église en suivant une voie ornée d'arcs-de-triomphe et de guirlandes, au milieu de l'enthousiasme général ; il administre la confirmation à deux cent cinq

enfants.
Après la cérémonie, Monseigneur visite l'école libre de filles ouverte depuis deux ans, grâce au dévouement de M. le curé, et il a le plaisir d'apprendre que toutes les petites filles de la paroisse, à l'exception d'une vingtaine, sont instruites par les Religieuses.
Enfin le conseil de fabrique rend compte de sa gestion. Un legs de 100 000 francs fait par Mme Mercier, une encaisse de 25 000 francs et une souscription de 60.000 francs permettent à l'établissement religieux de demander à un architecte le plan d'une église de 180 000 francs. Monseigneur fait des vœux pour que le projet se réalise le plus tôt possible, et il promet de venir lui- même bénir la première pierre de la nouvelle église.
1899. Après de nombreuses démarches, la paroisse des Lucs voit enfin commencer son magnifique monument religieux. Voici ce qu'on lit dans la Semaine Catholique du 22 juillet 1899 :
"Le jeudi 6 juillet, bénédiction par Monseigneur de la première pierre de l'église des Lucs. Réception très brillante de Sa Grandeur, qu'une cavalerie nombreuse est allée chercher au presbytère de Belleville, pour le conduire, par une avenue vraiment triomphale, jusqu'au chantier de construction.
Avant de célébrer la sainte Messe, Monseigneur a pris la parole pour exprimer la satisfaction que lui causait l'œuvre commencée, et pour féliciter les habitants des Lucs de leur zèle et de leur activité à en assurer le succès. Grâce aux généreuses souscriptions de donateurs dont les noms, bien connus, sont en bénédiction dans la paroisse, grâce à l'énergie et au dévouement éclairé du curé, M. l'abbé Gendronneau, et du maire, M. Alfred Lesaffre, dont les efforts réunis ont écarté tous les obstacles et brisé toutes les oppositions ; grâce enfin au talent de l'architecte, M. Liberge, une nouvelle église va s'élever aux Lucs, qui comptera certainement parmi les plus belles églises du diocèse.
A l'issue de la cérémonie, un magnifique banquet de soixante-dix couverts a été servi chez M. le maire. Des toasts très goûtés et très applaudis ont été prononcés successivement par M. Alfred Lesaffre, M. Bourgeois, député, M. de Lavrignais, ancien conseiller général de la Vendée, et par Monseigneur."
1901. Deux ans et demi après la fête que nous venons de raconter, on en faisait une autre aux Lucs que la Semaine Catholique résume ainsi dans son numéro du 18 janvier 1902 :
"Le 22 décembre, une cérémonie touchante a eu lieu dans la vieille église des Lucs, à l'heure où, après mille ans d'existence, usée et hors de service, elle allait céder la place à une magnifique église neuve que l'on vient de construire. Un service solennel y a été célébré pour tous les défunts de la paroisse. C'était aussi comme le service funèbre du monument qui a vu passer sur ses dalles, dit-on, la dépouille mortelle de 80 000 personnes.
M. le chanoine Mercier, secrétaire général de l'Evêché, s'est fait, en chaire, l'interprète éloquent de cette émouvante cérémonie. Puis il a béni la nouvelle église et y a transporté solennellement le Saint- Sacrement".
Le monument construit aux Lucs par M. Liberge est fort remarquable et mérite une description particulière. Le style choisi par l'architecte est celui de l'ère romane secondaire, qui lui a permis de faire quelque chose de sévère et d'imposant, en harmonie avec la majesté de Celui que nous honorons dans nos églises.
