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Histoire et Patrimoine des Lucs sur Boulogne
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21 mars 2022

Un poilu décédé en 1914, retrouvé 90 ans plus tard !

     Le 22 juillet 2004, lors du déblaiement d’un terrain pour la construction d’une maison individuelle à Beaumetz-les-Loges dans le Nord-Pas-de-Calais, le godet de la pelleteuse met au jour la tombe de trois soldats français appartenant tous au 83e Régiment territorial d’infanterie de la Roche-sur-Yon (selon des témoignages écrits). Et les plaques d’identification en aluminium que les soldats portaient autour du cou et du poignet, le prouvent. Elles indiquent le nom du soldat, sa classe (l’année du 20e anniversaire) et son régiment.

 Seules, deux plaques sont retrouvées : celle du soldat Henri Baptiste Remaud, né le 6 février 1879 à St Etienne-du-Bois et résidant aux Lucs, et du soldat Léon Boisson, né le 27 juin 1877 à Jard-sur-Mer. Le troisième poilu serait Pierre Pajot né le 23 septembre 1873 à Soullans.

tranchée 1                                                                            

                                                                                        Deux trous, ce qui reste de la tranchée tranchée 2

Mr Hemery, le propriétaire arrête les travaux et prévient la gendarmerie. Différents objets sont retrouvés autour des restes épars:des fusils, dont deux désarmés, un avec la baïonnette au canon (pas en position d’attaque), des balles, des ustensiles de cuisine, des gamelles, des bouteilles vides et d’autres pleines, un porte-monnaie avec quelques pièces belges. A côté des corps, Mr Hemery découvre aussi un obus intact et les fragments d’un autre (voir le récit des évènements ci-dessous)…

Le régiment en question était une ambulance (poste de secours 11-18), c’est-à-dire un hôpital de campagne mobile. L’épouse du soldat Pierre Pajot de Soullans avait reçu en 1919 le témoignage d’un militaire qui avait assisté à la mort de son mari :

« Ce dimanche 11 octobre 1914, à 17 heures, les soldats étaient en repos en bordure d’une tranchée à Beaumetz-les-Loges lorsqu’un gros obus est tombé près d’eux, sans les atteindre, formant un cratère dans lequel ils se sont réfugiés. Ils ont pris peur et sont descendus dans leur tranchée. C’est alors qu’un autre gros obus est tombé sur eux, les a tués et ensevelis. »                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               

Ils sont restés comme cela pendant 90 ans !                                                                    

henri remaud 1  

         Une fois les corps identifiés grâce aux plaques et aux carnets de route des soldats de l’époque, les recherches ont débuté en Vendée pour retrouver les descendants de ces soldats. Recherches difficiles et passionnantes qui aboutirent quelques jours avant la cérémonie officielle de sépulture.

  HENRI REMAUD,sa vie… Henri Remaud est né à St Etienne-du-Bois le 6 février 1879. Il est le fils de Baptiste Remaud et de Joséphine Payraudeau. Il a un frère aîné, Clément, qui est né un an auparavant. Son père est cultivateur ; sa mère décède quand il a huit ans. Il exerce la profession de sabotier à St Etienne-du-Bois. Il se marie à l’âge de 26 ans avec Célina Renaud, âgée de 20 ans et agricultrice dans la même commune, le 4 septembre 1905. Après leur mariage, ils viennent s’installer dans le village de la Jarrie, au nord de la commune des Lucs-sur-Boulogne.

Ils ont un fils : Georges, né le 28 novembre 1907 aux Lucs. Henri est mobilisé dès le mois d’août 1914 et rejoint son régiment d’affectation à la Roche-sur-Yon : le 83e RTI ( Régiment Territorial d’Infanterie ). Sa famille apprend son décès en octobre 1914.

Son épouse Célina vit longtemps aux Lucs ; elle s’installe dans le bourg. Leur fils est ordonné prêtre le 29 juin 1933 et est nommé vicaire à Mouilleron-en-Pareds puis à Commequiers.

Georges le fils de Henri

 Il devient curé du Givre en 1943 et curé des Châtelliers-Châteaumur en 1951. Il se retire à Pouzauges en 1983 et y décède en 1984. Sa mère décède au foyer-logement de Mortagne-sur-Sêvre en 1979 et repose avec son fils dans le cimetière des Châtelliers-Châteaumur.

Mardi 28 septembre 2004, les trois soldats vendéens tués le dimanche 11 octobre 1914 à Beaumetz-les-Loges sont inhumés à l’ossuaire national de Notre Dame de Lorette à Ablain-Saint-Nazaire dans le Pas-de-Calais. 90 ans après, une émouvante cérémonie a lieu en présence de leurs descendants. La nièce d’Henri Remaud, Mme Marcelle Lubert, 87 ans, est présente avec ses enfants. Ceux-ci ont amené le drapeau 1914-1918 des Chatelliers-Châteaumur en mémoire de l’épouse d’Henri et de son fils qui fut curé de cette commune pendant 30 ans.

Henri remaud sépulture Les ossements des trois poilus sont placés dans un cercueil commun. Des dépôts de gerbes sont effectuées par les familles, des représentants des anciens combattants, les municipalités, des représentants du Ministère de la Défense et la garde d’Honneur de l’ossuaire de Notre Dame de Lorette. La commune des Lucs est représentée par une délégation d’anciens combattants et de membres de l’association Lucus. On remet solennellement à Mme Lubert, la plaque militaire de son oncle.

 La sépulture à Notre Dame de Lorette le 28 septembre 2004

 

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