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Histoire et Patrimoine des Lucs sur Boulogne
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12 mars 2022

Les tailleurs de pierre

      Les Lucs-sur-Boulogne et le travail de la pierre 

tailleurs de pierre

                                                                 Le rond-point route de Nantes   

 

    Une activité importante  Avec l’agriculture, l’activité principale de la commune a longtemps été l’extraction et la taille de la pierre. Entre 1820 et 1850, une douzaine de carrières à ciel ouvert produit plus de 1 000 m³ de granit par an : « Ces carrières sont très importantes et ne fournissent que de la pierre de taille » (juillet 1847). Cette activité emploie plus de 60 ouvriers travaillant chez 6 exploitants.  Le 22 novembre 1903, le Conseil Municipal « considérant que les travaux de la construction du clocher et de la flèche de l’église des Lucs sont interrompus depuis environ 16 mois, considérant que les tailleurs de pierre n’ont actuellement aucun travail, émet le vœu que la construction soit reprise sans délai pour donner des travaux à la population ouvrière des Lucs » (la flèche ne sera jamais construite).

     En 1820, les exploitants s’appellent Blais Frères, Berriau Constant, Grelet Noël, Airiau, Chaigneau, Hubin, Martin. Pierre Blays, né en 1765, tailleur de pierre, est élu maire des Lucs le 18 avril 1816 comme Eugène Rocher,  élu maire le 12 février 1876.

     L’annuaire de la Vendée de 1890-1891 indique les noms de Beauvineau, Blay, Favreau, Grelet, Landais. Trois grandes familles vont par la suite exploiter les carrières : les Blais, Grelet et Giraud. Puis vers 1950, la famille Charrier qui exploite une carrière à Chavagnes-en-Paillers. Désormais les carrières de granit des Lucs n’existent plus ; seuls les tailleurs de pierre continuent leur métier en faisant venir de la pierre, essentiellement de Bretagne.

     Carrier et tailleur, des métiers différents  Le carrier a pour tâche essentielle d’extraire la pierre.  Le tailleur se charge ensuite de préparer le bloc pour qu’il puisse être livré. Il réalise des éléments architecturaux constitués d’un ensemble de pierres taillées : murs, arcs, voûtes, piliers, colonnes…

     Le matériau   Le granit lucquois  a une excellente réputation : sa qualité de dureté et son degré de conservation ainsi que le savoir-faire des tailleurs de pierre en font sa renommée. Il sert à la construction de bâtiments, mais aussi comme matière première pour la réalisationde statues, monuments… Les parties les moins nobles peuvent être transformées en gravier. Le granit des Lucs est utilisé dans toute la Vendée, mais aussi en Loire Atlantique. Localement, cette pierre est utilisée pour la construction de l’église et les habitations du bourg :  les coins de rue avec leur pan coupé, la mettent en valeur.

       La vie des carriers  Le métier est particulièrement pénible. Les carriers arrachent de la pierre du matin au soir (12 heures de travail), six jours sur sept et toute l’année, par tous les temps, grands froids ou grosses chaleurs. Les accidents ne sont pas rares, parfois meurtriers en cas d’éboulement ou de chute. Par groupe de six hommes environ, il faut deux à trois jours pour sortir un bloc de 3 tonnes soit un peu plus de 1 m³.

     Les carriers s’exposent également à des maladies en lien avec leur condition de travail : l’air des carrières est humide, il fait froid et il est difficile de respirer. La poussière peut aussi, en s’insinuant dans les bronches, provoquer des toux, voire des ulcérations. La tuberculose touche un grand nombre de travailleurs, en majorité avant quarante ans.  Les maladies peuvent également toucher les yeux, par des inflammations du globe oculaire.

      La « beuque », emblème de la commune   Pour extraire les blocs de granit mais aussi les blocs de schistes faciles à fendre et utilisés pour la construction des murs de bâtiments, les carriers et tailleurs de pierre utilisent une chèvre, appareil de levage formé de trois montants en bois disposés en trépied. Au sommet, une poulie sur laquelle passe une chaîne, permet de soulever de fortes charges. La chaîne est mue par un treuil.

     L’outil est très répandu et émerge au sommet des carrières. Les nombreux voyageurs traversant la commune bourg questionnaient les gens du pays. La réponse était : « O lé une beuque ! » (« c’est une chèvre ! »).  En patois, le mot « chèvre » se dit « beuque ». Le surnom de « beuquot » (peut s’écrire « beucquot » ou « becot ») est donné aux nombreux ouvriers des carrières puis par extension aux habitants des Lucs.                                   

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