Dès son entrée, le visiteur est frappé par la grandeur du splendide vaisseau qui apparaît devant lui. Une vaste nef découpée en quatre travées, dont la dernière est occupée à moitié par la tribune du fond, s'offre d'abord à sa vue. Elle est séparée des latérales par des colonnes de forme variée : deux d'entre elles sont de gros piliers carrés et les deux autres des monolithes en granit taillés en rond et formant un heureux contraste avec les premiers ; les piliers carrés et les monolithes alternent ensemble. Les uns et les autres supportent les arcs à plein-cintre de la grande nef et des nefs latérales, ainsi que ceux qui montent vers l'étage supérieur. Les arcs de la grande nef qui reposent sur les monolithes sont moins massifs que les autres. Les voûtes qui sont portées par quatre plein-cintres sont du genre de celles qu'on nomme domicales ou cupoliformes. Elles sont plus grandes dans la nef du milieu et plus petites dans les latérales. On leur a donné une couche de peinture d'une teinte unique, rehaussée seulement en bas d'un cordon de fleurettes.
Chaque travée des nefs latérales est éclairée par une seule fenêtre, mais à l'étage supérieur, dans la partie comprise entre les piliers carrés, les fenêtres sont espacées trois par trois, celle du milieu plus haute, et le jour qu'elles projettent dans la nef fait admirablement ressortir les beautés de l'édifice.
Dans la grande nef, sur le mur au-dessus des arcades, l'architecte a fait sculpter, entre deux cordons, une large bande de moulures nattées coupées de distance en distance par de belles têtes

d'anges (sept dans la longueur). C'est comme une riche draperie qui court au dessus des chapiteaux et donne perpétuellement au sanctuaire un air de fête, en même temps qu'elle cache et orne heureusement le plan du mur.
Plus bas, sur les chapiteaux des colonnes carrées, sont sculptées les figures symboliques des quatre évangélistes.
Le transept est éclairé par deux magnifiques verrières, où la rose, enfermée dans un quatre-feuilles, rayonne au-dessus de quatre ouvertures romanes. Tandis que dans ces dernières la lumière passe à travers un verre mat, dans la rosace, au contraire, elle emprunte aux brillantes peintures les feux les plus flamboyants.
L'abside semi-circulaire reçoit le jour par sept fenêtres romanes où les verrières représentent en haut des scènes de la vie de saint Paul et en bas des scènes de la vie de saint Pierre. La voûte sans nervures est couverte dune peinture rehaussée d'un semis de croix et bordée d'une guirlande qui festonne au-dessus du plein-cintre des fenêtres.
On va par une arcade du chœur dans les chapelles latérales où les autels sont encore à faire.
A l'extérieur, à cinquante mètres en avant de la grande porte, l'église présente un aspect vraiment monumental, avec sa façade de granit, son porche formé de deux archivoltes que surmonte un fronton avec modillons ; sa tour ajourée par une triple et une double fenêtre et si bien flanquée qu'elle ne fait qu'un avec le corps de l'édifice ; son transept dont le toit domine au loin et qui frappe surtout par sa ceinture de granit et sa corniche à corbeaux ; ses contreforts puissants engagés dans les murs et dont le sommet, émergeant au-dessus des toits, ressemble comme à une fleur aux pétales épanouis. Enfin c'est encore cet appareil de mœllons aux joints cimentés et qui ressortent tous avec leur surface plane. L'œil ne voit partout que le granit sous toutes les formes et toutes les parties sont si bien reliées ensemble qu'elles paraissent n'en former qu'une seule. C'est là comme un bloc indestructible qui bravera pendant longtemps toute la puissance des siècles.
Dans l'intérieur de cette splendide église on remarque comme ameublement un fort beau chemin de croix roman, avec cadres bronze doré et peintures sur plaques de cuivre. Il y a aussi une chaire peu commune. Elle est en pierre blanche incrustée de nombreuses mosaïques. Dans le panneau du fond, on a représenté Notre Seigneur avec le livre de l'Evangile. Plusieurs inscriptions mosaïques frappent la vue : "Venite ad me. − Ite et docete omnes gentes. − Pax vobis". Un double escalier est adapté à cette chaire.
Enfin l'ornementation intérieure s'achève par un riche autel que nous décrirons un peu plus loin. 1902. Avec sa grande et vaste église, la paroisse des Lucs pouvait avoir maintenant de grandioses
cérémonies. Son zélé pasteur voulut tout de suite les inaugurer en donnant à son peuple le bienfait d'une mission. Les exercices en furent prêchés, au mois de décembre, par trois de ces religieux que l'on s'apprêtait, au mépris de toute justice, à mettre hors la loi. C'étaient trois Prémontrés, de la maison de Nantes. Le directeur, le R. P. Alphonse, homme vraiment apostolique, assisté des PP. Adrien et Donatien, donna à la mission un élan extraordinaire. Malgré une température des plus rigoureuses, les réunions furent très suivies et, le jour de Noël, plus de 1900 personnes s'approchèrent de la table sainte.
Au cours de la mission, le 21 décembre, une croix de plus de douze mètres de haut fut érigée à la sortie du bourg, sur le bord de la route des Lucs à Rocheservière. Cette croix, en bois du Nord, avait été offerte par la famille Caillé, et le terrain sur lequel on la planta avait été donné jadis par la famille Renaudin. Un beau Christ de Bouchardon, placé sur lit d'honneur, fut porté par les hommes jusqu'au Calvaire et attaché à la croix.
Quelques jours après, les zélés missionnaires prenaient le chemin de l'exil et allaient se réfugier sur la terre plus hospitalière de la Belgique.
1903. Le 21 mai, jour de l'Ascension, bénédiction solennelle du maitre-autel dans l'église des Lucs.
Nous empruntons à la Semaine Catholique (numéro du 6 juin de cette année) les détails suivants :
"Le don du magnifique autel érigé dans l'église des Lucs a été fait par la généreuse famille Renaudin. Pendant un an, deux artistes de Nantes, M. Liberge, architecte de l'église, et M. Vallet, sculpteur bien connu, avaient donné leurs soins à ce beau travail.
Cet autel, dans toutes les parties qui le composent, est entièrement en marbre massif de diverses nuances, et contient la matière de quinze autels semblables faits de morceaux plaqués. Le recouvrement du tombeau, qui doit servir de table pour le divin sacrifice, est fait d'un seul bloc de marbre gris pesant neuf cents kilos. Tout le reste est à l'avenant.

Pour réchauffer tout ce marbre si froid par lui-même et lui donner du ton, le sculpteur a eu recours à des mosaïques composées en majeure partie de croix de formes différentes et diversement agencées qui charment les yeux sans les fatiguer.
Le tabernacle est vraiment une belle demeure pour le divin prisonnier d'amour. Avec ses deux belles colonnes qui semblent supporter tout le poids de l'édicule, avec sa porte monumentale sur laquelle est placé le Bon Pasteur, comme une sentinelle vigilante ramenant les brebis fugitives au bercail ; avec ses tourelles, ses créneaux et ses étroites fenêtres taillées dans le marbre blanc le plus pur, il vous fait rêver instinctivement aux remparts et aux fortifications de cette antique Sion, sur laquelle Jésus souvent pleura et près de laquelle une fois il mourut.
Au dessous du tabernacle, se dresse un élégant ciborium en bois, admirablement sculpté et doré. Que ne faudrait-il pas dire encore et des deux anges adorateurs et des quatre têtes d'anges qui supportent la pierre du sacrifice et de l'Ecce Homo que l'artiste a su finement buriner dans un médaillon qui orne le tombeau de l'autel ? Tout cela, par la richesse de la matière et par la vérité de l'expression, est d'une valeur inappréciable".
Le dimanche 18 octobre, on fait encore aux Lucs la bénédiction d'une croix. Cette cérémonie est rehaussée par la présence de M. le chanoine Poirier qui prononce une vibrante allocution. Cette nouvelle croix remplaçant une ancienne avait été réédifiée par les soins et aux frais des habitants du Repos et de la Petite-Roche, sur un vaste terrain donné par M. Gouraud, maire de Saint-Sulpice-le- Verdon. Détail touchant, c'était près de ce lieu que les baïonnettes des bandits de 1793 transperçaient impitoyablement les braves habitants du Repos et de la Petite-Roche, qui défendaient héroïquement leur vieille croix.
1904. − Fondation dans un vaste local d'un patronage pour les jeunes gens.
1906. − Au mois de novembre, M. Pierre Gendronneau quitte les Lucs et se retire comme prêtre habitué à Chaillé-les-Ormeaux. Il est remplacé par le curé actuel.
1906. − Maximin Boudaud, curé.
Ce dernier est né à Chambretaud en 1868. Ordonné prêtre le 17 décembre 1892, il a été successivement nommé vicaire aux Lucs dans le courant du même mois, et à la Chaize-le-Vicomte à la fin de décembre 1898 ; puis curé de Saint-Sauveur à 1'île-Dieu en février 1901 et curé des Lucs en novembre 1906.
Les derniers vicaires des Lucs depuis l'arrivée de M. Gendronneau ont été les suivants : 1890. − Jean-Baptiste Bossard, déjà vicaire sous M. Cousseau.
1891. − Georges Mocquillon, actuellement curé de Petosse. 1892. − Maximin Boudaud, curé actuel des Lucs.
1898. − Maurice Tournemire, actuellement curé de Saint-Sauveur (île-Dieu). 1899. − Joseph Merlet, vicaire actuel des Lucs.
1903. − Ernest Chaillou, actuellement vicaire de Chauché.
Prêtres originaires des Lucs
Louis Grelet, né le 10 octobre 1834, ordonné prêtre le 17 décembre 1859, nommé vicaire à Angles (1859), à Maillezais (1861), à la Châtaigneraie (1865), curé d'Avrillé 1869), chanoine honoraire, curé des Gonaïves (Antilles) et vicaire général de Port-au-Prince, décédé le 12 août 1893. Nous donnons plus loin une notice sur ce prêtre.
Constant Giraud, né le 27 mars 1847, ordonné prêtre en 1870, nommé vicaire au Bourg-sous-la- Roche en 1871 ; puis curé de Bouillé-Courdault en 1883, de la Réorthe en 1887, et de la Merlatière en 1888. Au mois d'octobre 1898, il se retira aux Lucs, comme prêtre habitué, et il y mourut le 7 janvier 1904.
Pierre Ferré, né le 11 novembre 1866, ordonné prêtre le 20 décembre 1890, et aujourd'hui curé de Longèves.
Louis Grelet, né le 2 octobre 1879, ordonné prêtre le 29 juin 1903, et aujourd'hui vicaire de Chavagnes-en-Paillers.
Jean Chabot, né le 2 février 1879, ordonné prêtre le 29 juin 1904 et aujourd'hui vicaire de Saint.
Hilaire-de-Talmont.
Léon Ducos, né le 17 février 1882, ordonné prêtre le 29 juin 1806, et aujourd'hui vicaire de Saint- Michel-Mont-Malchus.

Henri Praud, né le 29 mars 1883, et professeur à l'Institution Saint-Joseph, à Fontenay-le-Comte.
M. l'abbé Grelet, missionnaire en Haïti.
Voici sur ce prêtre, glorieux enfant des Lucs, les divers articles publiés par la Semaine Catholique
de Luçon dans ses numéros du 26 août, du 23 septembre et du 11 novembre 1893 :
"Le 27 décembre 1869, Mgr Colet confia la cure d'Avrillé à M. Grelet. Mais ce jeune prêtre se sentait appelé ailleurs par son zèle apostolique ; bientôt il demanda et obtint la faveur de prendre la route des Antilles pour aller mettre son talent, ses forces et sa piété au service des populations haïtiennes.
Ses grandes qualités ne tardèrent pas à être appréciées ; il mérita la confiance de son archevêque et de ses confrères, au point d'être nommé curé de l'importante paroisse des Gonaïves et d'être invité à prêcher la retraite ecclésiastique du diocèse.
En 1888, l'archevêque de Port-au-Prince, voyant avec tristesse les Gonaïves, où, faute de ressources, il n'était pas possible de créer l'évêché accepté en principe par le Saint-Siège et le gouvernement haïtien, souffrir de son éloignement du centre spirituel, obtint du gouvernement la faculté de pouvoir établir aux Gonaïves un vicaire général qui serait chargé d'administrer cette partie de l'archidiocèse. M. Grelet fut nommé pour ce poste éminent.
Là ne devait point s'arrêter son ascension dans la hiérarchie ecclésiastique, si Dieu avait daigné prolonger sa vie. Il était sur le point d'être promu à l'épiscopat. Mais la fin du jour était venue pour lui, et il est parti pour le ciel, emportant une riche moisson de bonnes œuvres.
M. Grelet n'avait point oublié son pays. Il aimait beaucoup la France et s'intéressait vivement aux luttes religieuses qui se livrent à l'heure actuelle dans notre pauvre pays."
Un mois plus tard, on donnait dans la Semaine les détails suivants sur la mort et les obsèques de notre compatriote :
"C'est le 12 août dernier que le P. Grelet est mort, après une maladie de trois jours, qu'il avait contractée, en revenant de Port au-Prince par une forte pluie.
Son corps a été embaumé et entouré d'honneurs. Toute la ville des Gonaïves a pris le deuil. La plus grande partie des magasins furent fermés, les pavillons de tous les consulats, des cercles et des monuments publics sont restés en berne pendant quatre jours. Le gouvernement haïtien a mis un navire de guerre à la disposition du clergé de Port-au Prince, des Frères et du public qui désiraient assister aux obsèques du regretté curé des Gonaïves.
Monseigneur l'évêque de Kingston (Jamaïque) présidait la cérémonie funèbre."
Quelques jours après, Mgr Tonti, archevêque, administrateur apostolique des églises de Port-au- Prince et des Gonaïves, écrivait à tous ses curés la lettre suivante insérée dans le Bulletin religieux d'Haïti :
"Monsieur le Curé et Bien-aimé Fils,
Quelle douloureuse nouvelle vient d'éclater, comme un coup de foudre, à Nos oreilles et plonger Notre âme en deuil.
Un prêtre éminent entre tous, investi de la confiance de nos illustres prédécesseurs et de la Nôtre,
M. l'abbé Grelet, chanoine honoraire, vicaire général et curé des Gonaïves, vient de nous être enlevé presque subitement par la mort, le 12 de ce mois.
Elevons nos âmes, Bien-aimé Fils. à la hauteur du sacrifice que Dieu nous demande : Seigneur que votre volonté soit faite !
Pierre-Louis Grelet était né aux Lucs, canton du Poiré-sur-Vie, le 10 octobre 1836. C'est au sein de cette héroïque Vendée, pays de foi par excellence, dans une famille profondément chrétienne, que le jeune Grelet puisa cette franche piété et cet ardent amour de la sainte Eglise, qui brillèrent en lui d'un si vif éclat jusqu'à la fin de sa vie.
Après de brillantes études au Petit Séminaire des Sables et au Grand Séminaire de Luçon, il fut ordonné prêtre par Mgr Delamare, le 19 décembre 1856. Pendant les dix-huit années qu'il exerça le saint ministère, soit comme vicaire, soit comme curé, son zèle intelligent et sa charité pour tous lui méritèrent constamment les éloges de ses Supérieurs, l'estime et l'affection de ses confrères et du troupeau confié à ses soins.
Cependant il fallait un champ plus vaste à l'ardeur de cette âme dévorée par la soif du salut de ses frères. C'est en 1875 que M. l'abbé Grelet conçut le dessein de venir en Haïti. Mgr Guilloux, de sainte et vénérée mémoire, parcourait alors la France, enrôlant des ouvriers pour travailler à la vigne du

Seigneur, dans son immense diocèse.
Malgré un embonpoint énorme, qui pouvait faire craindre même pour sa vie, s'il venait sous les tropiques, M. l'abbé Grelet n'hésita point à solliciter le périlleux honneur d'être inscrit au nombre des nouveaux ouvriers de l'archevêque missionnaire.
Mgr Guilloux devina sur le champ ce grand cœur et agréa sa demande. Mais Monseigneur de Luçon, calculant la perte qu'allait faire son diocèse, ne lui accorda l'autorisation de partir qu'après deux longues années de respectueuses instances.
Arrivé à Port-au-Prince le 13 novembre 1877, il alla fonder la paroisse d'Ennery dont il fut le premier curé. − Le 21 janvier 1878, il fut nommé à la cure de l'importante paroisse de Léogane, qui garde toujours et qui gardera longtemps le souvenir de son zèle et de son dévouement. − Le 25 août 1879, il devint curé de la cathédrale des Gonaïves.
C'est là que Notre cher vicaire général s'est montré l'homme de Dieu, en faisant éclater les dons de la nature et de la grâce dont il était rempli. Qui dira son amour pour le Souverain Pontife, dont il ne pouvait prononcer le nom, ainsi qu'il le disait lui-même, sans être ému jusqu'au fond des entrailles ?
Qui dira son amour pour son Archevêque, dont les moindres désirs étaient pour lui des ordres absolus ? Avec quelle joie il venait chaque année assister à la retraite ecclésiastique ? En 1884, il fut lui-même chargé de prêcher cette retraite à ses confrères ; et à cette occasion, Mgr Guilloux le nomma chanoine honoraire de la cathédrale. "Monseigneur, dit le P. Grelet, en recevant "de la main de Sa Grandeur la mosette qu'il était si digne de porter, noblesse oblige : "Je jure de rester fidèle à mon Archevêque et de demeurer à mon poste jusqu'à la mort." Jamais parole ne fut mieux gardée.
Qui dira son amour pour ses paroissiens, qu'il nourrissait sans cesse de ses conseils et d'une éloquence simple et persuasive, tout entière puisée dans les saints Pères qu'il connaissait à fond ?
Ami de son peuple, il savait également faire jouir des belles qualités de son cœur ses frères dans le sacerdoce : Fratrum amator et populi sui Israel. Vous surtout, chers fils de l'Artibonite, vous n'oublierez jamais ces visites qu'il vous faisait toujours avec tant de bonheur et qui avaient pour vous tant de charmes. Ah ! c'est parce qu'elles étaient marquées au coin de la plus franche amitié fraternelle !
Dès Notre arrivée dans ce pays, ce prêtre à l'âme loyale Nous donna toute sa sympathie et toute son affection, et déjà Nous comptions sur ses sages conseils qui nous eussent été d'un puissant secours dans l'accomplissement de notre charge pastorale. La divine Providence en a décidé autrement.
Depuis quelques jours, M. l'abbé Grelet était de retour de Port-au-Prince, où il avait assisté à la cérémonie de Notre Prise de Possession et à celle de la consecration de Mgr de Cayes, lorsque, le 9 courant, il fut pris d'une fièvre violente, occasionnée par une congestion pulmonaire.
Malgré tous les soins que peuvent suggérer l'art et l'amitié, la maladie fit de si rapides progrès que, dès le surlendemain, il n'y avait plus d'espoir. Le samedi, à trois heures du soir, l'agonie commença. Prévenu par télégramme, Nous lui envoyâmes Notre meilleure bénédiction. A six heures, après avoir reçu le sacrement de l'Extrême-Onction des mains de M. l'abbé Laurent, son vicaire, en pleine connaissance et dans les sentiments les plus admirables de la piété sacerdotale, il rendit sa belle âme à Dieu.
Cette mort inattendue souleva une explosion de douleur dans la ville des Gonaïves et jusqu'à Port- au-Prince. Son Excellence le Président de la République mit gracieusement un navire de l'Etat à la disposition des prêtres de la capitale qui désiraient assister aux funérailles fixées au mercredi, 16 août. Nous-même, Nous envoyâmes, pour nous représenter à cette cérémonie, Notre secrétaire général. Malgré la solennité de l'Assomption, le R. P. supérieur de Notre Petit Séminaire et plusieurs autres prêtres s'empressèrent d'aller rendre les derniers devoirs à Notre cher défunt.
Aux funérailles, tout a été grand et digne. Le Père Grelet était l'homme des petits et des grands ; les grands et les petits entouraient son cercueil avec une visible émotion : Les autorités civiles et militaires, ayant à leur tête le général Jean Jumeau, délégué extraordinaire du Gouvernement dans l'Artibonite, étaient présentes au grand complet. La cathédrale s'est trouvée trop étroite pour contenir toute la population des Gonaïves, qui, une dernière fois, voulait voir son Père. Mgr Cordon, vicaire apostolique de la Jamaïque, allant de Port-au-Prince à Kingston, se trouvait alors en rade des Gonaïves, et Nous remercions la divine Providence qui semble avoir dirigé ses pas expressément pour présider cette touchante solennité et faire l'absoute. Dix prêtres, pleurant celui qu'ils appelaient leur bon Père, entouraient le vénérable Prélat.
Les prières de l'Eglise étant terminées, le corps fut descendu dans son caveau pendant que les

sanglots et les gémissements, arrachés à la piété filiale, éclataient de toutes parts.
Et maintenant, M. l'abbé Grelet repose là, dans son église, au pied de cet autel de Notre-Dame du Perpétuel Secours, pour lequel il avait une prédilection marquée.
Chers fidèles des Gonaïves, vous irez souvent sur le bord de cette tombe et vous prierez pour votre bon Pasteur. Vous vous souviendrez de ce qu'il a fait pour vous : il vous a laissé une église restaurée par ses soins ; un magnifique presbytère construit à ses frais ; et par dessus tout il a aimé vos âmes et il s'est sacrifié pour elles jusqu'à la mort.
Pour vous, bien cher fils, vous voudrez bien recommander aux prières de vos paroissiens Notre regretté vicaire général et célébrer à son intention un service auquel vous les inviterez.
A la même intention, le service solennel de trentième jour sera célébré dans Notre église cathédrale et Nous en ferons l'absoute.
Sera notre présente lettre lue au prône de la messe dans toutes les églises de cet archidiocèse, et dans toutes les chapelles ayant chapelain, le dimanche qui en suivra la réception.
Recevez, cher Monsieur le Curé et bien-aimé. Fils, l'assurance de Nos sentiments affectueux en Notre Seigneur.
Port-au-Prince, le 20 août 1893.
† JULES, archevêque-administrateur, Par Mandement de Monseigneur :
J. POUPLARD, secrétaire général."
Terminons ces notes sur le vénérable M. Grelet par ces derniers détails sur sa mort, extraits du Bien Public d'Haïti :
"Je lui demandai (écrit le P. Laurent) s'il voulait recevoir le Sacrement d'Extrême-Onction ? − Oui, me dit-il.
Après avoir reçu ce sacrement avec une parfaite connaissance, le Père Grelet se mit à chanter quelques Psaumes : entre autres le Domini est terra ; il ne cessait de répéter ce verset : Attollite portas, principes, vestras.
Il chanta le Miserere, le De Profundis d'une voix forte et intelligible, répétant après chaque verset le Gloria Patri. Il s'endormit dans la paix du Seigneur en prononçant les deux noms de Jésus et de Marie".
Belle mort vraiment digne d'un apôtre !
Un aérolithe et un procès
Le 3 novembre 1841, un aérolithe tombait dans un champ de la commune des Lucs, appartenant à un sieur Vollard. Ce phénomène donna lieu à un procès assez curieux qui alla se dérouler jusque par devant le tribunal civil de Bourbon-Vendée.
Un passant dont le nom n'est pas cité ramassa cette pierre étrange et la vendit à un amateur du nom de Mercier. Aussitôt Vollard prétendit qu'on le lésait et que l'aérolithe lui appartenait parce qu'il était tombé dans son champ. Mercier au contraire soutint que la pierre, avant sa chûte n'étant la possession de personne, elle devait lui appartenir par la raison de premier occupant.
Le cas était embarrassant et, vu sa rareté, n'avait point été prévu par le Code. Les débats furent laborieux et la question des objets trouvés fut examinée sous toutes ses formes.
Enfin le tribunal, après un long examen, rendit un non moins long jugement, où les plaideurs en avaient, comme on dit, pour leur argent. S'appuyant sur seize considérants dont quelques-uns étaient ingénieusement trouvés, les juges déboutèrent Vollard de sa demande.
On peut voir, dans la Statistique de Cavoleau (p. 380), la reproduction de ce jugement.

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